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Jean-Louis Roqueplan : comédien, metteur en scène, écrivain, directeur artistique en évènementiel

Maud Gibert 24 décembre 2020
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Jean-Louis Roqueplan

Jean-Louis Roqueplan fait partie de ces hommes de théâtre “touche à tout” : comédien aux multiples facettes (dramaturgie, comédie, mimes, pantomimes, masques, clowns, comedia dell’arte…), mais aussi metteur en scène, écrivain et directeur artistique en évènementiel.

Il est à l’origine de nombreux projets à travers l’Europe pour promouvoir le théâtre, avec une spécificité pour les zones rurales. Dans cet extrait d’interview, nous mettrons en valeur son parcours et deux projets qu’il a mené pour le Puy-en-Velay : Les Fêtes du Roi de l’Oiseau et Le Carnaval.

Son parcours professionnel

Né en 1950, au Puy-en-Velay, il grandi dans un milieu ouvrier. Après l’obtention de son certificat d’études, il part à Caen où il travaille et assiste à certains cours de fac en auditeur libre (histoire de l’art, mise en scène, linguistique…). C’est là-bas qu’il fait son premier stage de théâtre. Le professeur du stage, l’incite alors à s’inscrire à l’école Jacques Lecok. C’était un apprentissage très dur, où chaque semestre un tiers abandonnait. Cette école est réputée pour ses cours sur les différents arts du spectacle, ainsi que la technique du geste, la danse, l’acrobatie… Durant cette période, il dort entre la gare Montparnasse et les maisons des richissimes de Neuilly, de ses amis comédiens. À la fin de sa formation, il intègre une troupe à Champigny-sur-Marne, avec d’autres amis de l’école. C’est d’ailleurs avec l’un d’entre eux, qu’il va plusieurs années après, tourner dans toute l’Europe avec leur spectacle Bon voyage Mr Quichotte, monté en Allemagne.

De là, s’enchaîne avec cet ami et tant d’autres, une ribambelle de projets, de pièces qu’il a lui-même écrites, montées, jouées. Ensuite, il repart à Paris où il a un contrat dans un petit théâtre, c’est ici qu’il connait un véritable essor lorsque Le Monde réalise un article élogieux sur leur représentation. Un tourneur nommé André Gintzburger les envoie participer au Festival international à Cardiff, puis en tourner dans toute l’Europe. S’en suit un voyage en Afrique, où il donnait des stages de théâtre au Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Madagascar… Tout le long de sa vie, il retourne dans sa ville natale pour certains de ses projets, jusqu’à s’y installer pour de bon quelques années de cela.

Le Carnaval du Puy-en-Velay

Contacté par la ville de Belfort, il se voit confier le développement d’un carnaval théâtralisé avec des jeunes sortis de prison. “Ce ne fût pas facile, facile… Souvent, ils clopaient à côté de nous, en nous regardant bosser”, nous raconte-t-il. Après quelques éditions, un ami politicien, le motive pour développer ce même concept pour la ville d’Espaly, mais cette fois pour les plus jeunes. Le Carnaval s’étalait sur l’année entière. Un mythe était raconté et une chasse au monstre était déclaré. Rapidement, c’est un franc succès. À la suite de la première édition, Le Carnaval s’agrandit sur toute l’agglomération du Puy-en-Velay. Tous les trois mois, il venait avec sa troupe faire de petits spectacles dans les écoles (empreintes de monstre). Entre chaque représentation, les professeurs faisaient des ateliers et des indices étaient semés dans leur école. Une année, l’organisation a même monté un mini-musée fictif dans le théâtre du Puy-en-Velay. Lorsque les écoles venaient le visiter, une épée mythique venait d’être dérobée. À la fin de l’année, une grande chasse au monstre était organisée pour réunir tout le monde, avec des chansons, des représentations des compagnies professionnelles, des artistes de cirque en échasses… L’énorme feu d’artifice à la toute fin représenté la victoire et la mort du monstre.

Il explique s’être inspiré des expériences de l’homme de théâtre, Dario Fo, avec son principe de “Héros collectif”.

Les Fêtes du Roi de l’Oiseau, son ascension et prospérité, les enjeux pour la ville et les professionnels.

En fouillant dans les archives de la ville, des amis ressortent une ancienne tradition. Chaque année un concours de tir à l’arc permettait de nominer un “Roi de l’oiseau”. Celui-ci était exonéré d’impôts durant toute une année. La fête était donc très courue, beaucoup venait s’y essayer. Jean-Louis Roqueplan et ses amis décident donc de refaire vivre cet évènement, en replongeant toute la vieille ville du Puy-en-Velay à l’époque Renaissance. Pendant une semaine, de grandes tentures pendent depuis les fenêtres, des animaux de cours envahissent les rues, des bottes de paille recouvrent les pavés et des camps en tout genre s’installent sur les nombreuses places. Mais c’est avant tout une semaine de représentation artistique : de multiples spectacles, qu’il écrivait lui et d’autres écrivains locaux (Christophe Huet, entre autres), y sont joués, des troupes de musiciens font retentir la musique renaissance avec leur graille, cornemuse, tambour, lute… À ses tout débuts, la ville était fermée, le costume était obligatoire et l’on ne pouvait payer qu’avec une monnaie exceptionnellement frappée par la Banque de France.

@roqueplan

Depuis plusieurs années, Jean-Louis Roqueplan a un rôle de conseiller/directeur dans l’association des Fêtes du Roi de l’Oiseau.

Aujourd’hui, c’est un budget d’un million d’euros grâce à l’État, la région, l’agglomération, la ville. Une retombée directe pour les locaux de cinq millions a été calculée ces dernières années. Ce qui fait de cette fête, la seconde plus grosse fête médiévale d’Europe. La restauration, l’hôtellerie et les professionnels du spectacle dépendent vraiment de cet évènement ! Les aléas du temps : les nouvelles réglementations, les problèmes budgétaires et l’enjeu politique et économique, ont petit à petit transformé cette fête. De nombreuses tensions dans l’association ont émergé de ces nouveaux dilemmes, poussant par exemple Marc Jamon (ancien directeur) à se retirer il y a quelques années. Pour raconter l’ampleur de cette fête sur la vie des Ponots, Jean-louis Roqueplan explique : “Avant on remplissait des églises (aussi par obligation sociale) maintenant ce sont des stades, des concerts, des fêtes comme celles du Roi de l’Oiseau qui accueille 120 000 spectateurs (c’est près de 7 fois la population du Puy-en-Velay). Les soirs du Roi de l’Oiseau, la télé tourne, et pourtant tout le monde vient, serré dans les rues, sans rien voir des concerts, des spectacles tellement il y a de monde. Le théâtre on le fait pour que les gens aient du plaisir à se retrouver.”

@roqueplan

Quelles conséquences de la crise sanitaire pour les Fêtes du Roi de l’Oiseau ? Quel avenir pour celles-ci ?

Jean-Louis Roqueplan, rescapé de la Covid-19, parle de “privation d’humanité pendant le confinement”. De ce fait, l’association a insisté pour maintenir cette fête, qui est vraiment encrée dans le mode de vie des habitants. Une rentrée sans Fêtes du Roi de l’Oiseau, cela sonnerait comme si l’année n’avait pas vraiment commencé. Pour l’édition de septembre 2020, la programmation n’a était maintenue qu’à un tiers pour permettre le respect des normes d’hygiène. Les hôtels et restaurants ne sont pas contents d’une telle décision car ils attendaient vraiment cette fête pour sauver un peu leur année ; pareil pour les politiciens. Le préfet n’a autorisé qu’un maximum de 4 500 personnes dans la zone définie (place du Breuil et Jardin Henri Vinay). Pour éviter un afflux trop important l’association à fait le choix de ne pas faire autant de publicité que les années précédentes.


Maud Gibert

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