La Ronde des chromosomes au Vieux Colombier
La Ronde De Arthur Schnitzler Mise en scène de Anne Kessler Avec Sylvia Bergé, Françoise Gillard, Laurent Stocker, Julie Sicard, Hervé Pierre, Nâzim Boudjenah, Benjamin Lavernhe, Noam Morgensztern, Anna Cervinka, Pauline Clément et Louis Arene Jusqu’au 8 janvier 2017 Tarifs : de 12 à 32 euros Réservation en ligne ou par tél. au 01 44 58 15 15 Durée : 2h20 Vieux Colombier |
![]() La comédienne Anne Kessler et le traducteur-scénographe Guy Zilberstein adaptent pour la Comédie Française « La Ronde » de Schnitzler, une suite de dix scènes de rencontres amoureuses qui firent scandale en 1903 à Vienne. En rajoutant au texte un narrateur en quête de parents à Berlin dans les années 60, les adaptateurs modifient la perspective de la pièce en la chargeant d’un signifiant psychanalytique. Du coup, malgré le talent des comédiens, cette ronde perd du mystère et de la légèreté que la pièce recèle avec ses personnages anonymes. ![]() « Liebesreigen », « une ronde d’amour », c’est ainsi que s’appelait initialement la pièce de l’Autrichien Arthur Schnitzler, médecin et écrivain viennois, que Sigmund Freud considérait comme son double et à qui il vouait une grande admiration. Tous deux ont disséqué l’âme humaine en ce début de 20° siècle et dans une capitale déjà gangrénée par un antisémitisme nauséabond qui fera de Schnitzler un « pornographe juif ». Dix scènes, dix rencontres font se heurter les désirs des hommes et des femmes, entre une prostituée et un soldat, une femme mariée avec un jeune monsieur, ou avec son mari, un auteur avec une comédienne, en reprenant à chaque fois l’un des partenaires face à un nouveau personnage. La prostituée débute et clôt cette ronde, en passant d’un soldat à un comte, comme si le désir amoureux ne connaissait aucune frontière sociale ou morale. Reprenant ces dix rencontres avec des archétypes de la société de l’époque, Guy Zilberstein imagine un narrateur, plasticien, en quête de ses origines parentales à Berlin en pleine guerre froide, dans les années 60. Lunettes noires et costume clair, Louis Arène (le plasticien) prend à parti le public pour introduire les personnages et commenter les intermèdes entre chaque scène, mi témoin, mi détective, en quête d’indices qui lui permettraient de reconstituer sa propre histoire. Les références à l’époque sont appuyées -Kennedy, Jean Genet, mais aussi Charles Baudelaire ou Sigmund Freud. Il nous invite à une expérience, celle de projeter ses propres fantasmes sur des personnages dont le désir amoureux dépasse tous les clichés.
C’est un plateau tournant, à la géométrie industrielle, qui nous permet de voir vivre ces corps désirants et souvent coquins. Dans des subtils costumes dessinés par Anne Kessler, Sylvia Bergé fait sensation dans le rôle de la comédienne égocentrique, Hervé Pierre excelle dans le rôle de l’écrivain narcissique et grivois, tandis que Julie Sicard est une piquante et sexy Grisette. Laurent Stocker (Le Comte), Françoise Gillard (la femme mariée), Nâzim Boudjenah (le Mari), Noam Morgensztern (le Soldat), Anna Cervinka (la jeune fille) et Pauline Clément (la prostituée) complètent cette galerie de personnages issus d’une mythologie urbaine où la libération des moeurs s’accompagnait souvent de la syphilis. Dans le spectacle, le narrateur conclut cette ronde avec l’évocation de ses « chromosomes énigmatiques » qui mêlent bizarrement la génétique à la dramaturgie. Hélène Kuttner [Crédits Photo 1 : © Brigitte Enguérand] |
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