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La Ronde des chromosomes au Vieux Colombier

4 décembre 2016
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La Ronde c Brigitte Enguérand coll.CF 104

La Ronde

De Arthur Schnitzler

Mise en scène de Anne Kessler

Avec Sylvia Bergé, Françoise Gillard, Laurent Stocker, Julie Sicard, Hervé Pierre, Nâzim Boudjenah, Benjamin Lavernhe, Noam Morgensztern, Anna Cervinka, Pauline Clément et Louis Arene

Jusqu’au 8 janvier 2017
Du mercredi au samedi à 20h30, 19h le mardi, 15h dimanche

Tarifs : de 12 à 32 euros

Réservation en ligne ou par tél. au 01 44 58 15 15

Durée : 2h20

Vieux Colombier 
21 rue du Vieux Colombier
75006 Paris
M° Saint-Sulpice

www.comedie-française.fr

La Ronde c Brigitte Enguérand coll.CF 104 copieJusqu’au 8 janvier 2017

La comédienne Anne Kessler et le traducteur-scénographe Guy Zilberstein adaptent pour la Comédie Française « La Ronde » de Schnitzler, une suite de dix scènes de rencontres amoureuses qui firent scandale en 1903 à Vienne. En rajoutant au texte un narrateur en quête de parents à Berlin dans les années 60, les adaptateurs modifient la perspective de la pièce en la chargeant d’un signifiant psychanalytique. Du coup, malgré le talent des comédiens, cette ronde perd du mystère et de la légèreté que la pièce recèle avec ses personnages anonymes.

La Ronde c Brigitte Enguérand coll.CF 097Ronde du désir

« Liebesreigen », « une ronde d’amour », c’est ainsi que s’appelait initialement la pièce de l’Autrichien Arthur Schnitzler, médecin et écrivain viennois, que Sigmund Freud considérait comme son double et à qui il vouait une grande admiration. Tous deux ont disséqué l’âme humaine en ce début de 20° siècle et dans une capitale déjà gangrénée par un antisémitisme nauséabond qui fera de Schnitzler un « pornographe juif ». Dix scènes, dix rencontres font se heurter les désirs des hommes et des femmes, entre une prostituée et un soldat, une femme mariée avec un jeune monsieur, ou avec son mari, un auteur avec une comédienne, en reprenant à chaque fois l’un des partenaires face à un nouveau personnage. La prostituée débute et clôt cette ronde, en passant d’un soldat à un comte, comme si le désir amoureux ne connaissait aucune frontière sociale ou morale.

La Ronde c Brigitte Enguérand coll.CF 082Un questionnement de nos origines

Reprenant ces dix rencontres avec des archétypes de la société de l’époque, Guy Zilberstein imagine un narrateur, plasticien, en quête de ses origines parentales à Berlin en pleine guerre froide, dans les années 60. Lunettes noires et costume clair, Louis Arène (le plasticien) prend à parti le public pour introduire les personnages et commenter les intermèdes entre chaque scène, mi témoin, mi détective, en quête d’indices qui lui permettraient de reconstituer sa propre histoire. Les références à l’époque sont appuyées -Kennedy, Jean Genet, mais aussi Charles Baudelaire ou Sigmund Freud. Il nous invite à une expérience, celle de projeter ses propres fantasmes sur des personnages dont le désir amoureux dépasse tous les clichés. 

La Ronde c Brigitte Enguérand coll.CF 125Scénographie radicale

C’est un plateau tournant, à la géométrie industrielle, qui nous permet de voir vivre ces corps désirants et souvent coquins. Dans des subtils costumes dessinés par Anne Kessler, Sylvia Bergé fait sensation dans le rôle de la comédienne égocentrique, Hervé Pierre excelle dans le rôle de l’écrivain narcissique et grivois, tandis que Julie Sicard est une piquante et sexy Grisette. Laurent Stocker (Le Comte), Françoise Gillard (la femme mariée), Nâzim Boudjenah (le Mari), Noam Morgensztern (le Soldat), Anna Cervinka (la jeune fille) et Pauline Clément (la prostituée) complètent cette galerie de personnages issus d’une mythologie urbaine où la libération des moeurs s’accompagnait souvent de la syphilis. Dans le spectacle, le narrateur conclut cette ronde avec l’évocation de ses « chromosomes énigmatiques » qui mêlent bizarrement la génétique à la dramaturgie. 

Hélène Kuttner

[Crédits Photo 1 : © Brigitte Enguérand]

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