La véritable histoire de Maria Callas – Théâtre Déjazet
Obèse à l’enfance, celle qui deviendra l’icône absolue de l’art lyrique, n’a rien pour elle à l’exception de sa voix. Sa mère espère en tirer un profit sûr. Devenue une star internationale filiforme, elle se vengera de sa génitrice lorsqu’elle fréquentera en plus des plus belles salles d’opéra, les plus grands de ce monde.
Le final en tragédie grecque de ce spectacle aurait pu être apothéotique si ce qui précédait ne s’était pas avili dans tant de bassesse. Car de la biographie exceptionnelle de la diva du bel canto n’auront été retenus que des faits tout juste bons à alimenter des tabloïds pour lecteurs/voyeurs patentés. Même si tout peut mériter d’être dit, faire à ce point étalage de détails aussi primordiaux que les nauséabonds effluves dégagés par Onassis dès qu’il se déchausse ne rehaussent guère le propos vers les sommets atteints à force de travail et de persévérance par la diva. Humaniser les artistes n’a finalement pas que du bon surtout quand on se contente d’enfiler des banalités de cet acabit. Jamais une réflexion sur ce sacerdoce ne sera même amorcée. L’art à ce point rabaissé laisse songeur quant aux artistes qui sont prêts à défendre un machin pareil.
Pourtant, un bon metteur en scène et d’excellents comédiens s’y sont collés. Ils réussissent globalement à mener dignement le peu qu’on leur donne à défendre. Qu’il s’agisse des intermèdes dansés pour effectuer les changements de décor ou de l’ingénieuse idée de maintenir sur scène les deux Callas pour symboliser l’interaction entre l’enfance et l’âge adulte, la mise en scène ne manque pas de panache. Les comédiens qui constituent cette prestigieuse affiche s’en tirent avec les honneurs, d’Andréa Férréol excellente en mère vipérine à Lola Dewaere (Callas jeune), Pierre Santini (égal à soi-même en Aristote Onassis) ou encore Sophie Carrier très convaincante dans le rôle titre à l’âge adulte. Dommage que tout ce beau monde n’ait pas eu à défendre quelque chose de plus brut que cette biographie lisse et désespérément linéaire.
Franck Bortelle
La véritable histoire de Maria Callas
Une pièce de Jean-Yves Rogale
Mise en scène de Raymond Acquaviva
Avec Andréa Ferréol, Pierre Santini, Sophie Carrier, Lola Dewaere (Maria jeune) – Raymond Acquaviva et Cécile Pallas
A partir du 22 janvier 2013
Tous les soirs à 20h30
Les dimanches à 15h
Relâche les lundis
Réservations : 01.48.87.52.55 ou www.dejazet.com
Durée : 1h50
Théâtre Déjazet
41, boulevard du Temple
75003 Paris
M° Republique
[Crédit photo : Thierry Beauvir]
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