“Le Menteur” fait de Corneille le maître de l’illusion
© Pascal Gely / Hans Lucas
Au Théâtre de Poche-Montparnasse, Marion Bierry adapte et met en scène une comédie écrite par Corneille en 1644. Elle la fait précéder de La suite du Menteur, un opus dans lequel l’auteur de L’Illusion Comique se parodiait lui-même par une habile mise en abîme. Une équipe de comédiens voltigeurs se prête au jeu de l’illusion théâtrale, avec une maestria impressionnante et en chansons comme dans une opérette : réjouissant.
Un Dom Juan en goguette
Mais qui est ce jeune homme bien mis qui s’acharne à traquer les jeunes filles en les berçant de mensonges et de fariboles, tandis que son valet Cliton, fin connaisseur de la vie parisienne, lui prodigue conseils et recettes de conquête ? Il se nomme Dorante et est natif de Poitiers, s’invente des années de service à la guerre et se prend pour Cyrano de Bergerac du côté des exploits héroïques. Côté cœur, notre Dorante est un jeune Dom Juan qui jette son dévolu sur qui l’éblouit, avant de changer de braquet vers une autre créature plus attirante ou plus riche. Bref, un jeune provincial qui sait que la ville-lumière regorge de plaisirs, de beautés et de vices, mais qui ajuste ses mensonges à la hauteur de la magnificence des Tuileries, de ses fontaines et des ses sculptures qui constituent la promenade initiale et amoureuse de tout visiteur. Tout prend ainsi des allures de conte de fée et d’illusion dans les récits du jeune homme qui s’invente à la seconde où il parle une ribambelle de vies, de fortunes et d’amours.
Une comédie à la gloire du théâtre

© Pascal Gely / Hans Lucas
Marion Bierry transpose cette comédie baroque du 17°siècle au siècle suivant, durant le Directoire agité par des campagnes militaires et gagné par une intense liberté de mœurs. Le décor de Nicolas Sire déploie un jeu de paravents blancs qui laisse se dessiner un morceau de ciel parisien, et les comédiens, tous très bons, jouent cette comédie avec une fraîcheur, un dynamisme et une clarté remarquables. D’autant qu’à certains moments de la pièce, les dialogues sont chantés comme dans une opérette de la Belle Epoque. Les alexandrins brillants de Corneille résistent sereinement à cette insolence coquine, et le ridicule des situations ne fait peur à personne. Alexandre Bierry impose un Dorante fanfaron et sûr de lui, un hidalgo fantasque totalement mégalomane, proche de la folie. Brice Hillairet (Alcippe) est ridicule et naïf à souhait et les deux jeunes femmes, Anne-Sophie Nallino et Mathilde Riey, Clarice et Lucrèce, défendent habilement leurs intérêts en dupant royalement le héros, au grand dam de Géronte, joué par Serge Noël. Benjamin Boyer ou Thierry Lavat jouent Cliton. Un spectacle vif, brillant, drôle, à recommander pour tous les publics.
Hélène Kuttner
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