Le rêve animal de Bestias à la Villette
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Bestias De Baro d’Evel Cirk Cie Mise en scène de Avec Jusqu’au 25 juillet 2015 Tarifs : de 13 à 26 euros Réservation Durée : 1h15 La Villette |
Jusqu’au 25 juillet 2015
Décliné comme un songe autour de la relation entre les humains et les bêtes, Bestias nous fait pénétrer dans un labyrinthe de sensations qui échappe à tout résumé. Gracieuse et magnifique, la dernière création de Baro d’Evel séduit petits et grands épris de poésie et de douceur. Pour accéder au chapiteau dans lequel se déroule Bestias, on est conduit dans un colimaçon de couloirs qui bordent un autre chapiteau, enfilades de tissu blanc décorées par des dessins en noir et blanc. Une bande dessinée en forme d’amuse-gueule avant de déguster le plat de résistance du spectacle. Sont-ce des acteurs, ces longs personnages vêtus de lin clair et flottant, que l’on croirait tout droit sortis d’une pièce de Tchekhov ? Sont-ce des danseurs pour se projeter ainsi délibérément dans une totale flexion de leurs corps ? Acrobates-danseurs, mais aussi voltigeurs, chanteurs, écuyers, oiseleurs, les six artistes de la compagnie Baro d’Evel Cirk Cie, sous la houlette de la Française Camille Decourtye, voltigeuse et chanteuse, et du Catalan Blaï Mateu Trias, acrobate et clown, dialoguent en toute liberté avec les chevaux Bonito et Shengo, le corbeau-pie Gus et les perruches Zou, Albert, Farouche et Midinette. Pour trouver un sens unique dans cette ode au mouvement libertaire, il faudrait se lever de très bonne heure, tant ce mélange hétérodoxe fait appel aux arts plastiques et à la poésie. Lorsqu’une sylphide en short et chignon mousseux badine innocemment avec deux perruches perchées sur la tête, alors qu’elle boitille sur ses talons compensés, la jambe coincée à la verticale en grand écart debout, c’est un tableau de Magritte au surréalisme mystérieux. Mais lorsque deux grands garçons aux boucles brunes se battent dans le foin, effectuent des roulades et entament une discussion sur le thème du vide avec une jeune femme plantée sur la hauteur d’un câble, en pleurs, tétanisée par l’impuissance, on songe plutôt aux films burlesques des années trente. Chevaux roux traversant l’espace du chapiteau au galop, ou dansant comme de jeunes ballerines, hommes-brebis avançant sous des meules de foin pour parfaire une métamorphose inquiétante, corps à corps sensuel et émouvant entre une chanteuse et son cheval, obéissant au simple son de la voix profonde de sa maîtresse, conférence d’un faux oiseleur accompagné de son corbeau qui lui tient le crayon, tous les moments de ce spectacle enchanteur s’enchaînent de manière fluide, sans aucune marque de virtuosité ou de démonstration technique. Femmes/chevaux ou hommes/oiseaux, les protagonistes passent sans prévenir d’un état à l’autre, de manière enfantine et naturelle, avec des discours et un humour bon enfant. On entend ça et là des rires d’enfants qui fusent aux clowneries d’un Monsieur Loyal en costume blanc, des romances italiennes accompagnées d’une guitare sèche ou un solo de batterie déclenché comme par magie par un système ingénieux. Avec beaucoup d’énergie, de virtuosité et de finesse, ces artistes nous interpellent en nous dévoilant les secrets de leur monde intime. La musique, les lumières, les costumes apportent une théâtralité qui se veut hors du temps, libérée de la modernité par son empreinte artisanale et humaine, en réalité le fruit d’une ingénieuse élaboration. Une heureuse et salutaire respiration qui fait exploser les frontières de style. Hélène Kuttner [ Crédit Photos : © Ian Granjean] |
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