“L’Éducation sentimentale” sur un air de rock au Poche-Montparnasse
©Pascal Gely / Hans Lucas
Huit ans après le succès de “Madame Bovary”, le tandem Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps remettent le couvert avec l’autre chef-d’œuvre de Flaubert, “L’Éducation Sentimentale” ou l’épopée comique et sentimentale de Frédéric Moreau croise l’épopée politique de la Révolution de 1848 et de la Deuxième République. En une heure et vingt minutes chrono, les deux comédiens musiciens réussissent à camper une vingtaine de personnages sans un temps mort, avec un maximum de tendresse. Un régal.
Un roman monde
Avec L’Éducation Sentimentale, sous-titrée L’histoire d’un jeune homme, Gustave Flaubert raconte l’histoire d’un jeune homme, Frédéric Moreau, qui traverse la Monarchie de Juillet et la Révolution des 1848 de manière intime et désabusée, préférant les intrigues sentimentales et la rente financière aux idéaux révolutionnaires et humanistes. Frédéric hésite, s’aventure dans les salons mondains, goûte au journalisme et au droit, mais ne s’engage pas. Flaubert s’est inspiré de ses souvenirs de jeunesse, de ses études de droit et de ses velléités d’écrivain pour composer ce roman qui résonne fortement aujourd’hui.
Une adaptation très réussie

© Pascal Gely / Hans Lucas
Comment adapter les 400 pages de ce roman fulgurant sans en perdre l’essence romanesque ? Paul Emond relève brillamment ce défi, avec la complicité de deux artistes au talent et à l’énergie remarquables, Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps, qui parviennent à se faire les narrateurs et les acteurs de cette foisonnante histoire pleine de rebondissements et folles intrigues. Elle, en robe jaune canari, comme l’était comme l’était la sublime Madame Arnoux lors de leur première rencontre, lui en costume en tweed anglais, frais comme le jeune Frédéric, échangent le plus sérieusement du monde. Enfin, la fièvre amoureuse les saisit bien vite et les dialogues se transforment en chansons, en musique, tandis que les comédiens changent de personnages, transportant l’intrigue dans des salons bourgeois, au bal, dans une presse de journal, un boudoir coquin ou sur un terrain de courses de chevaux.
Énergie musicale
Comme dans un conte, ces deux anti-héros sont toutes les femmes et tous les hommes à la fois, en nous renvoyant un miroir actuel, et c’est pourquoi le spectacle est très réussi. Tendre, drôle, cocasse, burlesque, on survole avec fantaisie les multiples moments de l’histoire, trahisons conjugales, lâcheté des personnages qui se trompent les uns et les autres, amitiés tordues et passions avortées. Tout un réseau de relations nourries d’illusions vites perdues, que la musique, rock ou électrique, au synthétiseur ou au banjo, à l’accordéon ou a la guitare, dynamise avec verve. Il faut saluer le talent et le brio des interprètes à faire vivre ces aventures qui nous font sourire, ou réfléchir, tout en respectant au mot près le texte magistral et introspectif de Flaubert. Un épatant spectacle qui nous met en joie.
Hélène Kuttner
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