Mummenschanz – Casino de Paris
Intraduisible en français, « Mummenschanz » ? Assurément. Comme le « Rosebud » d’Orson Welles, mieux vaut le laisser en l’état. Mais il n’y a bien que ça dans ce formidable spectacle qui puisse faire marrer le Divin du haut de sa tour de Babel. Et de sa tour d’y voir ce qu’est l’abolition des frontières et le dynamitage en règle des barrières linguistiques. En effet, pas un mot. Pas une musique. Les seuls bruits proviennent de la salle. Des téléphones portables qui sonnent, bien sûr mais surtout et heureusement des exclamations, concerts d’onomatopées qui de rire, qui d’émerveillement. Du spectacle 100% visuel. Gonflé. A plus d’un titre…
Une main géante rejointe par sa jumelle vient ouvrir la soirée et le rideau. En quelques facéties, la salle est conquise. Humour bon enfant que dispute une virtuosité impressionnante. Pendant une heure et demi, le rythme ne va cesser que pour un entracte mérité. Des saynètes de quelques secondes à plusieurs minutes vont se succéder. Aucun temps mort, une variété et un éclectisme décoiffants. Des ballons géants, des tuyaux accordéon qui se disloquent tels des chenilles, des masques modulables à l’envi, des rubans fluorescents qui drapent une pinup dans un déshabillé des plus seyants, des tapis qui deviennent figurines de deux mètres de haut…
Une folle dextérité permet d’humaniser ces objets, leur donner une physionomie tantôt drôle, tantôt touchante. Les lois de l’anatomie sont aussi défiées que celle de l’apesanteur. On s’envole avec cet oiseau de lumière, on se laisse simplement bercer par cette poésie silencieuse. On en perdrait presque conscience que des hommes, au prix d’un travail qui se fait oublier, sont dedans, dessous, derrière tout cela. Forcément, ils ne disent pas un mot. Ils ne sont que quatre. Difficile à croire quand ils viennent saluer, le masque enfin tombé. Pas de texte, pas de dialogue mais les historiettes qui se déroulent sous nos yeux valent bien tous les scénarios bavards, à l’image de ces élans langoureux que deux énormes figurines transforment en danse presque érotique ou encore ce couple aux visages garnis de rouleaux de papier toilette et qui résume le sens de l’amour et de la vie en quelques poignées de secondes.
Cet enchantement coloré, bourré d’humilité autant que d’inventivité est encore pour quatre dates en France. Ceux qui iront l’applaudir auront du mal à ne plus croire en la magie après…
Franck Bortelle
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Mummenschanz
Avec Floriana Frasseto, Raffaella Mattioli, Pietro Montandon et Philipp Egli
Du 21 au 26 mai 2013
Tous les jours à 20h, sauf le 26 mai à 16h
Réservations par téléphone au 08 926 98 926 (0.34 euros/mn) du lundi au samedi de 10h à 19h, par internet www.casinodeparis.fr ou sur place du lundi au samedi de 11h à 18h
Durée : 1h45 avec entracte
Casino de Paris
16, rue de Clichy
75009 Paris
M° Place de Clichy ou Liège
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