Pierre Arditi, errant magnifique dans le Cas Sneijder
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Le cas Sneijder De Jean-Paul Dubois (ed. de L’Olivier) Mise en scène et adaptation de Didier Bezace Avec Pierre Arditi, Charles Roger Bour, Sylvie Debrun, Morgane Fourcault et Thierry Gibault Jusqu’au 22 avril 2017 Du mardi au samedi à 21h, matinées samedi à 16h et le dimanche à 15h Tarifs : de 17 à 46 euros Réservation en ligne ou par tél. au 01 46 06 49 24 Théâtre de l’Atelier |
Jusqu’au 22 avril 2017Metteur en scène « littéraire », Didier Bezace affectionne particulièrement les romans contemporains. En adaptant le roman à succès de Jean-Paul Dubois, il donne à Pierre Arditi l’occasion émouvante de camper un homme qui a perdu foi en la vie, depuis la perte de sa fille dans un accident d’ascenseur. Fable philosophique sur la vanité de l’ascension sociale, le spectacle permet d’admirer le comédien qui donne à ce héros kafkaïen une puissante humanité. Descente aux enfers
Que devenir quand on a traversé l’épreuve de la chute, tout en étant le seul rescapé ? Paul Sneijder est le seul rescapé d’une chute d’ascenseur qui a couté la vie à sa propre fille. Dépressif, lunatique et cynique, il rumine son mal de vivre enfermé dans son bureau de scientifique, griffonnant des colonnes de chiffres et de formules mathématiques en espérant y déceler la raison de l’effondrement de sa vie via la chute de cet ascenseur. Affaire de masse et de vitesse, de freinage et de système d’amortissement, aujourd’hui parfaitement sécurisés dans un monde où fleurissent des buildings toujours plus élevés. Dans la très belle scénographie de Jean Hass et Didier Bezace, les portes s’ouvrent et se referment comme le couperet d’un ascenseur qui se coupe du monde alentour. En fait, la réussite de la mise en scène consiste à reproduire l’univers mental du héros, dont la voix off de Pierre Arditi raconte, à la première personne, les affres et renoncements. Le théâtre, par une subtile mise en abîme des scènes du roman, nous révèle le décor et son envers, à travers l’intime récit de celui par qui tout arrive. Pierre Arditi, dénué de sa superbe, dans une attitude de prostration et de souffrance, se bat contre son épouse et les conventions mondaines de son emploi de bureau. D’ailleurs, cette dernière, incarnée par Sylvie Debrun, très hostile et terrorisée par la décrépitude de son mari, s’envoie en l’air deux fois par semaine. On apprend aussi que c’est elle, harpie dominatrice, qui l’empêchait de voir sa fille, surprotégeant en revanche les deux jumeaux qu’ils ont eu tous les deux. La lumière viendra du chien Fox, complice inattendu, lorsque Sneijder, fatigué de son emploi de bureau, acceptera un travail de promeneur de chien sous la férule d’une société spécialisée dirigée par le formidable Thierry Gibault. C’est un moment formidable de drôlerie et de réalisme mêlés. Fox, le chien, qui joue vraiment sur le plateau, apporte à Sneijder ce que les autres ne peuvent plus lui donner : une compagnie silencieuse et fidèle, un réconfort amical et animal, qui ne souffre d’aucun faux semblant. Arditi, avec le chien, est bouleversant de solitude et d’humanité blessée. Contre ce monde qui va toujours plus vite et toujours plus haut, la pièce raconte comment certains peinent à échapper à cette course à la performance obligatoire, en empruntant des diagonales pus ou moins hasardeuses. Bien que rattrapé par sa famille qui cherche à le faire passer pour fou, Sneijder-Arditi trimballe, avec son chien et son humanité en berne, un désir d’authenticité et de liberté qui envoie tout balader. Hélène Kuttner [Crédits Photos : © Hervieu ] |
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Jusqu’au 22 avril 2017
Descente aux enfers
Un univers mental
Un ami nommé Fox



