0 Shares 1293 Views

“Affabulazione” de Pier Paolo Pasolini, tragédie moderne

7 novembre 2014
1293 Vues
Affabulazione_-_Martin_colombet_4

Affabulazione

De Pier Paolo Pasolini

Mise en scène de Lucas Bonnifait

Avec Jean-Claude Bonnifait, Pauline Cheviller, Ava Hervier, Antoine Louvard, Thomas Matalou et Raouf Raïs

Du 4 au 8 novembre 2014

Tarifs : de 7 à 18 €

Réservation au  
01 41 33 92 91

Durée : 1h30

Théâtre de Vanves
11, av. Jézéquel
92170 Vanves

M° Malakoff-Plateau de Vanves

www.theatre-vanves.fr

Au théâtre de Vanves, Lucas Bonnifait s’empare d’Affabulazione, de Pier Paolo Pasolini, dans une mise en scène sobre et intense.

Quarante ans après la disparition de Pier Paolo Pasolini, le pouvoir de fascination du dramaturge italien opère toujours : cette saison, sa pièce Affabulazione (1969) est mise en scène au TNP par Gilles Pastor, à la Comédie de Saint-Étienne par Stanislas Norday, mais aussi au théâtre de Vanves… Là, Lucas Bonnifait parvient à préserver la force du texte. Un langage pourtant “à la fois difficile et facile, prévient le spectre de Sophocle en prologue, “difficile pour une société qui vit le pire moment de son histoire, facile pour les rares lecteurs de poésie”.

Sans artifice, Lucas Bonnifait se fait le passeur de ce récit, tragédie contemporaine dont les ressorts nous échappent : “Mon théâtre est un théâtre de texte, je commence toujours le travail avec le souci de comprendre l’essence du texte, sans aucune idée préconçue”, écrit-il. Le dispositif frontal, l’épure de la scénographie, bien que troublée par un jeu de lumière agressif, conquiert l’attention du public.

Un père de famille, riche industriel du nord de l’Italie, sort d’un rêve agité dont il se souvient à peine : tout jeune enfant, il aperçoit les jambes d’un grand garçon. Ce sont celles de son fils. “Tout à présent commence par ce rêve”, annonce-t-il, troublé mais déterminé. Sa vie, ses certitudes implosent.

Sa relation à son fils est au centre de cette mise en révolution obstinée et absurde. Qui est ce rejeton trop blond qui semble ne vouloir que s’éloigner de lui, sans même chercher à s’opposer ? Ce fils beau et jeune, plus fort que lui, qui est déjà ce que lui n’est plus, qui sera bientôt ce que lui ne sait plus être désormais : un père ? Obsédé par la résolution d’une énigme qu’il est le seul à percevoir, ce héros tragi-comique est traversé par la jalousie, l’attirance et la répulsion. Rien, ni même le meurtre-climax de son propre fils, ne lui fera retrouver le repos.

Cet Œdipe inversé ouvre une réflexion plus large sur la paternité contemporaine – démissionnaire, destituée ? – et sur la filiation. “Ce spectacle n’est pas un passage agréable, il n’est pas fait pour être cela. Il convoque des sentiments d’âpretés, de dérangements et de grandes ambiguïtés”, assume Lucas Bonnifait. Une fable contemporaine pour comprendre un peu plus le monde… Pasolini le fait dire au spectre de sa pièce : “L’homme ne s’avise de la réalité que quand il l’a représentée. Et rien, jamais, n’a pu mieux la représenter que le théâtre.”

Christelle Granja

[Photo © Martin Colombet]

Articles liés

Concerto pour violon de J. Brahms à la Salle Gaveau
Agenda
76 vues

Concerto pour violon de J. Brahms à la Salle Gaveau

Pour les amoureux de concert classique, la Salle Gaveau nous promet de la haute qualité avec un nouveau concert en mais avec J. Brahms et l’orchestre de CRR de Paris.  Au programme :  J.BRAHMS Concerto pour violon en ré...

Récital de piano avec Barry Douglas à la Salle Gaveau
Agenda
74 vues

Récital de piano avec Barry Douglas à la Salle Gaveau

Médaille d’Or du Concours Tchaïkovski en 1986, Barry Douglas se produit en récital sur toutes les grandes scènes du monde – du Royaume-Uni au Mexique, des PaysBas aux États-Unis. Il est l’invité de prestigieux orchestres, parmi lesquels le BBC...

Un « Dom Juan » sulfureux et maudit à l’Odéon
Spectacle
210 vues

Un « Dom Juan » sulfureux et maudit à l’Odéon

Projetant la pièce de Molière au 18° siècle, sous la tutelle du Marquis de Sade, Macha Makeïeff fait de cet anti-héros un prédateur sulfureux et languissant, interprété avec brio par Xavier Gallais dans un décor unique. Une course à...