“Une Mouette et autres cas d’espèces” qui plane dans l’air du temps
Une Mouette et autres cas d’espèces D’après Tchekhov Mise en scène de Hubert Colas Écritures d’Édith Azam, Liliane Giraudon, Angélica Liddell, Nathalie Quintane, Jacob Wren, Annie Zadek et Jérôme Game Avec Céline Bouchard-Cadaugade, Heidi-Éva Clavier, Jonathan Drillet, Valère Habermann, Florian Pautasso, Vilma Pitrinaite, Thierry Raynaud, Yuval Rozman, Cyril Texier, Laure Wolf Jusqu’au 22 février 2017 Tarifs : de 10 à 28 € Durée : 2h20 Réservations Théâtre Nanterre-Amandiers RER A Nanterre Préfecture et navette www.nanterre-amandiers.com |
Jusqu’au 22 février 2017 Alors que la mouette mise en scène par Ostermeier migre depuis la Suisse et marque des pauses à Strasbourg et en Bretagne, celle dirigée par Hubert Colas, originaire de Marseille, se pose au Théâtre des Amandiers de Nanterre.
Ces deux mises en scène contemporaines présentent d’étonnantes similitudes ; libre interprétation à partir du texte ou références à l’actualité ; deux spectacles bien dans le vent. Alors que les personnages écossent des petits pois, d’autres surgissent sur le plateau dans des fauteuils à roulettes motorisés dont les freins crissent bruyamment. Treplev, jeune dramaturge, aime Nina, amoureuse de Trigorine, un écrivain dont la célébrité la fascine. La jeune femme peu talentueuse se lance dans une carrière de comédienne et rejoint Trigorine à Moscou. Et la mère de Treplev, amante de Trigorine, éprouve pour son fils des sentiments ambivalents, entre amour et mépris. Hubert Colas assume une liberté d’écriture, éloignée du texte original : “Aujourd’hui, je me rends à l’évidence que nous n’avons plus affaire à La Mouette de Tchekhov, mais à Une Mouette et autres cas d’espèces, écrite par six auteurs contemporains”, affirme-t-il. Le pluriel illustre à propos ce spectacle foisonnant et riche, puzzle d’écritures collectives. Quatre actes écrits par quatre auteurs, tous clos tour à tour par le suicide d’un nouveau personnage. Et des fragments de la pièce originale apparaissent, entrecoupés par des projections vidéo et des discours sur l’actualité. Ce spectacle riche, foisonnant, affiche des prises de risque et des propositions non dénuées d’intérêt. Mais trop d’intellectualisation et de dispersion nuit à la tension dramatique brûlante, l’intensité et l’unité caractéristiques du théâtre de Tchekhov, qui tiennent les spectateurs en haleine. Des scènes comiques, beaucoup de fantaisie et d’idées sont présentes, quelques dialogues captivent, notamment entre Nina et Trigorine. Mais cette riche matière gagnerait à être resserrée. C’est bien Tchekhov qui disait : “Plus c’est court, mieux ça vaut… La brièveté est sœur du talent.” On aimerait beaucoup en découvrir une nouvelle version épurée. Jeanne Rolland [Photos © Hervé Bellamy] |
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