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Fright Night – film de Craig Gillespie

5 octobre 2011
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Fright Night - film de Craig Gillespie

Quelques semaines seulement après le décevant retour sur grand écran de John Landis, vingt ans plus tôt maître de la comédie horrifique, sortait au cinéma le remake d’un film-culte issu du même genre et de la même période : Fright Night. L’original, signé Tom Holland, était sorti en français sous le titre Vampire, vous avez dit vampire ? en 1985, l’année qui vit également Marty McFly s’embarquer pour le futur au volant d’une DeLorean pilotée par Robert Zemeckis, devenant ainsi le héros de plusieurs générations prêtes à dépenser des fortunes pour s’offrir les mêmes baskets. Bien avant la vision de ce nouveau Fright Night, on pouvait donc en pressentir, voire en redouter, l’inéluctable nostalgie.

C’est à Las Vegas que Fright Night version 2011 plante l’action. Mais pas le Vegas de débauches et d’excès, si cher aux noctambules en quête de rêve américain, qu’Hollywood nous a souvent dépeint. Loin du Vegas d’Ocean Eleven, de celui de Very Bad Trip, et encore plus loin de celui de Las Vegas Parano ; c’est un Vegas de banlieue résidentielle perdue dans le désert du Nevada où s’ennuient quelques familles banales. Un quotidien peu excitant perturbé par l’emménagement de Jerry, nouveau voisin aux dehors charmants, qui porte si bien le marcel que la mère célibataire de Charley Brewster s’en retrouve toute émoustillée. Charley, pas trop fan du modèle paternel, n’y voit aucun inconvénient, jusqu’à ce qu’il réalise que son voisin Jerry est en réalité un abominable vampire assoiffé de sang ! Là commencent les ennuis, car comment vaincre un tel monstre en 2011, quand les seules références vampiriques connues sont désormais issues des sagas pour midinettes en mal d’émotion du type Twilight ? C’est un piteux magicien de music-hall, Peter Vincent, qui, malgré son apparente médiocrité va apporter la réponse à cette question.

Colin Farell endossant le rôle du pernicieux et increvable vampire était une raison supplémentaire de saliver à la perspective de cette carnassière gaudriole. Hélas, l’acteur lui-même semble se demander tout au long du film ce qu’il est venu faire dans cette galère, à grand renfort de sourires sadiques et de roulements d’yeux peu convaincants. Car en fait de comédie horrifique, Craig Gillespie livre un film mal-assumé, oscillant toujours entre horreur classique et exagération comique. Cette valse-hésitation permanente anéantit toutes les bonnes idées du scénario original. Ainsi il n’y aura pas de suspense pour ménager l’action, pas d’enquête potache pour démasquer l’ignoble créature, aucun effort pour disséminer un peu d’humour noir au fil du récit, à peine quelques gags éculés qui tombent à plat. Par contre aucun cliché ne nous sera épargné, surtout pas celui de la virginale fiancée en robe blanche qui s’avance vers son soi-disant bien aimé pour en faire littéralement son quatre heures. Et comme si volonté parodique il y avait, elle est ratée, ces séquences qui auraient pu constituer de savoureux détournements du genre agacent à force de ridicule. – La bataille finale représente à ce titre un grand moment de loupage cinématographique, tellement prévisible et grotesque qu’on n’a qu’une hâte : celle de la voir se terminer au plus vite.

Aussi, la seule chose que parvient malgré lui à démontrer cet ennuyeux remake, c’est que malgré toute l’affection que l’on peut porter à ces films des années 80-90 dont on conserve précieusement les VHS usées, on ne peut décemment plus réaliser ce type de cinéma aujourd’hui. Car si Marty McFly remontait maintenant sur son overboard, il aurait l’air d’avoir pris un sacré coup de vieux ; un peu comme Indiana Jones quand il a piteusement voulu aller explorer le Royaume du Crâne de Cristal alors qu’on l’avait laissé jeune, fringuant et victorieux, après avoir accompli La Dernière Croisade. Un mythe ne peut pas être dépoussiéré à moins d’être simultanément réinventé, leçon que JJ Abrams a su bien assimiler afin de proposer cet été avec Super 8 une ingénieuse réécriture du cinéma de Spielberg. Par conséquent, il était probablement fatal que le remake de Fright Night déçoive, tant la forme-même du remake sent le formol, le rance, le désuet, et pour tout dire, le manque d’idées.

Raphaëlle Chargois

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Fright Night

Film de Craig Gillespie

Avec Colin Farrell, Anton Yelchin, Toni Colette et David Tennant

Sortie le 14 septembre 2011

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