Thomas Fiebig – La Grande Bouffe – Addict Galerie
Dans sa quête du vrai, Thomas Fiebig use d’un langage d’une douloureuse ironie qui masque mal un certain désespoir. Ainsi, cible-t-il le hamburger, prêt-à-manger, fabriqué en masse, emblématique du vite absorbée, vite rassasié. Cette nourriture ambulante, saturée de produits standardisés pour fondre en bouche malgré leur empilement pyramidal, industrialise le gavage d’estomac.
La série de hamburgers que propose l’artiste dénonce à sa manière cette culture de l’élevage du citoyen en batterie. Le pop art revendiquait les objets de notre quotidien comme données irréversibles de notre culture post-industrielle mais les restituait fidèlement (voir les soupes Campbell ou les billets d’un dollar). Thomas Fiebig, lui, dynamite la représentation de ces sandwiches vertigineux, moelleux mais sans substance, en étale la matière, en fait, au choix, des champignons suspects ou des verticalités informes, des compressions d’ingrédients indistincts, prêts à la mastication sommaire et à la digestion hâtive. La couleur éclate, coule, déborde, brouille la consistance de la pitance proposée au point qu’on voit mal à quel stade d’assimilation elle se situe.
Thomas Fiebig veut dramatiser l’enjeu de son propos. Aussi broie-t-il les formes avec un appétit qu’on n’ose qualifier de carnassier. Ses excentriques hamburgers dénoncent une civilisation où, l’individu, intégré à une chaîne alimentaire infernale, est à la fois consommateur et digéré. Le goût ainsi uniformisé soulève le dégoût de l’artiste qui l’éloigne d’une représentation vériste du hamburger pour en dévoiler l’essence profonde.
Thomas Fiebig prépare méticuleusement son travail sur ordinateur avant de le reproduire de manière originale sur la toile. Il ne cherche nullement à recopier son schéma numérique mais à lui donner une traduction libre travaillée par la matérialité brute de la peinture et soumise aux aléas de l’inspiration. Il déconstruit, donc recrée, ce qu’il voit et le décline en autant d’œuvres singulières, ribambelle infernale qui domestique nos appétits.
C’est cette série qu’Addict Galerie sera heureuse de vous présenter à l’occasion de la première exposition personnelle de Thomas Fiebig à Paris.
Thomas Fiebig – La Grande Bouffe
Du 4 février au 31 mars 2012
Du mardi au samedi de 11h à 19h et sur rendez-vous
Vernissage le samedi 4 février 2012 de 18h à 21h
Addict Galerie – Laetitia Hecht
14/16, rue de Thorigny
75003 Paris
A découvrir sur Artistik Rezo :
– Agenda des vernissages en février 2012
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