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Andreas Slominski – galerie Thaddaeus Ropac

3 février 2012
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Galerie Thaddaeus Ropac

Né en 1959 à Meppen, Slominski a étudié à l’Académie des Beaux-arts de Hambourg de 1983 à 1986. Après avoir occupé une chaire à Karlsruhe, il a pris la succession de Franz Erhardt Walther à l’école d’art audiovisuel de Hambourg en 2004. Suite à plusieurs expositions individuelles d’envergure au musée Guggenheim de Berlin (1999), à la Fondation Prada de Milan (2003) et à la Serpentine Gallery de Londres (2005), ses œuvres ont fait l’objet d’une grande rétrospective au musée d’art moderne (MMK) de Francfort-sur-le-Main en 2006/07 présentant des travaux des vingt dernières années. En 2010, la collection Goetz de Munich lui a consacré une importante exposition des œuvres en sa possession.

Depuis le milieu des années 1980, Slominski poursuit une recherche esthétique sur les perceptions du quotidien – souvent des plus banales. « Le caractère insignifiant des choses et des matérialités sélectionnées revêt souvent quelque chose de perfide, mais aussi de malicieux. Un renversement de la fonction, du contexte et du contenu se produit toujours. […] L’insignifiant se fait stratégie. Les œuvres comportent souvent un faux plancher, de sorte que le spectateur tombe parfois dans une embuscade » (Mario Kramer).

Depuis toujours, Slominski applique le principe du piège avec une précision encyclopédique, voire scientifique. Ses sculptures-pièges protéiformes constituent de loin son Werkkomplex le plus populaire. L’exposition parisienne s’organise autour de la série Polystyrolbilder que Slominski a montrée au public pour la première fois en 2005. Des motifs naturels stylisés et des structures géométriques sont gravés dans de grandes pièces en polystyrène blanc semblables à des blocs de glace. Des objets découpés ressemblant à des jouets et qui, par leur naïveté, semblent tirés d’un livre pour enfants, sont appliqués sur ces supports d’images souvent bombés de couleurs vives. D’une part, ils semblent profaner le genre du bas-relief classique en marbre et, d’autre part, ils évoquent les graffitis urbains. Le caractère illustratif des œuvres présentées dans une boîte en plexiglas sur le modèle des herbiers – qui tournent en dérision l’exigence de réalité des Nouveaux Réalistes – font presque disparaître la signature personnelle de l’artiste. Comme si les œuvres résultaient d’une transformation chimique aussi mystérieuse que spontanée. Les œuvres de Slominski requièrent une compréhension parfaitement démocratique des objets employés. Slominski trouve de la beauté dans les objets habituellement considérés comme de mauvais goût et les utilise dans ses œuvres par un acte d’appropriation que l’on pourrait qualifier de tendre.

Dans une de ses œuvres, un paillasson en caoutchouc de fabrication industrielle devient un pochoir que Slominski utilise pour réaliser des motifs à la bombe. Comment ne pas se rappeler la figure tragique de Friedrich Wilhelm Voigt dans la tragi-comédie de Carl Zuckmayr Le Capitaine de Köpenick (1930) qui se projette le jour du Jugement dernier et, à la question de Dieu sur ce qu’il a fait au cours de sa vie, répond qu’il a tressé des paillassons en prison durant des années. Il est tout à fait possible, à partir de l’utilisation que fait Slominski du motif profane qu’est le paillasson, de tisser une vision chrétienne du monde dans laquelle la valeur du travail serait estimée d’une autre façon que dans le monde actuel marqué par les spéculations financières virtuelles.

Des objets et des détails minuscules tirés des images en polystyrène de Slominski – qu’il s’agisse de pièces de monnaie, de boutons, de vis, de chaussures ou de cravates – peuvent servir de point de départ à des débats intellectuels, ou bien tout simplement exprimer une vision optimiste du monde. Les images en polystyrène autorisent justement ces deux types de lecture. « J’ai ainsi l’impression que tout ce que fait Slominski renvoie à autre chose. C’est en cela que réside le vrai pouvoir. Le pouvoir d’orienter l’attention constitue en fait le pouvoir absolu », fait remarquer Boris Groys à propos de l’œuvre de Slominski. Au sujet des images en polystyrène, Stephan Urbaschek fait référence à une remarque de Max Ernst sur la technique du collage, très à propos, formulée en 1962 : celle-ci serait l’« exploitation systématique de la rencontre fortuite ou provoquée entre deux ou plusieurs réalités, étrangères par nature, sur un plan qui n’y semble pas approprié – et l’étincelle de poésie qui surgit du rapprochement.

Exposition d’Andreas Slominski

Du 4 février au 29 février 2012
Du mardi au samedi, de 10h à 19h et sur rdv

Vernissage le 4 février 2012, de 19h à 21h

Galerie Thaddaeus Ropac
7, rue Debelleyme
75003 Paris
M° Saint-Sébastien-Froissard ou Filles du Calvaire

www.ropac.net

A découvrir sur Artistik Rezo :
Agenda des vernissages en février 2012

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