0 Shares 2026 Views

Bronson

16 juillet 2009
2026 Vues
bronson1

 

Un opéra pop


D’une narration réduite au maximum, il focalise son récit sur la nature ambivalente de Michael Peterson. Exit donc les effets dramatiques et les justifications morales. Son “héros” n’est pas l’enfant monstrueux d’un trauma familial, mais simplement la résultante d’une colère tapie sous le vernis d’une middle class lénifiante. Evacué en l’espace de quelques plans, l’ « historique » de Michael Peterson laisse donc place aux exactions de son double, Bronson, adepte du corps à corps. Et sans concession, Nicolas Winding Refn filme ces ballets sanglants, soutenus par un score épique invoquant la marche funèbre de Wagner. La violence, bien que magnifiée par la caméra fétichiste du réalisateur, est immédiatement désamorcée par des ellipses absurdes renvoyant au caractère irrationnel des protagonistes. On pense alors au lyrisme morbide d’Orange Mécanique et à l’érotisation du mal déjà éprouvée chez Kenneth Anger. A l’opposé du style quasi naturaliste des Pusher, Nicolas Winding Refn réalise un opéra pop, usant de contre-plongées iconiques et de séquences d’animation.

 

 

L’anti « Hunger »

 

Mais le film est surtout une variation brutale du Vol… de Milos Forman. En narrateur omniscient, Bronson orchestre une accumulation de saynètes illustrant son glissement progressif dans la schizophrénie. Dès l’épilogue, il se présente en Groucho Marx inquiétant devant un théâtre imaginaire en contrechamp. Composé comme un anti “Hunger”, le dernier film de Nicolas Winding Refn bouscule la représentation traditionnelle de l’enfermement carcéral. Ici la prison est une scène, les codétenus, des spectateurs. Un jeu de faux-semblants qui s’achève dans un climax radical où Bronson reproduit sur le corps de sa victime un tableau de Magritte. Et la tension, latente depuis les premières images, de trouver son paroxysme.

 

Romain Blondeau

 

 

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=Oty72584I4E[/embedyt]

 

 

Bronson

 

De Nicolas Winding Refn

Avec Tom Hardy, Matt King

 

Sortie le 15 juillet 2009

 

Articles liés

Dans le cadre du Festival Off Avignon, “4.48 Psychose” une représentation tirée des textes de Sarah Kane !
Agenda
74 vues

Dans le cadre du Festival Off Avignon, “4.48 Psychose” une représentation tirée des textes de Sarah Kane !

4.48 Psychose, “s’il vous plaît levez le rideau !”. Découvrez un spectacle touchant et authentique tiré des textes de l’autrice Sarah Kane ! À découvrir lors du Off du Festival d’Avignon, dès le 29 juin au Théâtre La Luna...

La réinterprétation des “Three Quartets” de Dal Sasso Big Band Chick Corea au Sunset-Sunside
Agenda
62 vues

La réinterprétation des “Three Quartets” de Dal Sasso Big Band Chick Corea au Sunset-Sunside

Dal Sasso a encore frappé ! Fort de ses relectures King Size de classiques de JohnColtrane,  “A Love Supreme” et “Africa/Brass”, Christophe Dal Sasso s’attaque aux “Three Quartets” de Chick Corea. Sous la conduite experte de l’arrangeur, son big...

Le Petit Palais ouvre ses portes aux artistes d’art urbain avec l’exposition événement “We Are Here”
Agenda
2345 vues

Le Petit Palais ouvre ses portes aux artistes d’art urbain avec l’exposition événement “We Are Here”

À partir du 12 juin 2024 et pour la première fois, le Petit Palais ouvrira ses portes aux artistes d’art urbain, les invitant à engager un dialogue subtil avec ses collections permanentes et son architecture. Une véritable exploration d’art...