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Robert Malaval – Galerie de l’Exil

7 février 2012
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Robert Malaval - Galerie de l'Exil

« Je ne savais pas, lorsque Philippe Gravier m’a présenté quelques toiles de Robert Malaval, dans sa belle galerie de Saint-Cyr-en-Arthies, dans le Vexin, dans quelle entreprise je me lancerais. Bien que je n’aie jamais rencontré Malaval, j’ai aujourd’hui l’impression de bien le connaître, tout en sachant qu’il est assez insaisissable.

Lorsque j’ai décidé, il y a près de 3 ans, de lui consacrer une exposition à la Galerie de l’Exil, je ne mesurais pas les difficultés que j’allais rencontrer. Malaval est un Objet Volant Non Identifié, qui continue, longtemps après son décès, de faire des pieds de nez à ses admirateurs (ses fans!). Et il faut reconnaître qu’il en a beaucoup, surtout parmi les institutionnels, ses anciens galeristes, ses collectionneurs. Je ne compte plus le nombre d’expositions qui lui ont été consacrées, la dernière en date, très grande et très exhaustive, a été programmée au musée d’Art moderne de Paris en 2007 avec une collection impressionnante d’œuvres représentant toutes ses périodes de création.

Pour ma part, je m’intéresse essentiellement aux œuvres de la dernière période de sa vie dont font parties les « paillettes ». Mais il se trouve que les « paillettes » sont très rares sur le marché et que leurs propriétaires ne sont pas disposés à s’en séparer. Alors que faire dans ce cas? Eh bien il faut convaincre, être persuasif, leur dire que Malaval, si reconnu soit-il par les milieux artistiques et culturels officiels, est encore un illustre et facétieux inconnu.

Oui, Robert Malaval, icône des années 70 en France à l’instar d’Andy Warhol à New-York, est tombé dans l’oubli ou plutôt, c’est la mémoire de son œuvre qui a été effacée par un fantôme (comme il aimait à se comparer), le fantôme Malaval ! Sur son œuvre tout a déjà été dit. Je voudrais cependant souligner un aspect de son œuvre qui apparaît dès 1973 dans « été pourri peinture fraîche multicolore » et qui persistera dans la période des paillettes dès 1974, c’est le « pattern », l’utilisation d’un signe, maintes fois répété, qui permet de rattacher l’œuvre de Malaval à l’école de Nice, mais aussi à Support Surface, à Fluxus.

Mais comme l’écrit Paul Mansouroff, Malaval ne s’arrête pas à la gare de Nice.
« Tu poursuis ta route, indépendant, sans te préoccuper des exigences du marché : tu suis ta propre route. »

Malaval, ce dandy mal fagoté qui hantait les boîtes de nuit dans cette période inconsciente de la fin des années 70, aimait fréquenter les musiciens, les rockers de préférence, pour se frayer un chemin vers les anges qui logent au royaume de l’illusion et du dérisoire, où la déchéance attend, accroupie, embusquée, prête à bondir sur cette proie fragile que sont les créateurs par essence fragiles, sans défense. Bien sûr, comment ne pas voir dans ces œuvres parfois sombres mais brillantes les lumières scintillantes des astres ou plutôt des pluies de météores, la queue flamboyante d’une comète, comment ne pas y voir l’exacte image de ses obsessions, la mort et la vie : la mort, dont il sait qu’elle est proche et la vie, forcément vécue sur une scène éclairée par les lumières de la gloire, comme ses amis les Rolling Stones qui enflamment tout ce qui les entoure.

Kamikaze, fin du monde, c’est le titre d’un de ses tableaux, pourquoi ? Parce que « quitte à en finir, au moins finir en beauté, en kamikaze ». Avec Kamikaze Rock, son avant-dernière période, il peint uniquement avec des paillettes sur fond uni. Ne serait-ce pas la fin du spectacle, le rideau qui tombe sur la scène ? Eh bien non, encore un sursis. Il utilise à nouveau de la couleur, « et il n’est pas dit que je ne me mette pas à faire des tableaux sans paillettes, rien qu’avec la couleur, ce qui a aussi son charme et puis c’est bien de se renouveler, de changer ».

Pastel Vortex c’est, après Kamikaze Rock un losange dans le rectangle, un jeu d’une série qui explore un sujet unique, mais en le renouvelant et en une seule nuit, il avait fait la moitié des dessins. Car Malaval est attaché à la notion de rapidité dans l’art, quitte à passer beaucoup de temps à préparer le travail. Pour le dernier round, peindre à côté du public avec les réactions de l’assistance. La proposition de peindre sur place, c’est lui qui l’a faite à Créteil. Cette expo a été faite très vite. C’est pourquoi elle s’appelle expo pirate, faite de bric et de broc en un mois. Il l’a appelée « Attention à la peinture ».

« J’ai décidé de peindre en public mais du public il n’y en a pas tellement. Il y a des jours où il y a du monde, mais des jours où il n’y a presque personne. Je peins, l’atelier est ouvert, les gens me voient travailler mais ce n’est pas une démonstration comme j’avais fait à l’Espace Cardin. »

Cela faisait bien longtemps qu’une exposition privée ne s’était tenue à Paris, consacrée à la période des paillettes. Puisse cette présentation réveiller le Fantôme, et qu’il vienne hanter la Galerie de l’Exil pour quelque temps. »

Jacques Mauguin

Exposition Robert Malaval

Du 23 janvier au 30 avril 2012

Vernissage le mardi 7 février 2012, de 18h à 21h30

Galerie de l’Exil
18, avenue Matignon
75008 Paris

galerie-exil.com

A découvrir sur Artistik Rezo :
Agenda des vernissages en février 2012

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