0 Shares 1609 Views

John Miller – The Petrified Forest – galerie Praz-Delavallade

7 septembre 2012
1609 Vues
galerie_Praz-Delavallade

L’œuvre de John Miller se caractérise par un aspect multiforme : peinture, sculpture, photographie et vidéo. Ses travaux nous font plonger dans le maelström de la vie quotidienne et subliment la banalité avec empathie, humour et perspicacité. Dans ses séries précédentes, Miller s’est intéressé aux disparités entre le prix et le sens des choses, et a plus largement questionné la notion de valeur dans nos sociétés capitalistes. Ses projets plus récents sont consacrés aux représentations à la fois critiques et poétiques des affects émotionnels, des relations au « biopouvoir » (concept élaboré par Michel Foucault) et de son impact sur les individus. 

Pour Miller, la télévision reste la principale source de divertissement de masse. Dans la nouvelle série de « peintures-reliefs » en bois présentée dans cette exposition, Miller reprend le sujet des individus pleurant dans des émissions de télé-réalité, abordé précédemment dans la série « Everything Is Said ». L’utilisation d’une palette morne de gris et de bruns atténue le mauvais goût inhérent au mass media. Dès lors, cet ensemble de critères confère à ces images un statut d’oeuvre d’art. Pour la série des « Game Show Paintings » (1998-2000), John Miller s’était concentré sur les décors colorés des jeux télévisés qui lui semblaient en opposition au caractère interchangeable des candidats. A l’inverse, le genre de la télé-réalité semble se focaliser sur les individus et sur des situations peu ou pas mises en scènes. Cependant, John Miller choisit de représenter l’envers du décor. Pleurer est en effet devenu un atout performatif : les colères, les disputes et les crises de larmes constituent les moments forts de ces émissions. La capacité de montrer ses émotions devant une caméra semble désormais autant une prérogative pour participer à de tels programmes que le sont la personnalité et l’apparence physique. Si nous questionnons de moins en moins la provenance des images qui nous sont présentées, Miller nous rappelle que toute façon de cadrer la réalité révèle un point de vue subjectif. 

Dans l’espace d’exposition, deux papiers peints contrastent avec les reliefs. Il s’agit de tirages numériques réalisés à partir d’images de la série « The Middle of The Day », constituée de photographies représentant des sujets triviaux et prises entre 12 et 14h. Ce moment de la journée est choisi non seulement parce que le soleil y est à son plus haut niveau mais aussi parce qu’il est traditionnellement consacré à la pause-déjeuner; une période finalement mal définie qui se situe en dehors des heures habituellement dévolues au travail et aux loisirs. Avec ces images, John Miller réussit à réintégrer la réalité sociale et quotidienne dans l’espace d’exposition et l’oppose ainsi à l’artifice télévisuel présenté au travers des reliefs. 

Il s’agit de la quatrième exposition personnelle de John Miller à la galerie Praz-Delavallade. En ce moment son travail est également présenté dans des expositions de groupe à la Rubell Family Collection à Miami et au Palais de Tokyo à Paris. En 2011, Miller fut le lauréat du Prix Wolfgang Hahn. En 2009, la Kunsthalle de Zurich a organisé une exposition rétrospective de son travail, s’accompagnant de la publication d’une importante monographie par JRP-Ringier. Miller a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles au Museum Ludwig, Cologne (2011), au Musée d’Art Moderne et Contemporain, Genève (2004), au Magasin, Grenoble (1999) et au Kunstverein de Hambourg (1999). Il a également participé à des expositions collectives majeures au CAPC, Bordeaux (2010-2011), au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, Madrid (2010) et au MoMA PS1, New York (2006). Son travail a été inclus dans la Gwanju Biennale en Corée du Sud (2010) ainsi qu’à la Biennale du Whitney Museum à New York (1991). Une nouvelle anthologie de ses écrits critiques sera publié en septembre 2012 (The Ruin of Exchange, JRP-Ringier).

John Miller – The Petrified Forest

Du 8 septembre au 11 octobre 2012
Du mardi au samedi, de 11h à 19h

Vernissage le 8 septembre 2012

Galerie Praz Delavallade
10, rue Duchefdelaville
75013 Paris

www.praz-delavallade.com

Articles liés

Dans le cadre du Festival Off Avignon, “Elle ne m’a rien dit” traite le féminicide
Agenda
77 vues

Dans le cadre du Festival Off Avignon, “Elle ne m’a rien dit” traite le féminicide

Ce spectacle est né de la rencontre entre Hager Sehili et Hakim Djaziri, auteur et metteur en scène de la pièce. Elle ne m’a rien dit furent les premiers mots qu’Hager a confié au metteur scène en parlant de...

Dans le cadre du Festival Off Avignon, “Le Cabaret de Carolina” présente l’art de l’humour musical
Agenda
74 vues

Dans le cadre du Festival Off Avignon, “Le Cabaret de Carolina” présente l’art de l’humour musical

Artiste multifacette, Carolina est tout à la fois chanteuse, comédienne et animatrice. Mais, c’est dans la chanson et le spectacle vivant qu’elle atteint son plaisir paroxystique. De concert en concert, elle a développé un répertoire populaire qui touche toutes...

Dans le cadre de Festival Off Avignon, Pierre Notte présente “J’ai raté ma vie de tapin en voulant faire l’acteur”
Agenda
100 vues

Dans le cadre de Festival Off Avignon, Pierre Notte présente “J’ai raté ma vie de tapin en voulant faire l’acteur”

“Il s’agit d’un récit, ou d’une confession, comme une ultime part dévoilée, la plus sensible et terrible, la plus vraie de toutes. La prostitution, les métiers d’acteur, d’auteur, les prostitués et ceux qui les emploient, ce paradigme (ou protocole)...