0 Shares 1493 Views

Philippe Mayaux – Le Destin des fantômes – galerie Loevenbruck

15 mars 2012
1493 Vues
Loevenbruck

En général, c’est en tronçonnant qu’on y arrive d’ailleurs. Le monde actuel est si finement découpé qu’on peut aisément, outre se faufiler au travers avec plaisir, l’embrocher ici ou là en lamelles et fibrilles, ce qui fait la joie des scientifiques que nous sommes, chacun dans son labo et à notre échelle de recherche. Ainsi, le jour idoine de la soutenance, ledit Félix Archimède en question trompeta, au mp3, en effet dans une baudruche blanchie. Cette paraffine copieusement étalée sur divers organes qui avaient eu la délicatesse de se laisser modeler/mouler, mus par leur élan physiognomonique, suscita d’abord le doute, reconnaissons-le, des divers membres réunis du jury, leurs visages légèrement crispés. Chacun soclé dans son attitude prédicative, dictatoriale, professorale ou mercantile, s’écoutait sereinement parler en boucle tel un disque d’admiration sataniste.

Puis comprenant rapidement que manu militari intuitu ils risquaient fort, en tant que molécules prébiotiques dans l’océan sans vie, de se retrouver recomposés aussi sec, ces idéaux-types optèrent pour une métamorphose unicellulaire primitive, donnant raison à certaines prémisses du raisonnement maïeuticien. Philippe Mayaux apporte sa pierre de touche renouvelée, mais en vrai silicone, à la vieillissime théorie obsolète – et par là bien utile – de la génération spontanée.

En effet, les petits animaux artistiques, on le sait, naissent d’un tas de chiffons, de l’air ambiant extérieur et les feuilles de l’arbre tombent au sol, se transforment en oiseaux, de même qu’elles accouchent au fil de l’eau des poissons ou des idoles, lesquels sont amphibies et flottent aussi, quand ce ne sont pas les asticots qui sortent joliment d’un morceau de viande appétissant, d’un foie de veau trop rosé. Les microbes font levure et l’expérimentateur a plaisir à tripoter ses hypothèses internes, conscientes et très conscientes, rendant bien pénible le travail de qui voudra alors par la suite les reproduire avec l’esprit de sérieux nécessaire à la perpétuation scientifique dans l’âme.

Les théories et pratiques s’agglutinent et, fatalitas, ces mêmes arts majeurs miniaturisés, peinture d’histoire mais sculptée dans le gruyère, tutti frutti aux alentours et au format Voyage Fantastique à la Richard Fleischer en pleine Guerre Froide réenactée par le Printemps arabe s’inversent. C’est que statistiquement ces mêmes propriétés artistiques qui ne devraient plus y être s’incrustent, font mémoire de l’eau (dont le boom médiatique à la fin des années 80 correspond à celle d’une génération fourbissant ses armes à la Villa Arson, autre source jaillissante).

Magnifique ou néfaste baliverne dont Félix Archimède extrait et injecte à la Jurassic Park de sa petite personne l’ambre intime dont à coup de judicieuses piqûres de moustique il nous démontre. Ainsi en va-t-il de la disputatio du fossile en art qui perdure dans nos sociétés où l’air raréfié heureusement ne manque jamais. Est-il une escroquerie, une controverse, la dernière encore possible, un carottage insertif et réceptif à la fois qui ferait le bonheur assuré du regardeur et de sa légitime paresse ? Est-il inclus, exclu, résonnant ? Excavé, souterrain comme une énergie, ressurgit-il alors quoi qu’on touche, assemble, colle, ajoute ?

Tout n’est-il que trace, contact, dent de civilisation, coque d’uréthane extrudé en souvenir ou de blister à propension cancérigène et autre phtalate comme celui qui entoure le Nutella et finit par creuser dans la nature sa roche sédimentée ? Ici le fossile mâle s’alliant comme il se doit au faux-cil, à l’ombre martelée du symbole, nous oblige à réexaminer la calcite de nos techniques toujours plus heureuses de compilation et intrusion. Le germe rance était bien là, mais ne fait-il pas poison aussi ? Et Mayaux de nous contraindre à contempler le lombric priapulien dans la pomme à générescence surréaliste tout en parvenant à dégager la pulpe de la peau de banane sans en avaler le pépin. Ni problème ni scrupule, car l’art, quelle que soit la brièveté des liaisons qu’il fricote, retient dans ses réseaux ordonnés de molécules une nanoseconde de fraction, tandis que, merveilleusement étranges, ses objets durent, durent, durent (ou bien mous, mous, mous). »

JM. Ecrivain.

Philippe Mayaux – Le Destin des fantômes

Du 16 mars au 28 avril 2012
Du mardi au samedi, de 11h à 19h et sur rdv

Vernissage le jeudi 15 mars 2012, à partir de 18h

Galerie Loevenbruck
6, rue Jacques Callot
75006 Paris

www.loevenbruck.com

A découvrir sur Artistik Rezo :
Agenda des vernissages à Paris en mars 2012

Articles liés

Dans le cadre du Festival Off Avignon : La Compagnie Les Milles Portes présente “Rallumer Les Lucioles” au Théâtre de L’Optimist dès le 29 juin !
Agenda
68 vues

Dans le cadre du Festival Off Avignon : La Compagnie Les Milles Portes présente “Rallumer Les Lucioles” au Théâtre de L’Optimist dès le 29 juin !

L’écriture de cette pièce part d’une envie de voir la magie de chacun s’exprimer, quelle que soit la forme qu’elle puisse prendre. Mais aussi, de rendre au monde son relief, son imprévisibilité, son caractère à la fois rugueux et...

Dans le cadre du Festival Off Avignon, “La Force du Coquelicot” est une pièce pleine de vie
Agenda
58 vues

Dans le cadre du Festival Off Avignon, “La Force du Coquelicot” est une pièce pleine de vie

« Il y a des textes qui vous replongent dans les premiers frissons, les premiers souvenirs de se sentir vivant au théâtre. De se dire qu’il est possible de rêver tous ensemble, au même moment, pas pour les mêmes...

Avec ORIGIN, Pébéo lance sa nouvelle gamme révolutionnaire d’acrylique éco-conçue
Agenda
83 vues

Avec ORIGIN, Pébéo lance sa nouvelle gamme révolutionnaire d’acrylique éco-conçue

Cette année, Pébéo lance sa nouvelle gamme révolutionnaire Origin, la première gamme acrylique éco-conçue. Entre innovation constante er approche éducative, Pébéo est un fabricant de couleurs au service des artistes de tous   les âges depuis plus de 100 ans....