0 Shares 2993 Views

Gérard Stricher – galerie Schwab Beaubourg

7 novembre 2012
2993 Vues
Gérard Stricher - galerie Schwab Beaubourg

Autodidacte issu d’une famille d’artistes, brillant ingénieur se rêvant peintre, Gérard Stricher le devient en 2007 lorsqu’il expose pour la première fois ses toiles à l’Espace Commines. Il se rend aux Etats-Unis, rencontre collectionneurs et galeristes sans abandonner pour autant le marché de l’Art parisien.

Il n’est jamais facile de rattacher la créativité d’un artiste à une école, le critique d’art tombant facilement dans l’erreur de la « surinterprétation ». Néanmoins, il est possible d’affirmer que les œuvres de Gérard Stricher (Le Borgne et le papillon, huile sur toile, 1,46 x 1,14 m ; Le Cri, huile sur toile,  1,46 x 1,14 m ; Vent d’automne, huile sur toile, 1,3 x 0,97 m) s’inscrivent dans la continuité de l’Histoire de l’art occidental dont les points de repère sont la Querelle du Coloris opposant Rubens à Poussin, l’intériorité du sujet exaltée par les Romantiques européens du XIXe siècle et, à la veille de la Première Guerre Mondiale, le rejet audacieux de l’académisme figuratif par Braque, Picasso et Kandinsky.

Faut-il donc lier l’art de Stricher à l’abstraction lyrique ? La réponse se doit d’être nuancée lorsqu’on contemple successivement Intérieur rouge (huile sur toile, 1,00 x 0,73 m) et La petite Lily (technique mixte sur papier,  0,46 x 0,61 m). La première composition évoque l’évolution progressive de Kandinsky (1896-1914) vers un art de pure intériorité, indifférent aux exigences de l’espace et « aniconique ». Ce dégradé subtil de bleus, oranges et rouges violacés pourrait symboliser les différents états d’âme de l’Homme ou alors il ne signifie rien ! Quant à la seconde, elle se rapproche de l’œuvre précédemment décrite par le talent de coloriste que s’avère être Stricher. Néanmoins, il nous est facile de reconnaître le visage d’une fillette — à moins que ce soit une espiègle jeune femme ? — au visage incliné vers la droite. Ce parti pris de représenter un visage aux contours peu affirmés, vu de face ou trois-quarts, se concrétise dans La Gitane (huile sur toile, 1,9 x 1,58 m), L’Amant de Blanche-Neige (huile sur toile, 1,46 x 1,14 m), ainsi que La Tête de Shaman (huile sur toile, 1,46 x 1,14 m). Le « non-sujet » qui caractérise ses œuvres atteste non pas le goût du peintre pour le portrait mais celui pour les passions dont les expressions sur la figure humaine en sont les traces !

L’œuvre de Gérard Stricher résume bien la dialectique de l’art occidental : l’abstrait au détriment de la figure mais sans la renier durablement et la liberté d’abolir les lois « classiques » de l’esthétique pour l’accomplissement de l’Art. Stricher est travaillé par cette tension. Quoi de plus éloquent que ses toiles ?

François Terriez

Galerie Schwab Beaubourg
35, rue Quincampoix
75004 Paris

www.galerieschwabbeaubourg.com

[Visuel : Gérard Stricher, Antares. Huile sur toile. 114×146 cm]

Articles liés

Concerto pour violon de J. Brahms à la Salle Gaveau
Agenda
92 vues

Concerto pour violon de J. Brahms à la Salle Gaveau

Pour les amoureux de concert classique, la Salle Gaveau nous promet de la haute qualité avec un nouveau concert en mais avec J. Brahms et l’orchestre de CRR de Paris.  Au programme :  J.BRAHMS Concerto pour violon en ré...

Récital de piano avec Barry Douglas à la Salle Gaveau
Agenda
93 vues

Récital de piano avec Barry Douglas à la Salle Gaveau

Médaille d’Or du Concours Tchaïkovski en 1986, Barry Douglas se produit en récital sur toutes les grandes scènes du monde – du Royaume-Uni au Mexique, des PaysBas aux États-Unis. Il est l’invité de prestigieux orchestres, parmi lesquels le BBC...

Un « Dom Juan » sulfureux et maudit à l’Odéon
Spectacle
212 vues

Un « Dom Juan » sulfureux et maudit à l’Odéon

Projetant la pièce de Molière au 18° siècle, sous la tutelle du Marquis de Sade, Macha Makeïeff fait de cet anti-héros un prédateur sulfureux et languissant, interprété avec brio par Xavier Gallais dans un décor unique. Une course à...