0 Shares 7085 Views

Borondo – interview

18 mars 2013
7085 Vues
Borondo

D’où venez-vous ?

J’ai commencé comme tout le monde, en dessinant, quand j’étais enfant. Mais alors que la plupart des gens arrêtent en grandissant, j’ai continué — pour moi c’est l’aliment de l’âme. J’ai toujours été fasciné par les murs. Je me rappelle, enfant, avoir été très absorbé par le couloir de ma maison… Petit, j’ai aussi passé beaucoup de temps dans les rues, à jouer, pour moi c’était le lieu d’une vraie communication, et je crois que mon rapport à l’espace public vient de là. Déjà, je regardais tous les murs, tous les petits graffitis, même s’il n’y en avait pas beaucoup, parce que j’ai grandi dans une toute petite ville. J’ai commencé à faire des graffitis à mon tour, dans la rue, et sur des trains.

Comment êtes-vous passé du graffiti à des silhouettes humaines ?

Borondo - interviewJe suis allé à Madrid, et j’ai commencé à m’intéresser à l’idée de trouver un mode de communication plus large, plus ample. Tout en continuant les graffitis, j’ai appris des techniques traditionnelles, comme la peinture à l’huile, le fusain, etc… J’ai étudié aux Beaux-Arts à Madrid, mais j’ai arrêté, je trouvais que j’apprenais plus en travaillant par moi-même, en voyageant, en peignant. Peu à peu, je suis parvenu à ce langage plus classique, figuratif, dans l’espace public. Au début, je n’avais pas beaucoup d’information sur ce qui se passait sur la scène street art. C’est un peu après que j’ai vu le travail de Banksy ou de Blu, mais surtout celui d’Ernest-Pignon Ernest, dont la découverte m’a beaucoup impressionné.

Vos personnages dans des cabines téléphoniques, c’est une référence à son travail ?

Oui, c’est un hommage, même si ma technique est différente, puisque je peins le verre avant de gratter cette surface ce peinture, ce qui est aussi une façon de jouer avec la lumière. Il est l’un des premiers à avoir instauré un dialogue entre l’œuvre et le lieu, les murs, l’atmosphère… C’est ce dialogue que je cherche. Utiliser des bombes de couleurs vives, c’est un peu comme faire partie de ce système de publicité à outrance, de matraquage… Rendre la rue encore plus stridente, encore plus criarde qu’elle ne l’est, très peu pour moi !

Est-ce que vous pensez à l’histoire des lieux que vous investissez ?

C’est plus instinctif. Je travaille davantage sur l’esprit d’un lieu que sur son histoire, je ne fais pas de recherches sur ce qui s’est passé à tel ou tel endroit. Mais dans un lieu, tu ressens certaines choses, et c’est ce qui me guide, m’inspire.


BorondoVous avez expérimenté de nombreuses techniques différentes : rouleaux, pinceaux, peinture grattée sur verre…

Même si j’ai appris les techniques traditionnelles, ce qui me plaît le plus, c’est la recherche, m’amuser avec les matières. Ce qui est merveilleux, dans la rue, c’est de se demander sans arrêt comment faire : comment faire pour poser à tel endroit, transporter son matériel, agir vite… Cela donne des idées sans arrêt ! S’adapter constamment, je trouve ça très beau, c’est un jeu permanent ! Il y a une dimension de performance : pas seulement l’œuvre, mais l’acte.

Récemment, vous avez eu plusieurs expositions en Italie et en Espagne, puis aujourd’hui à la galerie Itinerrance. Les choses vont vite ?

En deux ans, c’est vrai, tout s’est un peu précipité… La galerie, c’est un autre type de travail, qui peut me donner les moyens de continuer à travailler dans la rue, et d’expérimenter d’autres choses. Ce qui me plaît le plus dans une exposition, c’est l’installation, ce moment où l’on commence à créer un lieu, à redessiner un autre espace. Cela permet de prendre le temps de réfléchir, de tester ses propres idées. Mais pour moi, ce sont deux recherches différentes, je ne veux pas copier en galerie ce que je fais dans la rue. J’y vais doucement, je veux continuer à jouer, à voyager…

Propos recueillis par Sophie Pujas

Exposition de Borondo

Jusqu’au 13 avril 2013
Du mercredi au samedi, de 14h à 19h

borondo.blogspot.fr

Galerie Itinerrance
7 bis rue René Gosciny
75013 Paris, .

www.itinerrance.fr

[Visuel : courtesy Galerie Itinerrance]
 

Articles liés

“Tehachapi” : JR revient avec “un manifeste du pouvoir de l’art” qui sort au MK2 le 12 juin
Agenda
54 vues

“Tehachapi” : JR revient avec “un manifeste du pouvoir de l’art” qui sort au MK2 le 12 juin

“Dans un monde de plus en plus divisé, où chacun possède sa propre vérité, et où le dialogue semble parfois impossible, comment l’art peut-il changer les choses ? Je me suis rendu pour la première fois dans la prison...

Les festivals de l’été 2024 à ne pas manquer : La sélection ArtistikRezo !
Musique
82 vues

Les festivals de l’été 2024 à ne pas manquer : La sélection ArtistikRezo !

Nous sommes tout juste aux portes du mois de juin, l’été n’a pas encore pointé le bout de son nez que la saison des festivals a déjà commencé ! Terrasses, soleil et surtout musique, nous y sommes presque !...

L’ensemble Castelkorn en concert le 11 juin au Temple du Luxembourg ! 
Agenda
124 vues

L’ensemble Castelkorn en concert le 11 juin au Temple du Luxembourg ! 

Remontez dans le temps à l’occasion de la sortie de son disque “Labyrinthe Garden”, l’ensemble Castelkorn sera en concert le 11 juin à Paris, au Temple du Luxembourg !  Un programme de pièces profanes pour violon et basse continue issues du...