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Erik Samakh, entre nature et sculpture – Musée Rodin

3 juillet 2013
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Erik Samakh se définit lui même comme un « chasseur-cueilleur », d’images et de sons, qu’il capte, enregistre ou déploie depuis plus de 25 ans dans des espaces naturels. Son travail se nourrit d’un dialogue constant avec la nature, dans une démarche qui mêle une forme de rapport archaïque au vivant à une extrême sophistication des dispositifs techniques mis en place. Il s’agit toujours pour l’artiste de faire agir et réagir hommes et paysages, de mettre les sens en éveil, de troubler ou de décaler notre perception des lieux.

Tirant parti de l’esprit des lieux propres au musée Rodin et en particulier à son jardin, Erik Samakh crée pour l’occasion deux grandes installations originales, qui sont autant de réponses de l’artiste à la fois à cette nature urbaine et domestiquée mais si poétique qui est celle du jardin, et à la sculpture de Rodin.

Des voix, les ifs, installation sonore présentée autour de la Cour d’Honneur, poursuit ainsi le travail mené depuis toujours par l’artiste sur la matière sonore, sur sa capacité à produire à elle seule du sens ; mais au contact de l’oeuvre de Rodin, le travail se déplace légèrement . Habitué à « chasser » les sons produits par les animaux et leurs mouvements, Erik Samakh se tourne cette fois vers l’humain, et vers la voix. Mettant à contribution les voix féminines du personnel du musée Rodin, l’artiste utilise comme matière leurs respirations, rires, sourires, chuchotements pour élaborer une création sonore spatialisée. Celle-ci se déplace dans les ifs qui entourent le Penseur et les Trois Ombres de Rodin, évoquant des présences féminines. Tout en bouleversant notre perception habituelle des lieux, Erik Samakh vient aussi répondre à sa façon avec ces présences fantomatiques à la matérialité de la sculpture de Rodin, et à son rapport à la figure, au modèle.

Partant de la Cour d’Honneur pour essaimer dans tout le jardin, l’installation Pierres de Lucioles vient poursuivre cette traversée du lieu : dix blocs de pierre naturelle, tous émaillés des fameuses « lucioles » solaires de l’artiste, certains laissés en l’état, d’autres recouverts de mousse sont comme autant de sculptures brutes semblant tombées du ciel ou écloses au coeur du jardin. Les « lucioles », récurrentes dans le travail de l’artiste, viendront éclairer le jardin et ses sculptures, dans les zones ombragées ou à la tombée du jour. Pensées spécifiquement pour le musée Rodin, ces pierres étranges viennent s’inscrire dans une lignée de travaux plus anciens : Pierre Sonore, Pierre à Lézard, Equilibre d’un lézard sur une pierre etc. Elles soulignent la douceur et la poésie du jardin, mais dérangent aussi sa perception habituelle et y rendent plus complexe le rapport entre sculpture et espace naturel : le lien se tisse entre les bronzes de Rodin et la mousse des pierres, comme une patine, entre le jardin tout entier et ces petits jardins miniatures, entre la pierre brute du Portugal et les blocs de marbre non finito de Rodin. Le contraste s’affirme entre la couleur et la brutalité du granit et le raffinement des fontes en bronze, ou la blancheur éthérée des marbres.

Erik Samaakh, entre nature et sculpture

Du 18 mai au 29 septembre 2013
Du mardi au dimanche de 10h à 17h45
Nocturne tous les mercredis jusqu’à 20h45

Plein tarif : 9€ // Tarif réduit : 5€ (18-25ans)

Musée Rodin
79, rue de Varenne
75007 Paris
M° Varenne

www.musee-rodin.fr

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