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Métamorphoses, un film de Christophe Honoré

20 août 2014
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Métamorphoses

De Christophe Honoré

Avec Amira Akili, Sébastien Hirel, Damien Chapelle…

Durée: 102 min.

Sortie le 3 septembre 2014

Sortie le 3 septembre 2014

Devant son lycée, une fille se fait aborder par un garçon très beau mais étrange. Elle se laisse séduire par ses histoires, des histoires sensuelles et merveilleuses où les dieux tombent amoureux de jeunes mortels. Le garçon propose à la fille de le suivre. Métamorphoses est une adaptation libre des Métamorphoses d’Ovide.

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Entretien avec Christophe Honoré, par Sophie Dulac Productions (extraits)

MétaMorphoses semble avoir peu de liens avec Les Biens-aimés, votre film précédent…

J’ai souvent éprouvé l’envie de construire un nouveau film contre le ou les précédents. Après avoir travaillé sur le romanesque avec des acteurs connus, après avoir assumé de citer des grands modèles, j’ai eu le désir de me retrouver sur un territoire complètement différent, assez inédit pour moi. J’avais besoin d’échapper au romanesque, au récit de personnages, qui suit les évolutions biographiques et psychologiques de chacun. Je pense que j’ai voulu me débarrasser des personnages, au sens traditionnel du terme. Sans doute que le travail effectué pour Nouveau Roman, le spectacle – créé au Festival d’Avignon 2012 – que j’ai mis en scène autour des textes, dessituations, des écrivains du Nouveau Roman, a joué son rôle dans cette volonté de raconter autrement autre chose. Les écrivains du Nouveau Roman ont tenté précisément d’échapper à la fatalité des personnages et des récits narratifs. Pour reprendre une expression de Nathalie Sarraute, j’ai essayé de mettre du «soupçon» sur mon film précédent.

metamorphoses_c_jean_louis_fernandezC’est une volonté de changer d’air ?

Il s’agit plutôt de trouver une autre forme, qui puisse interroger mon propre travail… Tenter de suivre une forme, qui s’est imposée comme une nouvelle manière de fabriquer un récit et de montrer des corps. Lors de la tournée théâtrale de Nouveau Roman, je lisais le dernier roman de Russell Banks, Lointain souvenir de la peau ; il a placé en exergue une citation d’Ovide : «Je me propose de dire les métamorphoses des formes en des corps nouveaux.». J’ai pris cette phrase comme un programme, et je suis retourné aux sources en relisant Les Métamorphoses. Cette phrase a résonné en moi : j’y ai vu la définition même du cinéma, du moins d’un cinéma possible, et une incitation directe à tenter moi-même l’expérience. C’est une question que je me pose régulièrement : qu’est-ce qui m’attire au cinéma, sinon de métamorphoser le réel en quelque chose de nouveau ? Il y avait là un défi qui m’intéressait, ce qui, à la suite du travail sur Nouveau Roman, pouvait me permettre d’échapper à l’illusion réaliste. Puisque la restitution réaliste n’était pas l’enjeu du film, cela m’autorisait à aller voir du côté des mythes grecs racontés par un Romain.

Vous aviez des souvenirs d’ovide ?

Des souvenirs de classe, uniquement. En 5e et 4e, dans les cours de latin, les versions d’Ovide. Je trouvais cela beaucoup plus amusant que Les Lettres de mon moulin, et cette culture greco-romaine m’avait beaucoup séduit et m’a guidé plus tard dans nombre de mes lectures. Mais je n’avais pas d’autres souvenirs : il n’y a pas de films, pas d’actualité culturelle d’Ovide. Pourtant, ces mythes sont des histoires connues de tous, du moins dans leurs grandes lignes : Narcisse, Pan, Orphée, Jupiter, Europe, voici les matrices originelles de nos récits, encore de nos jours.

Comment avez-vous travaillé ?

Les Métamorphoses, c’est énorme, il y a plusieurs centaines de fables, et je n’allais bien sûr pas pouvoir tout conserver. Mon premier souci fut de choisir les épisodes qui me permettraient de composer un seul récit, de sélectionner ce qui pouvait entrer dans ce que je voulais raconter. J’ai pris une vingtaine d’histoires pour construire une ligne narrative. A l’intérieur de chaque histoire, je reste fidèle à Ovide ; ce que je travaille davantage, ce sont les enchaînements, les enchâssements : je souhaitais passer d’une histoire à une autre en choisissant les bonnes personnes.

metamorphoses_jean_louis_fernandezQuel est le fil rouge narratif de votre film ?

Je me suis concentré sur la confrontation des dieux et des mortels, selon trois temps. D’abord, la rencontre avec Jupiter, qui attire Europe, et se raconte : c’est l’autoportrait de Jupiter en séducteur, en pygmalion, en initiateur. Ensuite, vient Bacchus, et tout porte là sur la croyance : il faut croire au récit des dieux, puisqu’ils peuvent se venger de l’impiété de certains hommes ou de certaines femmes. Enfin, arrive Orphée, et je le suis dans son prosélytisme, son enseignement, son prophétisme. Une secte se constitue autour de lui, jusqu’à la mort, forcément violente, dont le fer est porté par les bacchantes. Pour lier ces trois moments, je cherchais un point de vue porté par une personne qui unirait l’ensemble selon un fil rouge : j’ai imaginé Europe comme cela, une très jeune femme initiée par ces trois personnages différents, qui les regarde, les suit, et raconte son expérience, ses rencontres avec les dieux, avec les mythes…L’idée était de rendre à ce personnage son innocence originelle, son premier matin.

Vous avez travaillé seul sur ce scénario…

C’est un défi personnel et je me voyais mal entraîner quelqu’un d’autre… Mais ce film est aussi une aventure de production et j’ai beaucoup discuté avec mon nouveau producteur, Philippe Martin, à toutes les étapes. Philippe est mélomane, c’est un grand amateur d’opéra, un domaine où il existe une forte familiarité avec ces mythes gréco-romains et ces récits ovidiens. Quand je lui ai proposé ce film et ce sujet, il a tout de suite été partant, ce qui n’était pas évident à première vue. Cet enthousiasme, ce risque qu’il prenait, et nos discussions, furent pour moi très stimulants.

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