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Eva Besnyö, 1910-2003 : l’image sensible – Jeu de Paume

2 juillet 2012
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En 1930, alors qu’Eva Besnyö (1910-2003) arrive à Berlin, tout juste âgée de vingt ans, avec en poche un certificat attestant sa formation dans le studio de Jozsef Pesci à Budapest, elle a déjà pris deux décisions majeures : faire de la photographie son métier, et quitter définitivement la Hongrie fasciste. Besnyö découvre à Berlin une métropole démocratique dans son mode de vie et très ouverte sur les expériences artistiques. Ayant trouvé du travail auprès du photographe de presse Peter Weller, elle sillonne la ville jour après jour avec son appareil photo, en quête de motifs sur des chantiers de construction, près du lac Wannsee, au zoo ou dans les stades.

Son sens politique très développé la pousse à quitter Berlin à l’automne 1932 pour gagner Amsterdam. Soutenue par le cercle qui gravite autour de la peintre Charley Toorop, du cinéaste Joris Ivens et du designer Gerrit Rietveld, Eva Besnyö – qui a épousé entre-temps le caméraman John Fernhout – se fait bientôt connaître du grand public. En 1933, une exposition personnelle organisée dans la galerie Van Liert, de renommée internationale, lui vaut de devenir célèbre aux Pays-Bas pratiquement du jour au lendemain. Quelques années plus tard, elle consolide sa réputation avec ses photographies d’architecture, qui traduisent en une “Nouvelle Vision” l’idée du « Nouveau Bâtiment » fonctionnaliste.

Dans la seconde moitié des années 1930, Besnyö s’engage très activement dans la politique par le biais de ses activités culturelles, en participant notamment, en 1936, à l’exposition antiolympiades « D-O-O-D » (De Olympiade onder Diktatur). L’année suivante, elle est commissaire de l’exposition internationale « foto ’37 » qui se tient au Stedelijk Museum à Amsterdam. L’invasion des troupes allemandes, en mai 1940, l’oblige, en tant que juive, à vivre dans la clandestinité. Après la guerre, elle est séduite par une vision du monde façonnée par l’humanisme, et ses photographies, stylistiquement décisives dans le développement du néoréalisme, trouvent parfaitement leur place dans l’exposition « Family of Man » (1955).

Mère de deux enfants, elle a connu — et vécu — de façon profonde et très personnelle le conflit classique pour les femmes, du choix entre l’éducation de ses enfants et la pratique de sa profession ; dans les années 1970, elle s’engage donc dans le mouvement féministe « Dolle Mina », réclamant l’égalité des droits et rendant compte avec son appareil photo des manifestations de rue.

Avec plus de 120 tirages d’époque et de nombreux documents originaux, cette première rétrospective en France vise à faire connaître au public cette artiste, cosmopolite convaincue et grande dame de la photographie néerlandaise.

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=USWXAxeJNSc[/embedyt]

Aux mêmes dates au Jeu de Paume : 
– Laurent Grasso, « Uraniborg »
– Rosa Barba, « Vu de la porte du fond »

Eva Besnyö, 1910-2003 :  l’image sensible

Du 22 mai au 23 septembre 2012
Le mardi de 11h à 21h
Du mercredi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le lundi, y compris les jours fériés

Plein tarif : 8,5 euros // Tarif réduit : 5,5 euros
Entrée gratuite pour les étudiants et les moins de 26 ans le dernier mardi de chaque mois, de 17h à 19h

Jeu de Paume 
62, rue Saint-Antoine
75004 Paris
M° Concorde

www.jeudepaume.org

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