0 Shares 1364 Views

Pia Rönicke – Dream and action find equal support in it – gb agency

6 janvier 2012
1364 Vues
gb agency

Au delà de leur parcours, l’artiste questionne les potentialités et les limites de l’art, son rapport à l’utopie. Pia Rönicke est fascinée par la manière dont le design de Gray défie les notions d’idéal. Sa façon d’inclure le contexte comme un facteur pouvant changer le concept et la fonction d’un objet et plus encore, la façon dont ils agissent sur l’espace.

Lors d’une conversation entre Eileen Gray et l’architecte Jean Badovici publiée sous le titre De l’éclectisme au doute dans la revue l’Architecture Vivante en 1929, Gray déclare : « L’afflux de la lumière et de l’air peut être régulé… comme par l’obturateur d’un appareil photo. » La maison devient ainsi un viseur, un cadre construit, à travers lequel on voit le monde.

Faisant écho à cette pensée, Pia Rönicke crée pour l’exposition une série d’écrans construits selon le même système que les paravents d’Eileen Gray. Ils fonctionnent à la fois comme des cloisons et comme des surfaces de projection. Des diapositives sont projetées sur un miroir qui est renvoyé sur un écran de papier, transformant l’image tout en altérant notre perception de l’espace.

D’autres éléments ponctuent l’exposition. Un film, tourné dans la villa E1027 joue aussi de cette ambiguïté. A travers des miroirs, la caméra enregistre le reflet du plafond comme un plan d’architecte renversé et des fragments de la maison. Les différents points de vue donnent l’illusion de marcher dans une maison différente, mais c’est la mise au point et le mouvement qui sont déformés. Lentement, la caméra poursuit les lignes, les courbes, les pièces, les creux et les marches, dans un espace aussi bien imaginaire que concret. La voix off nous guide et nous raconte la manière dont les choses ont été pensées. Les éléments et les murs flottent, le mouvement du miroir crée un rythme. L’enregistrement témoigne des différentes strates de la maison, révélant ainsi ses manques. L’artiste ne cherche pas à réaliser un documentaire de la condition actuelle de ce lieu mais recherche les raisons de sa conception.

La salle d’exposition est en partie éclairée par des lampes de papier constituées de photocopies faites par l’artiste pendant la période où elle rassemblait images et textes autour du travail d’Eileen Gray. Enfin, en référence au montage de Höch, dans lequel le reflet devient un acte politique car les femmes sont cette fois regardées et vues par d’autres femmes, Pia Rönicke réalise une série d’affiches intitulée Album, dans laquelle elle met en miroir le travail de femmes dans les disciplines du design, de l’architecture, de la performance et de l’art. Une série de collages, non montés mais photographiés, sont également présents dans l’exposition.

Pia Rönicke utilise l’assemblage comme medium et prolonge ainsi la tradition du montage Dada. Des films d’animation des oeuvres les plus anciennes, à la re-création d’objets design plus récents, l’artiste revisite notre histoire moderne et fait appel à la mémoire. Chacun de ses projets associe textes, mise en scène spatiale, production d’objets, films et révèle sa fascination pour l’utopie moderniste tout en soulignant son caractère désenchanté.

Pia Rönicke – Dream and action find equal support in it

Du 7 janvier au 18 février 2012
Du mardi au samedi, de 10h à 13h, de 14h à 19h

Vernissage le 7 janvier 2012

gb agency
18, rue des 4 Fils
75003 Paris
M° Rambuteau

www.gbagency.fr


A découvrir sur Artistik Rezo :
Agenda des vernissages en janvier 2012

Articles liés

« Don Quichotte » à l’Opéra Bastille ou le rêve de sauver le monde
Spectacle
96 vues

« Don Quichotte » à l’Opéra Bastille ou le rêve de sauver le monde

Après le superbe ballet de Rudolf Noureev présenté il y a un mois, voici l’opéra de Jules Massenet dans une nouvelle production dirigée par Patrick Fournillier, mis en scène par Damanio Michieletto, avec un Don Quichotte à la mélancolie...

« Place de la République » ou le théâtre en suspension de Clément Hervieu-Léger
Spectacle
219 vues

« Place de la République » ou le théâtre en suspension de Clément Hervieu-Léger

Dans la plus petite salle du Lucernaire, le Paradis, une jeune femme attend assise sur un banc de la Place de la République. Un homme plus âgé survient et la prend en photo. Ces deux-là n’attendent pas Godot comme...

“Terrasses” : le chant des morts et des vivants de Laurent Gaudé à la Colline
Spectacle
287 vues

“Terrasses” : le chant des morts et des vivants de Laurent Gaudé à la Colline

Le 13 novembre 2015, la salle de spectacle Le Bataclan a été le théâtre d’un massacre total perpétré par des tueurs jihadistes. Une centaine de morts, plus de quatre cents blessés, dans une salle bondée de 1200 jeunes gens...