0 Shares 1316 Views

Sabine Moritz – galerie Marian Goodman

22 mars 2013
1316 Vues
Galerie Marian Goodman

Ce travail a été initié au moment des attaques du 11 septembre 2001. Sabine Moritz se trouvait alors dans un vol pour New York qui dût être dévié vers la Nouvelle Ecosse au Canada, pour une escale forcée de quelques jours. Depuis ce lieu étranger, elle a suivi comme chacun les répercutions de l’événement dans les médias. La mutation actuelle de la nature des conflits influencera dès lors sa pratique artistique.

A l’exception de Gelbes Kleid I et II (inspirées d’une photographie des années 40 de Robert Capa), toutes les peintures de l’exposition ont été créées à partir de photographies découpées dans la presse au cours de ces dix dernières années. Ses peintures sont, pour ainsi dire, des réinterprétations de l’actualité puisque Moritz ne cherche pas à documenter la guerre mais s’attache plutôt à représenter les moments de trêve et des scènes intimes au cours des conflits armés. A partir d’images documentaires, Moritz donne à voir des scènes fictionnelles détachées de tout contexte historique. C’est avant tout l’atmosphère en temps de guerre qui transparaît de cet ensemble d’œuvres sur toile.

« Au contraire, elle affirme son désir de libérer les motifs de leur histoire immédiate et des mots qui les accompagnent. Dans ses peintures, elle ne s’attache pas à la spécificité des incidents, des personnes, des guerres ; ses toiles reflètent plutôt des phénomènes historiques plus vastes, tels que les nouvelles guerres de notre temps et, par extension, la guerre froide. » (1)

L’absence totale de violence, de scènes de combat, de vision d’horreur caractérisent les peintures de guerre de Sabine Moritz. Ce parti-pris n’empêche pourtant pas la perception d’une violence ténue et imminente, d’une tension latente rendue par l’omniprésence des engins de guerre, des armes, des uniformes militaires…

« Les hostilités sont interrompues dans toutes ses peintures de guerre, parfois – ainsi dans Mantel et Handschuhe (Zigarette) – pour un seul instant, semble-t-il ; pour plus longtemps, en général. A cette fin, Moritz peint ce qui est souvent considéré comme étant en marge de la guerre, mais qui en est partie intégrante, en réalité : le temps qui précède, suit les actions de combat ou s’intercale entre elles. En dépit de leur nature prétendument périphérique, ces moments peuvent recéler une grande concentration. » (2)

La mise à distance de l’actualité immédiate, la représentation anhistorique de la guerre et le refus de livrer au regard une violence explicite, donnent aux scènes de guerre peintes par Sabine Moritz un caractère indéterminé et flottant, nous renvoyant à un espace-temps interstitiel qui s’apparenterait aux Limbes.

Une sélection de près d’une soixantaine de dessins au fusain, graphite et pastel est également présentée au sous-sol de la galerie. Presque tous datés, ils rendent compte de sa pratique régulière du dessin et constituent une forme de journal intime.

Les premières séries de dessins de Sabine Moritz sont autobiographiques. Dans le cycle « Lobeda » (1991-1992), elle a dessiné de mémoire les lieux de son enfance passée dans la petite ville de Lobeda en Allemagne de l’Est. Dans un esprit similaire, « JENA Dusseldorf » (1992-1994) est constituée de dessins inspirés de photographies des lieux qu’elle a fréquentés avant et après son arrivée en Allemagne de l’Ouest. Son enfance passée en Allemagne dans le contexte de la guerre froide l’a sans doute prédisposé à saisir la complexité des conflits modernes, qui deviendront un des sujets majeurs de ses œuvres récentes.

Sabine Moritz est née en 1969 à Quedlinburg et a grandi en Allemagne de l’Est. Avec sa famille, elle émigre à l’ouest à l’âge de 16 ans, d’abord à Darmstadt, puis à Offenbach et Düsseldorf où elle étudie respectivement à la Hochschule für Gestaltung et à la Kunstakademie. Plusieurs expositions personnelles lui ont été consacrées en Allemagne et au Royaume Uni. Sabine Moritz vit et travaille à Cologne.

Un catalogue intitulé Sabine Moritz: Limbo 2013 comprenant un texte de Christine Mehring sera publié à l’occasion de cette exposition. Cette première monographie dédiée aux peintures de Sabine Moritz compte 124 pages dont 64 reproductions d’œuvres réalisées depuis 2001.

1 Christine Mehring, « Old War, New War, Cold War: The Art of Sabine Moritz » in Limbo 2013, Marian Goodman Gallery, 2013. (Traduction française Ela Kotkowska et Agnès Clerc.)
2 Ibid

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=28uR63yCV98[/embedyt]

Sabine Moritz – Limbo

Du 22 mars au 4 mai 2013

Vernissage le 22 mars 

Galerie Marian Goodman
79, rue du Temple 
75003 Paris

www.mariangoodman.com

Articles liés

Jazz à Vienne 2024 : le lineup magique et la “all night long” de la saison !
Agenda
103 vues

Jazz à Vienne 2024 : le lineup magique et la “all night long” de la saison !

Plus qu’un concert, la All Night est une expérience unique où la douceur de la nuit rejoint la plénitude du matin. Du coucher au lever du soleil, vous danserez toute la nuit entre Amérique latine et Afrique pour créer...

Jazz à Vienne 2024 : New’Garo, un sacré hommage à Claude Nougaro
Agenda
95 vues

Jazz à Vienne 2024 : New’Garo, un sacré hommage à Claude Nougaro

L’année 2024 rend hommage à Claude Nougaro et à sa disparition le 4 mars 2004. Pour cette occasion, Jazz à Vienne, Jazz sous les pommiers, Jazz in Marciac et Les Suds à Arles présentent : New’Garo. Cette création sera...

Jazz à Vienne 2024 : Le Théâtre Antique regroupe un trio d’artistes à ne pas manquer
Agenda
94 vues

Jazz à Vienne 2024 : Le Théâtre Antique regroupe un trio d’artistes à ne pas manquer

Une soirée exceptionnelle avec la chanteuse Oumou Sangaré, véritable icône de la musique malienne, et Les Égarés, fusion de deux duos composés de Vincent Ségal, Ballaké Sissoko, Emile Parisien et Vincent Peirani. En ouverture, Nirina Rakotomavo proposera une fusion...