Isabelle Pitre : Se souvenir de la lumière…
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Isabelle Pitre : Se souvenir de la lumière… A L’ATELIER Conservation & Restauration de tableaux Ouvert du mardi au samedi de 10h à 13h et de 14h à 19h Visites sur rendez-vous au 06 60 94 82 63 |
Isabelle Pitre est maître artisan, conservatrice et restauratrice de tableaux. Dans son atelier de la rue Traversière situé en plein cœur de Paris, les toiles chinées en France et à l’étranger côtoyant les œuvres de collections privées renaissent tour à tour entre ses mains.
Restaurer la peinture est un geste exigeant, patient et modeste où l’artisan se met non seulement au service de l’artiste mais surtout à l’écoute de l’œuvre.
Un travail de proximité imposant d’emblée l’humilité nécessaire à l’ouverture d’un espace sacré dans lequel chaque rite a son importance : du premier regard balayant la toile au dernier coup de pinceau la libérant, l’artisan ne cesse d’entrer plus avant, par-delà la surface visible de l’œuvre, dans l’intimité profonde de cette matière animée dont la vie picturale demande à être révélée, à la manière d’un songe aux indices narratifs effacés.
1.Quelles sont vos racines réelles ou imaginaires ? 2.Vous sentez-vous proche de vos maîtres ? 3.Existe-t-il un espace qui vous inspire ? 4.Quelle partie du corps ou de l’être vous fascine le plus ? 5.Croyez-vous à l’existence d’un mot, d’un geste, d’un son absolu ?
De là, il convient d’ausculter l’œuvre comme un organisme vivant susceptible de réagir au contact d’éléments extérieurs qui ne feraient pas déjà partie de son anatomie propre ni de sa constitution originale. La matière de la toile, incroyablement sensible et vulnérable, peut rejeter de l’intérieur le corps qui lui est étranger comme elle peut au contraire s’y exalter et renaître alors à la lumière.
C’est dans le croisement des compétences techniques et des essences à la fois artistiques, historiques et scientifiques que se trouve le nœud du métier de la restauration d’œuvres d’art. Et ce n’est sans doute pas un hasard, confie-t-elle avec finesse, si dans sa famille, tous sont chercheurs : « Ma mère est peintre, mon père scientifique, mon frère docteur au CNAM, ma sœur au CNRS et mon grand-père était mineur ». Son atelier, le vestibule d’un laboratoire et son métier, le précipité d’une histoire de famille. D’ailleurs, Isabelle Pitre a toujours été fascinée par les histoires et vibre encore à chaque fois qu’un nouveau détail, déjà apparent ou encore voilé, vient témoigner d’un récit qui raconte et révèle autrement l’œuvre qui gît là sous ses yeux comme pour la première fois. C’est donc, en la matière, sur le modèle de l’enquête, que se produit parfois une prodigieuse découverte et sur celui de la chasse au trésor que se gagne le plus souvent une belle intuition. Elle-même tenue sans relâche par une ambition de perfectibilité, Isabelle Pitre sait par expérience qu’il faut sans cesse trouver des solutions propres à l’œuvre, autrement dit, toujours établir de nouvelles analyses, mettre au point des techniques encore inédites, ajuster les anciennes aux expériences nouvelles. Tout cela, insiste-t-elle, sans jamais se perdre, sans jamais non plus, vouloir jouer aux alchimistes. Toute imprudence, tout excès risquant à chaque instant, non plus de dévoiler et de restituer la lumière intérieure d’une œuvre, mais au contraire de la recouvrir, sinon de l’éteindre à jamais.
Isabelle Pitre, nourrissant pour les peintures qu’elle restaure un respect presque religieux et un amour tout aussi inconditionnel, ne saurait déroger aux règles sacrées du métier. C’est donc avec une égale humilité qu’elle se place toujours au niveau des œuvres elles-mêmes et qu’elle s’efface dans l’ombre des grands maîtres au profit de la lumière naturelle de leurs peintures, inclinée en mémoire de leur art.
Pour sentir cette vibration intérieure de l’œuvre répondant à la pulsion intime du maître, il suffit, confie-t-elle, de respirer, de sentir la peinture, laquelle est en retour une véritable respiration pour elle. Dans son atelier, les parfums de peinture à l’huile mélangés aux vapeurs de térébenthine rendraient presque tangible l’âme qui sature les lieux. De Lucian Freud à Nicolas de Staël en passant par Mac Avoy, tous les maîtres sont chez eux, chez elle à l’Atelier. Chacun apportant sa palette à la restauratrice déjà douée pour discerner quels pigments doivent entrer dans la composition chromatique et la teinte générale d’une œuvre. Ce talent qu’elle qualifie elle-même de « don » ne lui vient pas de nulle part mais d’ailleurs. De sa filiation dans le sillon des grands maîtres certes, mais aussi de l’empreinte reçue en partage et de la mémoire en héritage de son grand-père, un homme juste qui lui a donné les clés en lui transmettant sa force de travail et en ouvrant pour elle l’horizon du sacrifice dans lequel elle devait d’emblée s’engager pour toujours « mériter son pain ».
Une culture de l’effort qui affleure aujourd’hui dans les moindres détails de son travail et dans chacun de ses gestes rituels ménageant aplomb et subtilité, spontanéité et prudence. Quand elle suspend son métier de simple artisan pour se recueillir, avec la même simplicité, dans son espace de création privée, Isabelle Pitre s’isole entre les toiles dans son atelier. C’est dans ce lieu saint et sacré, que la peintre, à volets tirés, ouvre au touche par touche des fenêtres oniriques répondant aux fulgurances de son imaginaire pictural et poétique. Et là, plus rien n’existe. Tout se passe entre elle et la toile. La peinture est pour elle comme un appel de la terre porté par un souffle céleste et c’est avec cette force proprement tellurique et profondément contemplative qu’Isabelle Pitre s’applique à libérer l’essentiel en révélant la simplicité de la nature morte et vivante : des scènes de chantier d’atelier aux portraits de femmes de tribus africaines, Isabelle Pitre, influencée et inspirée par son travail de restauration, déploie sa gamme chromatique et met en œuvre sa technique au service de la peinture, en mémoire de l’art, en souvenir de la lumière. 20 ans au service du Patrimoine pictural et sculptural Objectif Transmettre, préserver et valoriser chaque oeuvre, en conservant à l’appui de méthodes, outils scientifiques et expériences, l’histoire et les qualités à conserver et partager des peintures et sculptures. Méthodes appliques Constat d’état – Analyses et tests ( chimiques, physiques et mécaniques) – Considération des informations et observations, relevées à l’appui d’outils complémentaires : ultra violet, infrarouge, rayon X, photo noir et blanc et couleur, lumière rasante…laboratoire d’étude… Supports conservés et restaurés Icônes, panneaux flamands, tableaux sur toile et métal ou ivoire du 15ème siècle jusqu’au 21ème siècle, fresques sur plafonds et murs, pastels, sculptures en or, bronzes terre culte, marbre, peintures sur verre, laques et porcelaines… Nora Monnet
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L’Atelier infini



