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La Horde : syndrome badass

8 février 2010
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Chaque annonce d’une nouvelle production horrifique en France s’accompagne depuis Haute Tension du même décorum critique. Remise en perspective du genre, référence systématique aux glorieuses eighties et craintes – souvent justifiées – du fan film contribuent plus ou moins à nier l’identité de toute nouvelle proposition. Et pour cause, la grande majorité de ces oeuvres s’apparente à un exercice de style poseur, façon Saint-Ange, ou à une combinaison maladroite d’influences cardinales (Humains, Mutants). Dans ce registre, La Horde accumulait a priori l’ensemble des écueils inhérents au genre made in France. A commencer par son co-réalisateur, Yannick Dahan, transfuge de la galaxie Mad Movies reconverti gardien cathodique du cinéma fantastique (Opération Frisson). Il rejoint avec Stéphane Moïssakis et Arnaud Bordas (tous deux crédités au générique de La Horde) le panthéon des jeunes turcs du bis passés derrière la caméra, souvent le temps d’une expérience malheureuse.

 

Il y a aussi ce postulat, sorte d’hybride pop du film de siège et du survival, qui voit une bande de flics mi-ripoux s’associer aux lascars qu’ils étaient venus liquider pour repousser une invasion zombie. Un argument narratif aussi restreint suggérait un énième artefact franchouillard, simple prétexte à l’exposition crâneuse d’effets chocs et de clins d’œil référentiels (Ils). Mais ce que La Horde affirme crânement, c’est son statut de première œuvre libre et irrévérencieuse.

 

Progression vidéoludique


 

 

Le film s’ouvre sur le plan rapproché du cadavre d’un inspecteur de police en état de putréfaction avancé. En contrechamp, la caméra épouse les corps témoins de ses collègues, poings fermés et regards résolus à la vengeance. Ce prologue expéditif en forme de note  d’intention trahit déjà l’énergie vindicative des deux réalisateurs. Dans la grande tradition des actionner horrifiques, ils sacrifient l’exposition des caractères à l’efficacité formelle, et s’affranchissent ainsi des obligations contemporaines du fantastique discursif. Un spectacle brut en somme, où chaque mise à mort se conclue dans un bain de sang par une punch line sentencieuse. Très inspiré par les expérimentations FPS de Rec , le film empreinte le même système de progression vidéoludique, à la faveur d’un montage dynamique et d’effets de surenchère maîtrisés (en dehors de quelques séquences stériles de shaky cam).

 

Mais à  trop vouloir revendiquer son statut d’œuvre d’exploitation, le film se compromet parfois dans les outrances commandées et les dialogues indigents à la limite de l’essai parodique. Des maladresses d’écriture révélées dans le traitement des personnages de flics tourmentés -simili Olivier Marchal- et dans un sous texte très politiquement correct (les banlieues premières victimes des zombies). Quelques écarts symptomatiques du premier film, qui ne résistent finalement pas à l’énergie désinvolte de La Horde.

 

Romain Blondeau

 

 

Lire aussi sur Artistik Rezo l’nterview de Yannick Dahan et Benjamin Rocher pour la Horde.

 

 


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