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Rétrospective Ingmar Bergman – mars 2014

5 mars 2014
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ingrid

Rétrospective Ingmar Bergman

Mars 2014

7 films du maître du cinéma suédois, figure incontournable du 7e art mondial, ressortent dans les salles ce mercredi. Une occasion de voir et revoir ces chefs-d’œuvre dans des copies restaurées qui redonnent à l’esthétique bergmanienne toute sa puissance visuelle.

Il avait la réputation d’un être colérique, torturé, manipulateur, érotomane. Il a laissé une filmographie qui porte le cinéma à l’acmé de la vocation artistique, aux confins de la sublimation de ce qu’on nomme l’art et essai. Scénariste, écrivain, homme de théâtre mais surtout cinéaste, metteur en scène plutôt car l’expression prend ici toute sa signification, Ingmar Bergman a divisé. Duras le détestait à cause de sa prétention culturelle. Godard le portera aux nues dans la revue « Art » écrivant « Bergman est le cinéaste de l’instant. Sa caméra cherche une seule chose : saisir la seconde présente dans ce qu’elle a de plus fugitif et l’approfondir pour lui donner valeur d’éternité ».

Des audaces de mise en scène, des plans travaillés comme des tableaux, des thèmes sans cesse au cœur de ses obsessions (le couple, la religion, la famille, la mort) ont fait de l’œuvre du Suédois un patrimoine mondial inestimable. Une rétrospective de 7 de ses films sort sur les écrans. Les copies superbement restaurées font éclater la magnificence de ce sens de l’esthétique, préoccupation bergmanienne s’il en est…
 

Sourires d’une nuit d’été (1955), avec Eva Dahlbeck, Gunnar Björnstrand, Ulla Jackobson, Harriet Andersson

Un des plus gros succès du cinéaste qui reçut par ailleurs pour ce film le prix de l’humour poétique au Festival de Cannes. Bergman nous convie à un dîner aphrodisiaque au cours duquel des couples se font, se défont, se refont notamment par l’entremise d’un vieux beau et de sa maîtresse historique qui lui est restée fidèle malgré le mariage de ce dernier avec une femme qui pourrait être sa fille. Film plutôt boudé des spécialistes, il n’en demeure pas moins une comédie délirante dans laquelle les comédiennes se livrent à un marivaudage de premier choix.
 

Le Septième sceau (1957), avec Max von Sydow, Gunnar Björnstrand, Bibi Andersson

Prix du Jury à Cannes en 1957, cette allégorie métaphysique qui emprunte son titre à l’Apocalypse de Saint Jean est située au Moyen-Age et suit un chevalier de retour des croisades qui rencontre la Mort sur son chemin et joue aux échecs avec elle pour reculer l’échéance. Un film qui se mérite. Son austérité narrative autant que celle des thématiques soulevées et son dépouillement ne doivent pas faire oublier la beauté des dialogues et de sa musique. Avec Max von Sydow, un des comédiens les plus fidèles du cinéaste.
 

Les Fraises sauvages (1957), avec Victor Sjöström, Gunnar Björnstrand, Ingrid Thulin, Bibi Andersson

Un docteur part assister au couronnement de sa carrière au cours d’un jubilé en son honneur. Au volant de sa voiture et accompagné de sa belle-fille, il traverse la Suède et fait le point sur son existence. Par un jeu de dédoublement cher au cinéaste, le film évoque à la fois la projection du personnage vers sa fin proche et un retour vers son enfance. Un road movie comme on n’appelait pas encore ainsi ce type de film mais à la manière de Bergman. Déstructuré, poétique et parfois terriblement cruel dans son constat existentiel. Une œuvre forte et envoûtante qui décrocha l’Ours d’Or à Berlin.
 

La Source (1960), avec Max von Sydow, Birgitta Valberg, Birgitta Petterson

Premier film d’un genre qui fera florès, le « Rape and revenge », « La Source » évoque le viol d’une enfant par deux bandits qui, pour se cacher, trouvent refuge dans la maison des parents de la victime. Très religieux, ce film, véritable chef-d’œuvre de son auteur qui pourtant le reniera, inspira notamment Wes Craven pour “La dernière maison sur la gauche ». Une mise en scène somptueuse avec un Max von Sydow viscéralement habité.
 

Persona (1965), avec Liv Ullmann et Bibi Andersson

Une comédienne est frappée de mutisme pendant la représentation d’« Electre ». Une infirmière lui parle pour tenter de renouer un dialogue et se confie, dévoilant jusqu’à sa plus fragile intimité. Considéré comme le chef-d’œuvre de Bergman par ses plus fervents défenseurs, « Persona » est, selon le journaliste Jacques Mandelbaum, le modèle de « la réversibilité des apparences, de la porosité des visages, de la dépossession absolue ». Avec ses effets de miroir poussés jusque dans des retranchements encore jamais atteints, ce film constitue une date dans l’histoire du cinéma et une référence pour de nombreux cinéastes des années 70 (de Godard à Garrel ou encore Akerman).
 

Scènes de la vie conjugale (1973), avec Liv Ullmann et Erland Josephson

Golden Globe du film étranger en 1975, ce film fut un triomphe en Suède où, présenté à la télévision en épisodes, il attira plus de trois millions de spectateurs. Presque trois heures durant, le cinéaste explore un couple sur vingt ans et en six chapitres. Un huis clos qui met le doigt sur la déshumanisation de la société moderne et dont David Jacobs, le créateur de la cultissime série « Dallas », disait s’être inspiré. Avec Liv Ullman, la plus fidèle comédienne du cinéaste.
 

Sonate d’automne (1978), avec Ingrid Bergman, Liv Ullmann

Encore lauréat du Golden Globe du film étranger (en 1979), ce film constitue une date que probablement attendaient les cinéphiles puisqu’il réunit les deux Bergman, Ingmar et Ingrid, figures emblématiques du cinéma suédois qui s’est exporté dans le monde entier. L’attente fut pour beaucoup déçue, le film étant considéré comme trop populaire en comparaison des chefs-d’œuvre des années 50. La confrontation Bergman/Ullman n’en est pourtant pas moins passionnante, la première dans le rôle d’une pianiste qui rend visite après sept ans de silence à la seconde, qui joue sa fille. Les tensions refont surface entre les deux femmes…

Franck Bortelle

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