0 Shares 3115 Views

Black Swan – film de Darren Aronofsky

11 février 2011
3115 Vues
black_swan

black_swan::

Tape à l’œil. L’expression est presque trop simple pour un film aussi boursouflé ! Elle a le mérite, néanmoins, d’être parlante, rappelant incidemment que dans le cinéma de Darren Aronofsky, les corps ont mal. Jusqu’à l’épuisement. Ou la folie. Une petite précision liminaire qui n’est pas inutile : Black Swan se présente explicitement comme le pendant féminin de The Wrestler, l’ouvrage précédent – également perclus de douleur – du réalisateur. Le second volet d’un diptyque dédié au sacrifice, en somme, ceci pour la beauté de l’art : le catch chez les garçons (volet 1), la danse classique chez les filles (volet 2, quand même, l’inverse aurait été plus audacieux !). En bref, à des années lumière des gracieux Chaussons rouges de Michael Powell – auxquels on ne peut pas ne pas penser – Darren Aronofsky vise l’électrochoc. C’est peu dire qu’il charge. Et… que l’on souffre. Aïe !

black_swan_filmOr donc, voici la jolie Nina (Natalie Portman, impressionnante, pas seulement physiquement), ballerine du prestigieux New York City Ballet qui, par la grâce d’un directeur artistique aussi ténébreux que manipulateur (excellent Vincent Cassel), se voit confier le rôle principal du fameux Lac des cygnes. Gros défi : il s’agit d’incarner à la fois la pureté du cygne blanc et la sensualité du cygne noir. Toute d’innocence et de frustrations mêlée, cette perfectionniste monomaniaque saura-t-elle ouvrir la porte à ses démons sans se perdre ? On s’interroge… peu de temps ! A grands renforts d’effets appuyés, de jeux de miroirs et de masques, de rivalités mère-fille et de confrontations entre danseuses antinomiques, on comprend vite que la dualité est le nerf de cette guerre intime. Voire le dédoublement. Voire la schizophrénie. De fait, Nina brouille ses cartes entre réel et fantasmes. Daronofsky aussi. Et nous… on soupire.

Pourtant, a priori, le thème anxiogène de la métamorphose (jusqu’à la bascule finale) accompagne assez idéalement ce genre de cinéma, trouble, tourmenté, évidemment sexué. Après tout, Black swan – et son cortège de symboles, freudiens et/ou gothiques – n’est jamais qu’une nouvelle plongée, en forme de chute, dans la psyché d’une jeune fille en passe de devenir femme. Tada… Le hic, c’est que les tourments de la sexualité féminine, vus à travers l’œilleton de Daronofsky, sont tellement hystérisés sur grand écran que l’on a juste envie… de se frotter les yeux. A moins d’être totalement sidéré par la performance de Natalie Portman – ça sent l’Oscar à plein nez – ou agréablement chahuté par l’aisance de Mila Kunis,  impossible de ne pas être agacé par les surlignages grossiers de la mise en scène (et de la musique, Tchaïkovski revisité par Clint Mansell, pfff…). Black swan, hélas, n’est pas un film complexe. C’est une expérience un peu ridicule. Et, pour finir, assez épuisante.

Ariane Allard

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=4ImE8QP0Hq4[/embedyt]

A lire aussi sur Artistik Rezo :
les films à voir en 2011
Le Lac des cygnes au Théâtre des Champs-Elysées.

Black swan

De Darren Aronofsky

Avec Natalie Portman, Mila Kunis et Vincent Cassel

Sortie le 9 février 2011

Articles liés

March Mallow dévoile son nouvel album, “The Silence”, en concert au Sunset Paris le 23 mai
Agenda
38 vues

March Mallow dévoile son nouvel album, “The Silence”, en concert au Sunset Paris le 23 mai

Un voyage dans le temps…. March Mallow partage son amour pour un répertoire emprunt de blues et de jazz des années 40/50. Inspiré par Nat King Cole, T Bone Walker et Billie Holiday entre autres, le trio remet en...

Christinia Rosmini, artiste militante, en concert le 21 mai au Studio de l’Ermitage
Agenda
41 vues

Christinia Rosmini, artiste militante, en concert le 21 mai au Studio de l’Ermitage

Artiste hors norme, éclectique et passionnée, Christina Rosmini a construit depuis le début de sa carrière un univers artistique affirmé, affranchi des repères musicaux traditionnels. A travers ses créations, nourries d’une forte identité méditerranéenne, elle nous entraîne dans son...

Gael Rakotondrabe : figure iconique du Jazz en concert au Bal Blomet le 23 mai
Agenda
53 vues

Gael Rakotondrabe : figure iconique du Jazz en concert au Bal Blomet le 23 mai

Pianiste et compositeur, originaire de La Réunion, Gael Rakotondrabe se distingue par son éclectisme et sa virtuosité. Il est le seul pianiste français à avoir été lauréat du concours international de piano du Montreux Jazz Festival, sous la présidence...