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Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? – Une comédie de Philippe de Chauveron

23 avril 2014
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Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?

De Philippe de Chauveron

Avec Christian Clavier, Chantal Lauby, Ary Abittan

Durée : 97 min

Sortie le 16 avril 2014


Le film qui s’annonce comme celui des records pour 2014. Sous la férule de TF1 et doté d’un propos où le consensuel et la démagogie se taillent les plus grosses parts, interprété de manière pantouflarde par des comédiens qui ne débordent pas d’un pouce du sillon qu’ils tracent depuis des décennies, cette production pêche par sa facilité permanente. De l’humour franchouillard comme si le cinéma s’était arrêté dans les années 70.

Un couple de bourgeois de Province dans le berceau des rois de France. Leurs quatre filles. Les trois premières ont épousé respectivement un beur, un juif et un asiatique. Lorsque la quatrième annonce qu’elle compte faire sa vie dans les règles de l’art religieux avec un catholique, les Verneuil voient dans cette union leur unique espoir d’une descendance « normale ». La petite a juste omis de leur préciser que le prétendant est ivoirien…

Il va de soi que le propos qui prône l’œcuménisme comme doctrine et l’humour comme ciment réconciliateur entre les peuples est louable. La confrontation de ces vieux gaullistes avec les origines de leurs gendres et l’inévitable conflit intergénérationnel ainsi amplifié constituent une mine pour un cinéma dit comique. Mais n’est pas Chatillez qui veut. Là où sur trois films ce dernier soulève et développe ces thématiques (« Tanguy », « Agathe Cléry » et « La vie est un long fleuve tranquille »), Philippe de Chauveron réunit tout sur une même histoire. Scénaristiquement casse-gueule. Gadin confirmé par la réalisation. Car au lieu d’insuffler un peu de nuances et de finesse dans son sujet, le scénariste-cinéaste va au contraire le plomber de tous les poncifs possibles. Un véritable catalogue des travers que l’on prête à toutes ces communautés. Le résultat fait frôler l’overdose.
 

Une interprétation plan-plan
 
Mais le pire reste encore le manque total de crédibilité de cette histoire. Cherchant à fédérer à tout prix, les auteurs trébuchent sur les boubous, la robe de mariée et les tapis de prière. Le mélange, la mixité sont évoquées avec une lourdeur qui dynamite le réalisme pour céder la place à un angélisme presque douteux. De plus, la distribution ne rattrape pas vraiment le coup.

Des seconds rôles sans relief aux têtes d’affiche enfoncées dans la glaise du sillon qu’elles tracent depuis des années, l’interprétation renforce cette impression de caricature permanente. On a connu Clavier beaucoup plus drôle mais c’était il y a plus de vingt ans maintenant (son dernier grand rôle remonte aux « Visiteurs ») et Chantal Lauby plus impliquée (ne citons que « La Cité de la peur »). Et pourtant au détour d’une œillade en plan serré ou d’une posture (le montage est percutant), quelques amorces de drôlerie, le dialogue restant résolument débile. Hélas, elles ne constituent qu’une part infinitésimale de ce fatras éculé qui cherche à faire moderne voire moderniste à tout prix.

Franck Bortelle

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