0 Shares 3079 Views

Pain noir – film d’Agusti Villaronga

29 août 2011
3079 Vues
19783637.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20110722_040346

Pan Negro, le livre, retrace l’histoire tourmentée, juste après la guerre civile qui a déchiré le pays, d’une famille où plusieurs générations se taisent, se soutiennent, se manipulent. Nous suivons l’action par le regard innocent du jeune héros, Andreu. Tout le propos se résume à son questionnement sur la fidélité : à son père, à sa parole. Qui croire ? Comment espérer quand le seul pain consommé est noir, noir comme les secrets qui pèsent lourdement sur la famille?

Le film, s’il s’attelle à la lourde tâche d’évoquer la cruauté des déchirements, la perte de l’innocence, l’entrée en adolescence, dépeint surtout avec talent l’impossible sincérité des protagonistes d’une guerre non désirée. La véritable force du film réside dans son casting impeccable : de Francesc Colomer, le jeune héros, en passant par Roger Casamajor, qui retrouve ici Sergi Lopez (tous deux vus dans Le Labyrinthe de Pan). On retrouve ce dernier dans son rôle de franquiste collaborateur, qu’il semble particulièrement apprécier. Le point culminant de cette distribution sans faille est bien évidemment Nora Navas, la mère, dont l’impeccable prestation laisse rêveur : elle parvient à elle-seule à emporter le morceau, personnalisation de la mater dolorosa soumise mais fière. Les superbes décors parviennent à mettre en avant la Catalogne comme un personnage à part entière, ses pauvres maisons, ses montagnes austères, ses paysages rudes à l’image de ses habitants.

En revanche, le scénario pêche par certains côtés : on sent que la trame littéraire est lourde, bien lourde, et que le filet du scénariste s’est déchirée en sortant de l’eau, laissant filer quelques scènes. Étrange et chaotique, l’action s’emballe puis tourne à vide, certains personnages sont mis en avant puis laissés de côté (le jeune tuberculeux) ; l’aspect fantastique n’est pas assez développé pour constituer une facette réellement solide de l’identité filmique. À trop vouloir condenser l’action, Villaronga passe à côté de son propos principal : la vision globale de la famille.

Le film, malgré donc toutes ses qualités n’est qu’une demi-réussite, qu’on verra sans déplaisir, mais qui ne nous fendra pas le coeur. Ce que le sujet, douloureux, aurait pourtant du faire.

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=vQvIpmoFm8Y[/embedyt]

Pain Noir

D’Agusta Villaronga

Avec Sergi Lopez, Francesc Colomer, Roger Casmajor et Nora Navas

Sortie le 24 août 2011

Articles liés

« Terrasses » : le chant des morts et des vivants de Laurent Gaudé à la Colline
Spectacle
88 vues

« Terrasses » : le chant des morts et des vivants de Laurent Gaudé à la Colline

Le 13 novembre 2015, la salle de spectacle Le Bataclan a été le théâtre d’un massacre total perpétré par des tueurs jihadistes. Une centaine de morts, plus de quatre cents blessés, dans une salle bondée de 1200 jeunes gens...

“Le Dieu des causes perdues”, un spectacle poétique au Théâtre de l’Athénée
Agenda
109 vues

“Le Dieu des causes perdues”, un spectacle poétique au Théâtre de l’Athénée

Anna part à la recherche de son frère, Maxime, dont elle n’a plus de nouvelles depuis ses douze ans. En quête de signes, elle se lance dans une épopée initiatique mue par une seule question : quand l’absence et...

“Our People” : Frederick Ballentine & Kunal Lahiry explorent la résistance des communautés LGBT
Agenda
201 vues

“Our People” : Frederick Ballentine & Kunal Lahiry explorent la résistance des communautés LGBT

Inauguré en 1896, classé monument historique et réputé pour son acoustique exceptionnelle, le Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet compte parmi les plus belles salles à l’italienne de Paris. Il est connu pour son esprit laborantin, son goût des rencontres artistiques...