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Chantal Ladesou est une sacrée Peau de vache au Théâtre Antoine

23 octobre 2016
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Chantal-Ladesou-Peau-de-vache

Peau de vache

De Barillet et Grédy

Mise en scène de Michel Fau

Avec Chantal Ladesou, Grégoire Bonnet, Anne Bouvier, Urbain Cancelier, Maxime Lombard, Stéphanie Bataille et Gérald Cesbron

Jusqu’au 31 décembre 2016

Du mardi au samedi à 21h, samedi et dimanche à 16h

Tarifs : de 22 à 68 €

Réservation en ligne
ou au 01 42 08 77 71

Durée : 1h30

Théâtre Antoine 
14 rue de Strasbourg
75010 Paris

M° Strasbourg – Saint-Denis
(lignes 4, 8 et 9)

www.theatre-antoine.com

 MG 1708 copieJusqu’au 31 décembre 2016

Après avoir fait triompher Catherine Frot avec Fleur de cactus dans ce même théâtre, Michel Fau reprend un autre succès des années 70 de Barillet et Grédy en dirigeant Chantal Ladesou dans le rôle tenu jadis par Sophie Desmarets. La comédienne y est explosive et maîtrise la folie de son personnage du début à la fin, au sein d’une équipe artistique à l’unisson de cette épatante énergie.

 MG 2347Entrer dans la folie

Telle une locomotive fulminante qui entre en gare à plus de 300 km/h sans freiner, Chantal Ladesou déboule sur la scène avec son sécateur de jardin à la main, donnant des ordres, invectivant, hurlant, alors que son violoncelliste de mari, pantalon fuchsia à pattes d’éléphant (Grégoire Bonnet), encaisse les coups et les cris avec son flegme habituel. Marion est une mégère non apprivoisée, une virago domestique qui sème la terreur dans le voisinage lorsqu’elle tond son jardin ou arrache les mauvaises herbes. En réalité, Marion est une tigresse qui fait le vide autour de son protégé de mari, vedette de la musique classique, qui tremble devant sa femme et fait ses coups en douce. Dans des toiles peintes d’une nature fleurie aux couleurs de bonbons acidulés (décor de Bernard Fau), les comédiens sont projetés sur des nacelles roulantes qui les font ressembler à des personnages d’une bande dessinée. Ils prennent des poses, soulignent leurs mouvements, nous sommes bien dans une carte postale où valsent les clichés, un monde où la folie et la fantaisie règnent en maîtres et où les acteurs nous embarquent avec bonheur.

 MG 1690Sheila et Dalida en intermèdes vintage

Ponctuée entre chaque acte par un tube des années 70 et un rideau de publicités, la pièce enchaîne les scènes au fil d’un tempo rapide, avec des silences syncopés comme du jazz. Et c’est bien cela la réussite de cette nouvelle mise en scène de Michel Fau. Dès le début, le ton est donné et sera celui d’un décalage dans le burlesque, le surréaliste, l’onirique. On suit Marion-Chantal Ladesou parce qu’elle nous embarque avec son débit de blonde camionneuse dans une folie furieusement clownesque, à la Louis de Funès. Son énergie, son débit vocal, sa manière d’avaler les syllabes font d’elle un phénomène comique, une créature fantastique, hybride, qui tiendrait de l’homme et de la femme à la fois, voix grave et gouailleuse, autorité de colonel d’armée. Autour d’elle, habillés de tenues aux couleurs pétantes (costumes de David Belugou), les autres comédiens nous donnent le même plaisir de jeu. Grégoire Bonnet en mari débonnaire et faiblard, Anne Bouvier en hystérique journaliste, Urbain Cancelier en vétérinaire goguenard, Maxime Lombard en voisin délirant, Stéphanie Bataille et Gérald Cesbron en voisins ridicules nous plongent dans un univers à la fois trop vrai et trop factice, où la farce est toujours présente.

Barillet et Grédy, maîtres du boulevard contemporain

Alors que Potiche a été adaptée au cinéma par François Ozon, ces deux auteurs font leur miel des comédies de boulevard moderne dont le metteur en scène Michel Fau se saisit avec délectation. Bien écrites, et bien jouées, ces comédies où triomphent souvent les femmes de caractère font aussi le pendant aux comédies américaines dans lesquelles des héroïnes comme Katharine Hepburn par exemple, intelligente, vive et gouailleuse, menaient tout leur petit monde par le bout du nez. Une manière de se libérer de siècles de domination masculine pour des fortes en gueule dont l’intelligence et le culot sont les principaux atouts. Chantal Ladesou, dans Peau de vache, tient la pièce de bout en bout, avec une malice sans cesse renouvelée.

Hélène Kuttner


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