Une Déesse de l’amour très inspirée au Théâtre 13
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Erzuli Dahomey, Déesse de l’amour De Jean-René Lemoine Editions Les Solitaires Intempestifs Mise en scène de Nelson-Rafaell Madel Avec Adrien Bernard-Brunel, Alvie Bitemo, Mexianu Medenou, Gilles Nicolas en alternance avec Jean-Claude Fernandez, Karine Pédurand, Claire Pouderoux et Emmanuelle Ramu Du 13 au 23 octobre 2016 Du mardi au samedi à 20h, dimanche à 16h Tarifs : de 7 à 18 euros, tarif réduit 14 euros, 13 euros pour les scolaires Réservation en ligne ou par tél. au 01 45 88 62 22 Durée : 1h30 Théâtre 13/Seine |
Le jeune metteur en scène Nelson-Rafaell Madel propose une puissante lecture de la pièce de Jean-René Lemoine « Erzuli Dahomey » pour laquelle il avait reçu le Prix Théâtre 13/Jeunes metteurs en scène. Une histoire de cultures mêlées, de retour aux racines montées avec des acteurs formidables et un poignant travail chorégraphique. Un jeune artiste à suivre de très près.
C’est une oeuvre foisonnante, de thèmes, d’histoires, de vies et de secrets, de morts et de résurrection. Une pièce où s’entrecroisent rêve et réalité, personnages en chair et fantômes qui dansent, autour de célébrités people, d’esclaves qui renaissent de la traite des Noirs sur l’ile de Gorée. C’est une pièce faite de ruptures, de syncopes heurtées comme dans une partition de jazz, de mystères, de trous de mémoire et de flashs de lumière. On y croise tour à tour Victoire Maison, une bourgeoise blanche un brin raciste qui vit seule depuis la disparition mystérieuse de son mari et la mort accidentelle de son fils Tristan, mort dans un accident d’avion. Le Père Denis, clin d’oeil à la fameuse Mère Denis de la pub Vedette, est un précepteur catholique libidineux, en charge de l’éducation des deux jumeaux Sissi et Frantz, liés par une relation passionnelle. Tous vivent dans la maison familiale entretenue par la bonne Fanta, qui rumine la frustration des Noirs asservis par les Blancs. La fin de cette phrase du poète martiniquais Edouard Glissant pourrait illustrer la série de chocs telluriques de la pièce qui voyage d’Europe en Afrique, faisant apparaître le fantôme du fils de la Sénégalaise Félicité, chargé par une ensorcelante alchimie de libérer les corps, les esprits et la mémoire de chacun. West, le fantôme, incarné par le danseur Mexianu Medenou, va percuter de plein fouet la profonde frustration de Fanta (éblouissante Karine Pédurand) devenue Déesse africaine libérée par tous les fantômes de l’esclavage, dans une transe folle et spectaculaire. Invitée par la fougue de Félicité, campée par l’explosive chanteuse et comédienne Alvie Bitémo, la Française Victoire Maison, jouée par Emmanuelle Ramu, fera le voyage en Afrique pour rencontrer son fils vivant, retrouvé grâce à un fatal échange de passeports. On l’aura compris, cette plongée dans nos histoires mythiques, qui commence avec les princesses Sissi d’Autriche et Lady Di d’Angleterre, se prolonge avec des épisodes entiers de la Grande Histoire (les colonies européennes) où flottent ça et là des personnages burlesques d’un onirique vaudeville. Nelson-Rafaell Madel n’a pas eu peur de la pièce et l’a monté avec une simplicité lumineuse, privilégiant la chorégraphie des corps avec des comédiens qui sont tous aussi danseurs. La lumière joue beaucoup sur les ombres, elle dessine en creux les images et s’accompagne d’une création musicale sobre et originale de Yannis Plastiras. Au final, le jeune metteur en scène accomplit un remarquable travail de création, s’entourant d’artistes chevronnés et très impliqués. On ressort du spectacle sonné, percuté d’émotions et d’images qui donnent vie à ce fulgurant texte théâtral. Hélène Kuttner [Crédits Photo 1 / Photo 2 / Photo 3/ Photo 4 © Damien Richard-Compagnie Théâtre des 2 saisons]
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