0 Shares 1663 Views

Oncle Vania – Tchekhov – Bouffes du Nord

21 mars 2009
1663 Vues
oncle_vania_image

Oncle Vania est une pièce orageuse. Chaque personnage qui traverse la propriété familiale porte en lui un poids à la limite du supportable. Dans une oisiveté créée de manière artificielle par l’arrivée d’Elena et Alexandre, les propriétaires, chacun manque d’exploser à chaque instant.

La pièce fait se rencontrer des personnages qui ont déjà fait leur vie, et qui ne peuvent plus revenir en arrière. Mais chacun tente, à sa manière, de résister à la résignation pour vivre encore. Qu’il s’agisse de sauver la forêt, d’occuper une retraite savante ou de tomber amoureux, tous luttent contre cette vie qui leur échappe et qui les fait vieillir jour après jour.

Le rythme, un peu lent au début, installe peu à peu l’atmosphère lourde de cette maison perdue au milieu de la campagne russe. Le décor rappelle également cette dernière. Un système de plateaux coulissants permet de changer l’espace, en le confinant ou l’ouvrant au gré des scènes. De manière générale, la mise en scène réussit à rendre compte d’un temps qui semble dédoublé, cher à Tchekhov : l’impression d’un temps pesant, dilué, contrastant avec l’infinité des petites actions qui se déroulent et des sentiments qui brûlent.

Les quelques tics de jeu qui apparaissent chez certains acteurs ne nuisent cependant pas au résultat global. La prestation d’Agnès Sourdillon interprétant Sofia Alexandrovna est particulièrement remarquable. D’abord difficile, elle créé peu à peu une relation avec le spectateur, et procure ensuite à la pièce beaucoup d’émotion. Sofia, quand bien même étant la plus jeune, est soumise au même sort que les autres personnages : le poids de son destin l’accable. Mais elle possède la force de refuser toute compassion, et d’accepter son destin en espérant une vie meilleure dans l’au-delà. C’est elle qui donne la force à son oncle Vania de continuer à vivre en lui offrant ce « surplus d’humanité ».

Solène Zantman

Oncle Vania

D’Anton Tchekhov

Mise en scène de Claudia Stavisky

Texte français : André Markowicz, Françoise Morvan

Avec Didier Bénureau, Jean-Pierre Bagot, Marie Bunel, Joséphine Derenne, Agnès Sourdillon, Philippe Torreton, Georges Claisse et Maria Verdi

Décor : Christian Fenouillat // Lumières : Franck Thévenon
Son : Bernard Valléry // Costumes : Graciela Galan

Du 3 mars au 3 avril 2009
Du mardi au samedi à 20h30
Le samedi à 15h30

Tarifs : 12€ à 26€ / Tarif réduit (- de 26ans) : 10€ à 22€

Réservations : 01.46.07.34.50 (du lundi au samedi de 11h à 18h) 

Théâtre des Bouffes du Nord
37bis, bd de la Chapelle
75010 Paris
M° La Chapelle
 

Articles liés

“Qui a peur”: une comédie cruelle et drôle, à découvrir dès le 7 mai au Théâtre 14
Agenda
32 vues

“Qui a peur”: une comédie cruelle et drôle, à découvrir dès le 7 mai au Théâtre 14

Claire et Koen, comédiens vétérans, condamnés à jouer depuis des années “Qui a peur” de Virginia Woolf. Mais c’est alors que leur carrière déclinante prend un tournant lorsque deux jeunes acteurs entrent en scène. Sous la direction d’Aurore Fattier,...

“We do not remember” : la première exposition personnelle de Levi van Veluw à la galerie Les filles du calvaire
Agenda
29 vues

“We do not remember” : la première exposition personnelle de Levi van Veluw à la galerie Les filles du calvaire

Du 2 mai au 8 juin, la galerie Les filles du calvaire présente l’exposition “We do not remember” de l’artiste néerlandais Levi van Veluw dans laquelle il met en scène son monde intérieur dans des installations monumentales aussi bien...

Un voyage à Buenos Aires avec “Tango y Tango” au Théâtre Marigny
Agenda
77 vues

Un voyage à Buenos Aires avec “Tango y Tango” au Théâtre Marigny

Après le succès au Théâtre du Rond-Point, Tango Y Tango revient sur scène au Théâtre Marigny à partir du 16 mai 2024 ! Plongez dans une milonga de Buenos Aires, un bar, une piste de danse, comme le rêve...