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Délire à deux d’Eugène Ionesco.

29 juillet 2009
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Ecrite en 1962 et bien que moins connue que “Rhinocéros” ou “la Cantatrice Chauve”, cette tragi-comédie montre le dérisoire d’un drame individuel avec la tragédie du monde extérieur. Les thèmes chers à Ionesco se retrouvent ici, comme l’incommunicabilité entre ces deux êtres qui semblent se haïr et qui, pourtant, par lassitude, ne se quittent jamais. A l’abri dans leur appartement, la violence de l’extérieur les atteint pas bribes, ici une grenade qui brise la fenêtre, là un des murs qui s’effondre, sur le palier des hommes viennent déloger les voisins pour les emmener vers un inconnu menaçant.

 

Christophe Lidon utilise l’espace avec brio sachant créer l’atmosphère pesante propre à Ionesco. Des teintures définissent les murs de la chambre que le couple partage, une cage d’oiseau symbolise la fenêtre, le lit au centre de la  scène se retourne donnant une vue en plongée  sur le couple semblant être allongé, le palier est figuré par une armoire que les protagonistes  traversent ou au contraire utilisent pour se cacher derrière son épaisse et rassurante posture.

 

Danièle Lebrun est impressionnante avec une prestance et une intonation remarquables. Pour elle, cette pièce est loin d’être absurde, au contraire, elle tombe sous le sens et chaque situation se nourrit de la réalité : « il n’y a rien de plus criant de vérité qu’un couple ensemble depuis trente ans, qui se chiffonnent pour un oui ou pour un non, tout en souhaitant au maximum ignorer ce qu’il se passe au dehors. La lâcheté, l’effritement d’un couple, ça n’a rien d’absurde ». La comédienne ajoute : « tous les jours, la guerre, le chaos entrent chez nous grâce aux médias et à la fureur de leurs images, pourtant, personne ne souhaite agir ou modifier son quotidien pour autant ».

 

Délire à deux est une vraie réussite et le spectateur retrouve avec plaisir  Danièle Lebrun plus en forme que jamais.

 

Morgane Guimier.

 

 

Délire à deux
D’Eugène Ionesco
Mise en scène Christophe Lidon
Avec Danièle Lebrun et Bernard Malaka

 

Du 8 au 31 Juillet 2009
Tous les jours à 19h15

 

Théâtre Le Chien qui Fume
75, rue des Teinturiers
84000 Avignon.

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