Fellag aux Bouffes Parisiens
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Dans Tous les algériens sont des mécaniciens, Fellag confirme une fois de plus un talent hors du commun. Son phrasé et sa gestuelle, reconnaissables entre tous, lui confèrent une présence scénique indéniable et une capacité à capter l’attention qui tient en haleine durant l’heure et demie de spectacle.
Il sait raconter des histoires et des anecdotes de la vie quotidienne avec beaucoup d’esprit, mais surtout avec un humour fin et terriblement efficace. Tel un conteur public, il captive par sa verve et son entrain les spectateurs. A la manière des mimes, il se glisse dans la peau de toutes sortes de personnages et se moque toujours avec bienveillance et sympathie de ses contemporains.
De Saïd le chauffeur de taxi qui dégage une odeur pestilentielle à M.Arab qui tente vainement de se faire entendre par une banquière ignorante, en passant par le personnage du frimeur à celui du « frérot », Fellag par son jeu à la fois réaliste et poétique nous entraîne vers un univers où tout prête à rire.
Sans se cantonner à une série de sketchs qui s’enchaînent les uns après les autres, son spectacle est une pièce de théâtre qui à travers le prisme de la dérision et de la fantaisie aborde la société algérienne avec une générosité qui ne laisse pas de place aux préjugés.
Une vision humaniste de l’Algérie
Fellag est Salim, Marianne Epin son épouse Shéhérazade, tous deux au chômage suite à l’arabisation de l’enseignement en Algérie. A travers ce couple ordinaire, c’est l’Algérie contemporaine qui se dévoile avec ce qu’elle a de plus surprenant, de plus drôle et de plus politique. L’indépendance, les restrictions, la famille, la France, l’émigration, le métro à Alger, la main-d’œuvre venue de Chine, tout y est abordé avec légèreté, franc-parler et poésie.
Si le spectacle parvient largement à traverser les frontières et à s’adresser à un public de toutes origines, c’est parce qu’il se situe bien au-delà des considérations nationalistes et de la caricature, préférant montrer une société algérienne qui connaît certes des difficultés, mais qui préfère en rire avec autodérision plutôt que de s’apitoyer sur son sort. Tout le monde est invité à en rire, tout le monde est invité à se moquer de soi et des dérives de notre XXIème siècle.
Comme le dit Fellag au début du spectacle et en référence à son titre : « Le moteur d’une voiture est le seul endroit du pays où la démocratie s’exerce en toute liberté, égalité, fraternité ». C’est avec cette liberté et cette fraternité que Salim, reconverti en mécanicien, décrit et décrypte ses concitoyens.
A l’inverse des précédents spectacles de Fellag, Tous les algériens sont des mécaniciens utilise des décors, la mise en scène est soignée, mais le tout toujours avec une simplicité qui sert la qualité des textes.
L’enthousiasme, l’humour et la poésie avec lesquels Fellag aborde la société, les gens et la politique fait de Tous les algériens sont des mécaniciens un spectacle véritablement « vivant ». C’est ce théâtre libre et drôle qui fait de Fellag un acteur populaire au sens le plus élogieux du terme. A travers son regard sensible et intelligent il est un rempart à l’intolérance et à la morosité.
Cassandre Bournat
Tous les algériens sont des mécaniciens
Mise en scène Marianne Epin
Avec Fellag et Marianne Epin
Succès : reprise à partir du 8 mai 2010
Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h
Réservations : 01.42.96.92.42 ou sur le site des Bouffes Parisiens.
Les Bouffes Parisiens
4, rue Monsigny
75 002 Paris
Métro ligne 7 et 14 (Pyramides), ligne 3 (Quatre-septembre)
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