0 Shares 965 Views

L’autre monde

13 juillet 2010
965 Vues
lautre_monde

lautre_monde::

 

Décevant, peut-être. Mais inintéressant, sûrement pas ! Téméraire, en tout cas. Et c’est déjà ça… Présenté en “Séance de minuit” en mai dernier à Cannes, L’autre monde de Gilles Marchand fut, alors, quelque peu boudé par les festivaliers. En ce 14 juillet caniculaire et atone, sa sortie en salle mérite que l’on y jette un œil plus bienveillant. Il n’est pas si commun, dans le cinéma français, que l’on s’aventure dans le genre essentiellement anglo-saxon du thriller fantastique. Quand bien même Gilles Marchand, scénariste du fameux (à juste titre) Harry, un ami qui vous veut du bien, également réalisateur de Qui a tué Bambi ?, est un récidiviste en matière d’étrange et d’ambiguïté.


Cette fois-ci, c’est donc du côté des mondes virtuels, et des jeux en réseaux façon Second life, qu’il installe son inquiétante histoire… Certes, ses sombres explorations n’ont pas la trouble beauté des films en forme de cauchemars d’un David Lynch, par exemple. Ainsi le jeu de L’autre monde, dénommé “Black hole” en hommage à la BD culte de Charles Burns, chef-d’œuvre de noirceur, manque quelque peu d’aspérités. Pour autant, son nouvel opus – le second en qualité de metteur en scène – a pour lui d’être particulièrement soigné en terme de composition. Voilà un film très graphique, du point de vue de l’animation – stylisée, épurée, à la fois minimaliste et impressionnante – comme des prises de vue réelles (la lumière solaire, idéalisée, de Marseille et du Sud) ! Ajoutez à cet atout pertinent – indispensable, en fait – une B.O. hypnotique signée M83, et vous disposerez, quoi qu’il en soit, d’une œuvre intrigante, propice à la bascule. A priori…


Le hic, c’est qu’assez vite le scénario (coécrit pourtant avec son complice Dominik Moll) empêche l’adhésion, voire l’immersion, celles-là même que ces jeux dangereux – et plus largement le cinéma – sont censés provoquer. De fait, plutôt que David Lynch, Marchand a finalement opté pour une ambiance proche, en gros, des films d’André Téchiné. Mais en plus maladroit. Au-delà des dérives de la virtualité, ce dont le cinéaste veut nous parler, semble-t-il, c’est de l’adolescence et de ses angoisses. Pourquoi pas ? Le principe de l’avatar, du monde parallèle, idéal et romantique, coïncide assez justement avec les questionnements de cet âge intermédiaire. Le souci, c’est qu’il insiste beaucoup, lourdement, sur la psychologie de son gentil héros (Grégoire Leprince-Ringuet, toujours très bien dans l’espèce de sérieux qu’il dégage) et ses amours avec sa lisse et brunette petite amie (Pauline Etienne, toute fraîche, en effet).


Du coup, outre le fait que les oppositions entre monde virtuel et réel s’avèrent convenues (soleil et ténèbres, brune complice et blonde fatale, romantisme et sexualité déviante, etc.), on a le sentiment qu’il édulcore son  sujet. Escamotant, ainsi, le personnage pourtant pivot du frère (excellent Melvil Poupaud), puisque metteur en scène sadique et dangereux de ces jeux sans frontières… Dommage : pour une fois, la sculpturale Louise Bourgoin, en blonde triste et comateuse, fantasme pur en effet, était très bien.


Ariane Allard



L’autre monde

De Gilles Marchand

Avec Louise Bourgoin, Grégoire Leprince-Ringuet, Melvil Poupaud.

 

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=4EH1qbvSjyE[/embedyt]


Sortie le 14 juillet 2010.

 

Articles liés

Vivez la finale publique de SOBANOVA DANCE AWARDS #8
Agenda
26 vues

Vivez la finale publique de SOBANOVA DANCE AWARDS #8

SOBANOVA DANCE AWARDS #8 : les espoirs de la nouvelle scène chorégraphique à retrouver sur la scène Jacques Higelin de la MPAA Saint-Germain pour la finale publique le vendredi 3 mai 2024 à 19h30 en présence d’un jury prestigieux...

Festival K-LIVE : LOTO Street Art, une première mondiale à ne pas manquer le 4 mai à Sète !
Agenda
43 vues

Festival K-LIVE : LOTO Street Art, une première mondiale à ne pas manquer le 4 mai à Sète !

Un festival qui propose de l’art urbain et de la musique ! K-LIVE ouvre le bal le 4 mai à la Ola, la plage du Lido à Sète ! Il fera beau et chaud, à n’en point douter, tenues...

“Désobeissantes” : la résistance des femmes iraniennes mise en lumière à la Fondation GGL
Agenda
61 vues

“Désobeissantes” : la résistance des femmes iraniennes mise en lumière à la Fondation GGL

Après Olympe Racana-Weiler et Marlène Mocquet, l’artiste contemporaine d’origine iranienne Nazanin Pouyandeh clôture le trio féminin de la Fondation GGL avec une exposition inédite intitulée “Désobéissantes”. De par son héritage culturel et son imaginaire original, Nazanin Pouyandeh s’affirme comme...