0 Shares 1142 Views

Heinrich Kühn – Musée de l’Orangerie

3 septembre 2010
1142 Vues
Musee de l'Orangerie

Créer des photographies dont la valeur artistique puisse rivaliser avec la peinture : telle a été la grande ambition d’Heinrich Kühn.

Figure majeure du pictorialisme international autour de 1900, étroitement lié aux deux plus grands représentants du mouvement, Alfred Stieglitz et Edward Steichen, l’artiste est parvenu à développer une oeuvre moderniste dans le cadre iconographique pourtant limité de sa vie familiale.

Kühn, encore étudiant en médecine à Innsbruck, avait déjà derrière lui une grande pratique de la photographie microscopique. Il s’était inscrit au « Camera Club » de Vienne et là, vers1895, il rencontra Hugo Henneberg et Hans Watzek, tous deux déjà partisans passionnés du mouvement en faveur de la reconnaissance artistique de la photographie. Ce mouvement de portée internationale les mettra en contact avec deux associations d’avant-garde, le “Linked Ring” à Londres et avec le « Photo Club de Paris ». Ensemble, ils expérimentent avec enthousiasme les nouvelles techniques d’impression photographique, particulièrement la gomme bichromatée appliquée au pinceau qui donne un aspect pictural à l’épreuve et que Robert Demachy vient de remettre à l’honneur.

A Vienne, les membres du « Trifolium » (Watzek, Kühn et Henneberg) participent à la Sécession et y exposent leurs photographies dont les très grands formats (100 x 70 cm) cherchent à se mesurer avec la peinture.

Heinrich Kühn entretient, depuis 1904, avec Alfred Stieglitz, une amitié croissante et son art va changer radicalement et passer d’un impressionnisme “romantique”, avec ses paysages dramatiques, ses natures mortes classiques et surtout les portraits de groupe, à un style allégé et presque abstrait qui reflète l’évolution de la Sécession viennoise, avec laquelle il a coutume d’exposer, où seules comptent l’étude de la lumière et le rendu des valeurs. Kühn obtient ainsi une photographie qui défie les conventions et peut se réduire à des reflets dans un verre d’eau et à une ombre transparente sur un mur.

Dès 1907, Kühn a pratiqué en maître incontesté l’autochrome que venaient de mettre au point les frères Lumière, alliant la richesse à la délicatesse des coloris. La hardiesse de ses mises en page, simplifiées à l’extrême, font de ses scènes en plein air tout particulièrement des photographies très en avance sur leur temps.

Cette exposition, à laquelle Monika Faber travaille depuis une quinzaine d’années, est la première grande rétrospective consacrée à l’artiste.

Heinrich Kühn – Musée de l’Orangerie

Commissaires : 
– Monika Faber, conservateur en chef du département photographie de l’Albertina de Vienne 
– Françoise Heilbrun, conservateur en chef au musée d’Orsay

Du 6 octobre 2010 au 24 janvier 2011
Tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 18h (évacuation à 17h45)

Informations : 01.44.77.80.07

Plein tarif : 7,5 € // Tarif réduit : 5 €

Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries
75001 Paris

www.musee-orangerie.fr

[Visuel : Exterior of Musée de l’Orangerie in Paris. Date : septembre 2008. Travail personnel de Homonihilis. Licence Creative Commons Paternité – Partage des conditions initiales à l’identique 3.0 Unported]

Articles liés

« Don Quichotte » à l’Opéra Bastille ou le rêve de sauver le monde
Spectacle
152 vues

« Don Quichotte » à l’Opéra Bastille ou le rêve de sauver le monde

Après le superbe ballet de Rudolf Noureev présenté il y a un mois, voici l’opéra de Jules Massenet dans une nouvelle production dirigée par Patrick Fournillier, mis en scène par Damanio Michieletto, avec un Don Quichotte à la mélancolie...

« Place de la République » ou le théâtre en suspension de Clément Hervieu-Léger
Spectacle
365 vues

« Place de la République » ou le théâtre en suspension de Clément Hervieu-Léger

Dans la plus petite salle du Lucernaire, le Paradis, une jeune femme attend assise sur un banc de la Place de la République. Un homme plus âgé survient et la prend en photo. Ces deux-là n’attendent pas Godot comme...

“Terrasses” : le chant des morts et des vivants de Laurent Gaudé à la Colline
Spectacle
368 vues

“Terrasses” : le chant des morts et des vivants de Laurent Gaudé à la Colline

Le 13 novembre 2015, la salle de spectacle Le Bataclan a été le théâtre d’un massacre total perpétré par des tueurs jihadistes. Une centaine de morts, plus de quatre cents blessés, dans une salle bondée de 1200 jeunes gens...