0 Shares 2012 Views

Adagio [Mitterrand, le secret et la mort] – Odéon-Théâtre de l’Europe

9 mars 2011
2012 Vues
Adagio_Mitterrand_le_secret_et_la_mort

En 1995, il y a quinze ans à peine, François Mitterrand savait qu’il n’avait plus que quelques mois à vivre. Mais cette mort, nous-mêmes le savons aujourd’hui, il en éprouvait l’ombre depuis 1981 ; il l’avait sentie se poser sur lui en même temps ou à peu près qu’il assumait la présidence. Elle fut pour lui comme une interlocutrice familière, le poussant, dès qu’elle fut de ses intimes, à «sculpter sa propre statue». Elle fut aussi l’un de ses secrets – l’objet d’un long silence et d’une interrogation qui ne cessa de le hanter. Au cours de ses derniers mois, alors que Jacques Chirac entre à l’Élysée, Mitterrand quittant le pouvoir entre pas à pas dans la mort, attentif à réussir sa fin. L’agonie, dans son acception grecque, est d’abord un combat ; il le mène de façon à subjuguer encore et toujours, confiant par exemple à Jack Lang «Je sais – j’ai résolu la question philosophique», et attentif à rester conscient jusqu’au bout… 

En 1995, l’année des 24 heures de La Servante, Olivier Py avait trente ans. Ce fut aussi l’année où il entama une grève de la faim pour dénoncer la passivité française devant l’horreur de la guerre en Serbie. Cela faisait déjà quelque temps qu’il épiait le masque que Mitterrand s’était composé, étudiant sur ses traits les marques du temps, du pouvoir, de la vie publique. Py n’avait pas encore écrit Faust nocturne ou Les Enfants de Saturne, où figurent déjà des personnages face à leur fin. Mais depuis 1995, on sait à quel point la mort – ou plutôt la Mort – est à l’oeuvre dans l’imaginaire théâtral d’Olivier Py. N’est-ce pas à la Mort même qu’il fait dire, dans ses Illusions comiques : «Le théâtre est une mort où l’on est deux ?» 

Pour cette méditation autour du dernier Mitterrand, où l’on reconnaîtra quelques détails très librement empruntés à ses biographies, Py rêve d’une demi douzaine d’acteurs jouant une trentaine de rôles et visitant en procession, comme en une mystérieuse tentation de Saint Antoine, celui qui mérita d’être surnommé le Sphinx.

Adagio [Mitterrand, le secret et la mort]

D’Olivier Py

Avec : Philippe Girard, John Arnold, Bruno Blairet, Scali Delpeyra, Elizabeth Mazev, Jean-Marie Winling, Sébastien Richaud et le Quatuor Léonis.

Tarifs : 14€ – 24€ – 32€

Du mardi au samedi à 20h
Le dimanche à 15h

Odéon-Théâtre de l’Europe
Place de l’Odéon
M° Odéon – RER B Luxembourg

www.theatre-odeon.fr
 

En ce moment

Articles liés

“Le Crime de Lord Arthur Savile” d’après l’œuvre d’Oscar Wilde
Agenda
18 vues

“Le Crime de Lord Arthur Savile” d’après l’œuvre d’Oscar Wilde

Au cours d’une soirée mondaine à Londres chez l’extravagante Lady Windermere, Lord Arthur Savile se fait lire les lignes de la main par un chiromancien. Mais voilà que celui-ci lui annonce qu’il va commettre un crime ! Refusant de...

“La cage aux folles” ou le triomphe de Laurent Lafitte
Spectacle
555 vues

“La cage aux folles” ou le triomphe de Laurent Lafitte

Triomphe annoncé pour cette fin d’année, cette nouvelle production signée Olivier Py réserve le rôle de Zaza la travestie à un Laurent Lafitte époustouflant, dans l’adaptation française de la comédie musicale américaine de Jerry Herman. Avec Damien Bigourdan dans...

“Au nom du ciel” ou les oiseaux de paix de Yuval Rozman
Spectacle
266 vues

“Au nom du ciel” ou les oiseaux de paix de Yuval Rozman

Comment parler avec humour et détachement du conflit israélo-palestinien qui dure depuis des décennies ? Dans une fable pleine d’ironie et de malice, l’artiste Yuval Rozman s’efforce de nous faire prendre une distance philosophique et céleste avec un dialogue...