Love Letters – Lucernaire
Thomas, docile, enthousiaste, parfois insupportable de droiture ; Alexa, survoltée et inconstante. Deux vies sans cesse ramenées au souvenir de l’autre, y puisant leur fil conducteur. Cet éternel retour au « royaume des fées », comme ils nomment eux-mêmes leur enfance, permet de mettre en valeur la puissance de la nostalgie retirée de ce moment où tout commence, où tout est permis, où l’on n’est pas encore coupable, et pas encore inaccompli.
La justesse avec laquelle les personnages sont dépeints contribue à susciter l’émotion la plus vive devant cette perle rare : loin d’être des destins communs, les existences d’Alexa et Thomas n’en sont pas moins teintées d’accents profonds de réalisme. Le déroulement de deux vies au moyen de ces missives croisées permet d’embrasser la vitesse et l’étroitesse d’un destin, l’étau qui se resserre avec l’âge et qui conditionne les choix. Le retour impossible à l’enfance et à ses possibilités, et le sentiment que le train, une fois en marche, ne peut que difficilement virer de trajectoire, engagent à prendre un recul impossible sur cette vie, qu’on dit unique. Love letters est un témoignage de ce train qui file, et accorde à deux amants une relation imparfaite, mais existante et pérenne, à travers ces échanges de plumes.
Le texte est une ode à l’écriture, au désir et à la peur d’écrire. Il l’érige en besoin vital, à travers le personnage de Thomas. Loin de considérer cela comme une activité isolée, ce dernier illustre avec poésie le lien entre l’écriture et le rapport à l’autre, la magnificence de la relation portée par la plume, la retenue et la perfection du dialogue qu’elle instaure. Cette magnifique fresque épistolaire dresse ici toute la beauté et l’intensité que peut revêtir un tel lien, lorsque des dizaines de lettres permettent toujours de revivre les sentiments passés, et entretenir les amours futurs.
Cette pièce est haletante comme un roman, émouvante comme une tragédie, et vivante grâce à l’excellence des acteurs qui la servent.
Sophie Thirion
Love Letters
De A-R Gurney
Adaptation française : Anne Tognetti et Claude Baignères
Mise en scène et interprétation : Isa Mercure et Gilles Guillot
Lumières : Serge Peyrat
Du 25 mai au 2 juillet 2011
Du mardi au samedi à 21h
Et du 8 au 31 juillet 2001 à 10h40 tous les jours au théâtre du Petit Louvre Festival off Avignon
Location : 01 47 44 57 34
Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-Champs – 75006 Paris
M° ligne 12 (Notre-Dame-des-Champs), 4 (Vavin) et 6 (Raspail)
Articles liés

Myriam Boukrit : une artiste de la scène émergente aux Beaux-Arts de Paris
Actuellement étudiante en quatrième année aux Beaux-Arts de Paris, Myriam Boukrit est une jeune artiste pleine d’ambition qui mérite toute notre attention. Âgée de 25 ans, Myriam Boukrit est une artiste franco-marocaine issue de la banlieue parisienne. Elle parvient...

“Solo Arts martiaux” : un spectacle entre le théâtre et le dojo de Yan Allegret à voir au Musée Guimet
À mi-chemin entre le théâtre et le dojo, le Solo Arts martiaux est un voyage entre deux mondes. Sur une scène vide, un homme se raconte, un sabre de bois à la main. L’espace de la scène se fond...

“Rolling Stones – At the Max” : le premier et le seul long métrage de concert filmé en IMAX en salle le 10 décembre
Pathé Live, en association avec IMAX et Mercury Studios, diffuse en exclusivité au cinéma le film du concert emblématique “Rolling Stones – At the Max” dans les salles IMAX du monde entier (dont 29 en France), à partir du...





