Lydia Lunch – Paradoxia
« J’avais déjà couché avec la moitié du quartier : les deux frères qui vivaient en face, leur cousin, l’ancien Marine au coin de la rue, le vieux qui tenait le magasin de disques, le caissier de l’épicerie, le gosse qui livrait les pizzas, son grand frère, quelques-uns de ses amis ; sans compter la moitié des mecs qui me prenaient en stop, et le petit dealer d’herbe. Priant toujours que l’un d’entre eux, n’importe lequel, puisse effacer de ma mémoire le souvenir poisseux des mains moites de mon père. »
Récit autobiographique, Paradoxia est une confession écrite comme on donne un coup de poing. Lydia Lunch y tient le journal de ses souvenirs, de scènes fondatrices en détails percutants, parfois drôles, souvent cruels : un père incestueux, une quête effrénée de sexe, de défonce et d’alcool… De New York à Londres puis à La Nouvelle-Orléans, Paradoxia est un compte-rendu non censuré de la revanche d’une femme sur les hommes, de l’art sur la misère, de la révolte sur le destin.
C’est par ce texte qu’on a découvert en France en 1998 la voix littéraire de Lydia Lunch, à la hauteur de l’incroyable organe de la chanteuse, une voix forte de survivante, rauque des épreuves de la rue, un argot de femme incroyablement expressif et musical, un désespoir et une violence de tragédienne.
« Paradoxia prouve que Lunch donne le meilleur d’elle-même quand elle est au plus bas… et donne vie à un chant de sirène, parfois effrayant, souvent drôle, toujours intelligent et jamais sentimental. » Barbara Kruger
« Hubert Selby Junior disait qu’il avait grandi avec la sensation d’être un cri dépourvu de bouche. Parmi sa progéniture littéraire, Lydia Lunch est l’une des plus célèbres et des plus intransigeantes. Dans son chef-d’œuvre infernal, Paradoxia, elle nous livre à la fois cri, bouche, dents, sang, cheveux, sperme, couteau et adrénaline. » Jerry Stahl
Lydia Lunch
Née en 1960 dans le Rochester de famille pauvre, Lydia Lunch quitte un foyer incestueux à 16 ans pour rejoindre les trottoirs de New York. Prostitution, drogue, alcool, arnaques… elle survit dans la violence et la haine. Elle n’a pas 17 ans quand elle est guitariste et « cri primal » dans le groupe mythique de la scène no wave, Teenage Jesus and the Jerks. Lunch est un modèle unique de l’underground américain.
Musicienne, actrice, performeuse, photographe, auteur de plusieurs albums et films, elle a collaboré avec les meilleurs groupes américains et européens de son temps et a été élue parmi les musiciens les plus influents des années 90. Elle a participé à l’émergence de la scène spoken word américaine aux côtés d’Henry Rollins ou Hubert Selby Jr, vit à Barcelone et se produit dans toute l’Europe. Elle acquiert sa popularité en librairie en 1998, dès la parution de Paradoxia, qui donne le ton de son incroyable voix dans la littérature contemporaine.
Après la publication du recueil de textes Déséquilibres synthétiques, traduit en 2010 par Virginie Despentes, Wendy Delorme et Busty, Au diable vauvert réédite en septembre 2011 son livre phare Paradoxia, épuisé en France depuis plusieurs années, conjointement à la sortie de son nouvel album « Trust the Witch ».
Paradoxia
Récit traduit de l’américain par Charles Wolfe
Préface de Virginie Despentes 256 pages – 18 €
ISBN 978-2-84626-345-0
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