Un heureux événement – film de Rémi Bezançon
Barbara et Nicolas s’aiment et conçoivent un enfant. Une décision soudaine qui n’en est même pas une, une évidence, une pulsion. Seulement cette aventure va se révéler beaucoup plus complexe qu’elle ne semblait l’être au premier abord. Barbara, après le doute, voit sa personnalité s’effacer et le couple, comme entité est alors complètement balayé. Mais que va t-il rester d’autre que ce bébé ?
Ce qu’on appelle aujourd’hui le burnout maternel est un sujet on ne peut plus contemporain. Dépression issue du syndrome du « Je veux tout » dicté par la société et les magazines, elle est surtout la cause d’un profond mal-être chez bien des femmes et des mères. De la perte de repères de l’intellectuelle Eliette Abécassis qui en avait alors tiré un roman en forme d’auto-analyse, au malaise violent et sourd d’un nombre incalculables de femmes au sein du foyer, Rémi Bezançon en fait un film aussi singulier que touchant.
En décidant de balayer les considérations philosophiques de l’auteur et l’antipathie naturelle que suscite son personnage, le réalisateur compile les anecdotes (sur la grossesse, l’accouchement et la parentalité), crée des seconds rôles cocasses (et parfois invisibles comme la pétillante Daphné Bürki) et ajoute quantité de répliques cinglantes. C’est pourtant dans les mots de l’auteure, cités parfois ça et là, que se cache la vraie détresse, la souffrance implacable de celle qui semble en dire trop et qui pourtant est muette pour ses amis et ses proches.
Avec les tics de son cinéma populaire, une musique omniprésente, des dialogues bien sentis et des acteurs sympathiques au premier coup d’œil (Pio Marmaï et Louise Bourgoin, par ailleurs très justes), Rémi Bezançon garde l’essence du livre originel, il dévoile à la face du monde une réalité cachée avec autant de pudeur que de sensibilité. Plusieurs exploits sont à dénombrer, malgré l’expurgation d’idées pourtant intéressantes (le foetusqui “possède” le corps maternel est à peine évoqué), comme celui de ne jamais remettre en cause les sentiments de ses personnages. Et l’absence de jugement dont il fait preuve est la véritable force de ce film tronqué.
Tronqué car condensé de vie, de la vie de l’enfant et de la renaissance de sa mère, de ces 18 mois ou 20 mois de galères et de bonheurs. Qui, sous les effets de style plus ou mois réussis et les bonnes intentions, arrive pourtant à toucher une certaine forme d’universalité contemporaine dans ce cas particulier.
Lucile Bellan (Twitter)
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Un heureux événement
Film de Rémi Bezançon
Avec Louise Bourgoin, Pio Marmai et Josiane Balasko
Sortie le 28 septembre 2011
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