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Olga Neuwirth – Opéra Garnier

25 octobre 2011
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L’une combine automne et été, l’autre hiver et printemps. Pour en saisir les détails, il faut avant tout connaître un tant soit peu Olga Neuwirth et son œuvre. Entre classique, cinéma et jazz, cette compositrice contemporaine touche-à-tout d’une quarantaine d’années a vécu à travers le monde : de San Francisco aux États-Unis en passant par l’Autriche et l’Allemagne. Depuis 1993, elle s’inspire de multiples sources artistiques pour créer des œuvres intemporelles et envoutantes dans la seule optique d’emmener son public vers de nouvelles expériences émotionnelles. Ce fut précisément le cas au Palais Garnier où l’artiste a véritablement emballé les auditeurs, entre fins connaisseurs et néophytes en la matière.

Kloing !

En parlant de matière, celle de Kloing ! pourrait être difficilement palpable tant l’intelligence artificielle remplace l’être humain. Dans cette œuvre créée en 2008, Neuwirth s’amuse à faire dialoguer trois instruments dans une mésentente totale. D’un côté figure sur grand écran le premier automate musical mécanique, de l’autre sur scène un piano-machine jouant tout seul avec, face à lui, un pianiste virtuose en la personne de Mario Fromenti. Chacun jouera ce qu’il veut, quitte à improviser et se livrer à une violente bataille sonore représentée à l’écran par des images variées : un cartoon de Tom et Jerry, une caméra filmant le clavier du piano-machine et des images d’archives de pianistes renommés. Déroutant au premier coup d’œil, la magie opère rapidement. C’est avec des brides de morceaux mélangés de Liszt, Chopin et Ravel que les sens se réveillent en nous pour finir dans un silence total.

A Songplay in Nine Fits

Klaus_Nomi-1b-240x240px_COL_72DPI_RGB_WEBPour la deuxième œuvre, le principe est le même : à savoir reprendre les airs connus du chanteur Klaus Nomi en les re-composants avec des caractères harmoniques et mélodiques modifiés. Cela donne par exemple, pour l’air du froid tiré du Roi Arthur de Purcell, une version encore plus hivernale, lente et mélancolique, que celle de Nomi (son morceau le plus connu). Ces neuf « ajustements » qui se succèdent représentent donc un voyage onirique à travers la mer pour redécouvrir le travail du chanteur inclassable et unique en son genre, mort du sida en 1983 dans une triste solitude. Ces extraits sont interprétés par le contre-ténor Andrew Watts qui s’amusent à réadapter lui-même les déplacements habituels de Nomi tels ces mouvements de poupées mécaniques devenus aujourd’hui cultes.

Pour ceux qui souhaitent découvrir l’œuvre d’Olga Neuwirth, il n’est pas trop tard. Rendez-vous le 15 décembre à la Cité de la Musique pour Construction in Space. Vous aurez ainsi la chance d’y découvrir son œuvre créée en 2000 à l’occasion des 75 ans de Pierre Boulez.

Edouard Brane (Twitter: Cinedouard)

Opéra Garnier
8, rue Scribe
75009 Paris
M° Opéra

www.operadeparis.fr

[Visuels : ©Betty Freeman]

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