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Chagall, entre guerre et paix – musée du Luxembourg

3 décembre 2012
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Cézanne et Paris - Musée du Luxembourg

L’évolution de son œuvre n’est pas linéaire, mais circulaire, comme l’illustre la présence de sujets récurrents : sa ville natale de Vitebsk, les traditions juives de son enfance, certains thèmes chrétiens, les désastres de la guerre, et les images du couple ou de la famille. Chagall n’obéit à aucune règle stylistique imposée par l’époque ou la mode et sait se nourrir de la modernité sans y adhérer. C’est parce qu’il conserve la dimension allégorique de la peinture, qu’il peut rendre compte des temps difficiles. Dans un constant va-et-vient, il construit, tel un antidote à ces œuvres-témoignages plus réalistes, un monde de rêve qui l’autorise à une représentation non conventionnelle, « surréelle ». 

L’exposition qui commence avec la déclaration de la Première Guerre mondiale, montre ces passages d’un monde à l’autre, d’un genre à l’autre. Entre guerre et paix, elle s’attache à illustrer quatre moments clés de la vie et de l’œuvre de Chagall :

1. La Russie en temps de guerre 

  • Après un séjour de trois ans à Paris, Chagall part à Vitebsk retrouver sa fiancée Bella qu’il épousera en 1915. Il y est surpris par la déclaration de guerre. Bien que loin du front, il rend compte d’une réalité brute : les mouvements de troupes, les soldats blessés, les populations juives chassées de leurs villages. De la même façon, il s’attache à représenter l’environnement de son enfance dont il pressent la disparition et évoque, dans une série de tableaux, son bonheur conjugal. 

2. L’entre-deux-guerres à Paris 

  • En 1922, Chagall quitte définitivement la Russie. Après une étape à Berlin, il revient à Paris où il doit à nouveau se forger une identité artistique. Il se consacre, à la demande de l’éditeur Ambroise Vollard, à l’illustration de différents livres dont la Bible – un texte dont il est si familier depuis l’enfance qu’il dira « Je ne voyais pas la Bible, je la rêvais ». Son séjour à Paris est marqué parallèlement par des peintures oniriques  où figurent des personnages hybrides mi-animaux mi-humains, caractéristiques du bestiaire chagallien, et par de nombreuses images du couple comme autant de représentations métaphoriques de son amour de la vie. 

3. L’exil aux États-Unis 

  • Devant la montée du nazisme, Chagall est contraint de quitter la France. Installé dans le Nouveau Monde, qu’il ne représente jamais, il ne peut rester silencieux. Les actes de barbarie qui dévastent l’Europe et sa patrie se mélangent aux souvenirs des pogroms et le thème de la Crucifixion, symbole universel de la souffrance humaine, s’impose à lui. Son œuvre reflète sa volonté de se concentrer sur l’essentiel, ce qu’il considère d’authentique valeur : ses racines et son bonheur familial endeuillé par la disparition de Bella en 1944. 

4. L’après-guerre dans le Sud de la France 

  • L’installation de Chagall à Vence entraîne une modification notable de sa façon de peindre, comme des thèmes abordés. S’il s’efforce de sublimer le passé et parvient peu à peu à une plus grande liberté, certaines peintures sont encore empreintes d’une tonalité sombre. Avec le temps qui passe, les couleurs et la végétation méditerranéennes envahissent progressivement ses œuvres. Ses paysages, ses bouquets de fleurs, ses scènes d’intérieur fusionnent désormais avec les thèmes solaires, maritimes, mythologiques où religieux. Cette sérénité est à son apogée dans La danse, véritable hymne à la joie qui reprend une nouvelle fois les principales figures de l’univers chagallien. 

La curiosité de Chagall pour l’art de son temps, la liberté qu’il s’est toujours donnée, lui a permis de construire un univers pictural profondément singulier – reflet autant du monde contemporain que de ses propres émotions -, avec ses alternances de joie et de mélancolie. 

L’exposition comporte une centaine d’œuvres, provenant de musées en France et à l’étranger : Centre Georges Pompidou, Musée national d’art moderne /Centre de création industrielle, Paris ; Musée d’Art moderne de la Ville de Paris ; Musée national Marc Chagall, Nice ; Museum of Modern Art, New-York, Philadelphia Museum of Art ; Moderna Museet, Stockholm, State Tretyakov Gallery, Moscou, Folkwang Museum, Essen, et l’Albertina de Vienne ainsi que de collections particulières. 

Chagall, entre guerre et paix

Commissariat : Jean-Michel Foray (1942-2012), conservateur général honoraire du patrimoine. Repris par Julia Garimorth-Foray, conservateur au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris 

Scénographe : Nathalie Crinière, Agence NC 

Tous les jours de 10h à 19h30 

Plein tarif : 11 € // Tarif réduit : 7,50 € // Gratuit pour les moins de 16 ans 

Musée du Luxembourg
19, rue de Vaugirard
75006 Paris 

www.museeduluxembourg.fr 
 

[Visuel : Façade du Musée du Luxembourg, Paris, France. Auteur : Hadrianus92. Domaine public]

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