0 Shares 781 Views

Brassaï – Pour l’amour de Paris – Hôtel de Ville

18 novembre 2013
781 Vues
Brassa_-_Hotel_de_Ville

 – Brassaï, le photographe venu d’ailleurs

Né en 1899 à Brasso en Transylvanie, Gyulus Halasz qui prendra le nom de Brassaï lorsqu’il commencera à photographier en 1929, vient tout juste de fêter ses quatre ans lorsque son père professeur de littérature l’embarque avec lui à Paris où il est invité à passer une année sabbatique. Cette période d’enchantement miraculeuse reste à jamais gravée dans la mémoire du jeune homme.

Cette fascination pour Paris amène Brassaï à rejoindre la capitale française en 1924 après ses études d’art à Berlin. Il va rapidement rencontrer Desnos et Prévert qui l’intègrent dans le milieu brillant des artistes et intellectuels qui font la renommée des Années Folles à Montparnasse et l’introduisent dans la nébuleuse surréaliste.

Sa pensée s’attache insensiblement à transformer le réel en décor irréel. Il recherche les objets les plus ordinaires et en détourne le sens, ose les juxtapositions insolites et défamiliarise la perception en sortant le réel de son contexte. Voici comment naîtra sa quête obstinée des graffitis à partir de 1929.

– Années folles et virées nocturnes

A la même époque, Brassaï s’attache à traquer dans la lumière nocturne de la ville un Paris insolite, inconnu et méprisé.
Au fil de ses longues déambulations qui le mènent seul ou en compagnie d’Henry Miller, Blaise Cendrars ou Jacques Prévert, ses complices qui attisent sa curiosité, il rend visibles les humbles prostituées des quartiers “chauds” ou les travailleurs de la nuit aux Halles, transforme la rigueur classique de l’architecture parisienne en scènes étranges et fixe l’insolite beauté des silhouettes fugitives, des illuminations aveuglantes ou des brouillards sur la Seine.

Ce flâneur impénitent décrit la ville suivant les points de vue qui lui sont propres et que la lumière lui offre, comme la vision panoramique de Paris du haut des tours de Notre Dame, les reflets infiniment répétés des arches de pont sur la Seine, la mise au carreau des Jardins des Tuileries dessiné par l’ombre des grilles, les fleurs du marronnier qui surgissent de la nuit telles un bouquet nuptial ou les apparitions à peine révélées des “belles de nuit” dans les passages obscurs.

– Ses amitiés surréalistes

En 1932, impressionné par son travail, Picasso lui confie la mission de photographier son oeuvre sculptée jusqu’alors inconnue et qui doit être publiée dans le premier numéro d’une nouvelle revue d’art : Le Minotaure. Les deux artistes se découvrent des goûts voire des fascinations communes qui ont marqué leur oeuvre, telles l’atmosphère très féminine et dénudée des Folies Bergères, ce qui n’est guère étonnant pour ces amoureux des formes féminines, ou celle tout à fait mystérieuse des fêtes foraines dans lesquelles règnent cartomanciennes et diseuses de bonne aventure. Parmi tous ces spectacles, celui qui retient le plus leur attention est certainement le cirque. Ils y retrouvent la beauté du corps humain soumis à la virtuosité de l’effort physique, le dialogue entre la bête et l’homme, le sens de l’équilibre et le goût pour le mystère.

– Paris, belle de jour

Arpenteur infatigable du Paris nocturne, Brassaï n’est pas insensible à la capitale dans la lumière du jour. Il propose ainsi une vision tout à fait personnelle du jardin du Luxembourg, chaise abandonnée ou lion menaçant sous la neige, petits artisans – glacier, marchande de ballons, photographe ambulant, jardinier balayant les feuilles ou statues dévêtues.

Même empathie naturelle pour les berges de la Seine qu’il parcourt à la rencontre des amoureux, des pêcheurs à la ligne, des sans-abris et même des chiens. Il passe d’un quartier à un autre – Quartier latin, Bercy, Auteuil, et dévoile les activités spécifiques à chacun. S’il documente volontiers la vie réelle de ces espaces, il sait capter «l’esprit» de chaque quartier de Paris : la foule élégante de la rue de Rivoli, les badauds devant les magasins des Grands Boulevards, les charbonniers le long de la Seine à Bercy, mais aussi la majesté des monuments prestigieux: tour Eiffel, Arc de triomphe et surtout Notre-Dame et ses gargouilles qu’il traque de jour comme de nuit. Ainsi, par quelque côté que l’on examine son oeuvre, on y retrouve Paris, toujours Paris.

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=QKK_8lkbD6E#t=26[/embedyt]

Pour l’amour de Paris

Photographies de Brassaï

Jusqu’au 8 mars 2014
Du lundi au samedi de 10h à 19h


Hôtel de Ville, salle Saint Jean

1, place de l’Hôtel de ville
75004 Paris
M° Hôtel de Ville

www.paris.fr

Articles liés

Le documentaire d’une héroïne française, une combattante inspirante : Eugénie Éboué-Tell
Agenda
55 vues

Le documentaire d’une héroïne française, une combattante inspirante : Eugénie Éboué-Tell

Loin d’être une « femme de », Eugénie Éboué-Tell est une « Fanm’ Doubout », une femme de pouvoir. Pourtant, les livres d’histoire semblent l’avoir oubliée. Derrière le mari, Félix Éboué, premier gouverneur noir des colonies françaises, puis secrétaire...

“DIMENSIONS” : Astro, le renommé street artist dédicacera sa première monographie au BookShop de Fluctuart le 25 mai !
Agenda
65 vues

“DIMENSIONS” : Astro, le renommé street artist dédicacera sa première monographie au BookShop de Fluctuart le 25 mai !

Astro, artiste-plasticien incontournable de la scène urbaine contemporaine, reconnu mondialement pour ses fresques monumentales aux illusions d’optique saisissantes, se lance dans la sculpture. Il signera son premier ouvrage “DIMENSIONS”, véritable rétrospective de vingt années de carrière, le 25 mai...

“L’Héritage Goldman” : la tournée française honorifique du célèbre Goldman débarque le 10 octobre au Dôme de Paris !
Agenda
69 vues

“L’Héritage Goldman” : la tournée française honorifique du célèbre Goldman débarque le 10 octobre au Dôme de Paris !

L’Héritage Goldman poursuit sa tournée événement et revient à Paris le 10 octobre 2024 au Dôme de Paris et en tournée dans toute la France. Sur scène, Michael Jones, et les plus belles voix de la nouvelle scène française...