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Ambra Senatore : danser le cinéma sans en avoir l’air

6 février 2015
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ViolaBerlanda_0685

Aringa rossa

Chorégraphie d’Ambra Senatore

Avec Ambra Senatore,
Caterina Basso,
Claudia Catarzi,
Elisa Ferrari,
Simona Rossi,
Matteo Ceccarelli,
Pieradolfo Ciulli,
Romain Bertet,
François Brice

Du 11 au 14 février 2015 à 20h30

Tarifs : 26 €, 22 € et 16 €

Durée : 1h15

Théâtre de la Ville
2, place du Châtelet
75004 Paris

M° Châtelet
(lignes 1, 4, 7, 11 et 14)

www.theatredelaville-paris.com

Du 11 au 14 février 2015

Nouvelle vedette italienne, pleine de facéties et d’une intelligence aussi fine que ludique, Ambra Senatore réinvente le théâtre de danse. Elle arrive au Théâtre de la Ville avec Aringa rossa, pièce farouchement espiègle pour neuf interprètes dont elle-même, qui s’empare du mythe du cinéma si présent dans son pays.

Aringa rossa est traversé par des références italiennes comme le chant traditionnel, des ambiances comme dans un château nocturne, des tableaux vivants ou des reflets de la vie quotidienne.

Des rencontres à deux aux aventures en groupe, le mouvement chorégraphique permet de creuser ce que chacun tente de dissimuler.

“Aringa rossa”, en français “hareng rouge”, c’est le terme inventé par le cinéma anglo-saxon pour désigner une fausse piste, introduite dans un scénario pour augmenter le suspense en semant une certaine confusion.

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=SgoKKXj8-kc[/embedyt]

Mais Senatore vient de Turin – une ville qui possède un merveilleux Musée du Cinéma –, où, dans beaucoup de rues et de passages couverts, le mythe du septième art reste palpable. Sur le plateau, se succèdent des éclats chorégraphiques qui se mélangent comme des chutes de pellicule sur la table du cutter. Souvent on croit retrouver une ambiance, un lieu, un personnage ou un groupe, d’autant plus que la pièce utilise aussi le principe du running gag. Un clin d’œil au cinéma muet ?

ViolaBerlanda_0226Rien que des “harengs”, tous “rouges” ! Le vrai scénario de ce film jamais tourné restera inconnu. En aucun cas, il ne s’agit d’un polar. Le spectacle se présente plutôt comme une image éclatée dans l’œil d’un kaléidoscope, vivace et rythmée.

Volontairement, les images s’embrouillent. Il n’y a pas de puzzle, pas d’invitation à reconstituer une image d’ensemble.

Encore et encore, le cut tombe tel un couperet, sans crier gare, laissant l’action suspendue. Car bien sûr, tous les clins d’œil au cinéma n’étaient qu’une fausse piste de plus. Senatore combine les bouts de narration selon un plan précis, dans l’intérêt du rythme d’ensemble. Aussi, son collage de saynètes garde une fluidité comme au ballet.

La danse serait le chant du corps, dit-on. Soit. Ici, elle chante l’amitié, l’émotion, le bonheur d’être ensemble ou de se retrouver, l’excitation si méditerranéenne. Et c’est beau comme un tableau de la Renaissance, italien de surcroît.

Avec autant de fulgurance, Senatore ne serait pas elle-même si elle oubliait de s’en amuser. Par son décalage ironique, devenu sa marque de fabrique, elle réussit, pièce après pièce, à aérer le paysage chorégraphique.

Thomas Hahn

[ Photos © Viola Berlanda]

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