0 Shares 1893 Views

“The Servant” : un huis clos démoniaque

1 avril 2015
1893 Vues
the_servant_03_brigitteenguerand

The Servant

De Robin Maugham

Mise en scène de Thierry Harcourt

Avec Maxime d’Aboville, Roxane Bret, Xavier Lafitte, Adrien Melin, Alexie Ribes

Du mardi au samedi à 19h, dimanche à 17h30

Tarifs : de 10 à 35 €

Réservation en ligne et au
01 45 44 50 21

Durée : 1h25

Théâtre de Poche Montparnasse
75, bd du Montparnasse
75014 Paris

M° Montparnasse Bienvenüe
(lignes 4, 6, 12 et 13)

www.theatredepoche-montparnasse.com

Du 1er septembre au 8 novembre 2015

De ce huis clos infernal basé sur le renversement de la relation du maître et de l’esclave écrit par Robin Maugham dans les années 1950, le grand cinéaste Joseph Losey avait réalisé un film admirable avec Dirk Bogarde sur un scénario d’Harold Pinter. Thierry Harcourt met en scène la pièce originelle avec cinq acteurs épatants sur le petit plateau du Poche Montparnasse et c’est un régal.

De l’ordinaire au fantastique

Quoi de plus ordinaire pour un jeune aristocrate anglais, Tony, rentré d’Afrique et habitué à être servi, que de se mettre en quête d’un domestique qui puisse tenir sa maison, une garçonnière londonienne, et accessoirement lui tenir compagnie. Tony est beau garçon, affable et paresseux. Et dès le premier contact avec Barett, le domestique, onctueux et servile à souhait, le courant passe. Mais Richard, son meilleur ami, s’interroge sur cette omniprésence du serviteur et sur l’ascendant qu’il prend sur Tony. Sally, sa fiancée, s’inquiète de ne plus avoir d’intimité avec Tony depuis l’arrivée de Barett. Ce dernier, comme une araignée précautionneuse, tisse sa toile autour du flegmatique aristo.

the_servant_42_brigitteenguerand2Une direction d’acteurs d’une précision chirurgicale

Thierry Harcourt a eu l’intelligence de mesurer l’écueil à éviter : une reconstitution fidèle d’un intérieur bourgeois et des comportements empruntés à l’après-guerre citadine. Les acteurs interprètent des personnages d’aujourd’hui, à la gestuelle contemporaine et au parler vif, grâce à l’adaptation de Laurent Sillan. Dans un décor dépouillé et légèrement stylisé années 70, Xavier Lafitte incarne Tony avec beaucoup d’élégance et de finesse, face à Maxime d’Aboville, diabolique et sidérant dans le rôle du domestique. Maîtrisant totalement ses gestes et ses paroles, le comédien réalise une remarquable composition qui mêle le magnétisme à la froideur. Alexie Ribes campe une Sally pleine d’énergie et de désarroi, fiancée délaissée, tandis qu’Adrien Melin, avec beaucoup de sincérité, est le meilleur ami. Toute jeune mais déjà bourrée de talent, Roxane Bret, dans les personnages de Vera et de Kelly, fait montre d’un tempérament explosif et d’une revigorante spontanéité. Une réussite donc que ce spectacle qui nous interroge sur nos pulsions les plus profondes et les plus refoulées.

Hélène Kuttner

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=Xo9o4WoLF50[/embedyt]

[Photos © Brigitte Enguerand]

 
En ce moment

Articles liés

« Notre Dame de Paris » un spectacle merveilleux pour les fêtes
Spectacle
135 vues

« Notre Dame de Paris » un spectacle merveilleux pour les fêtes

La belle Egyptienne Esmeralda, le bossu Quasimodo, le diabolique Frollo et le rayonnant Phœbus, tous les héros du roman de Victor Hugo se retrouvent sur le plateau de l’Opéra Bastille, avec la foule parisienne, dans des costumes d’Yves Saint-Laurent,...

Orelsan et “Yoroï” : un nouvel art de se raconter
Cinéma
138 vues

Orelsan et “Yoroï” : un nouvel art de se raconter

Avec Yoroï, Orelsan dépasse la musique pour façonner un univers cinématographique dense et personnel. L’artiste brouille les frontières entre fiction et réalité pour mieux se réinventer. Un tournant qui redéfinit sa place dans la culture contemporaine. Un peu plus...

“Détail d’un vase grec à figures rouges”, du théâtre déconstruit à l’Athénée
Agenda
109 vues

“Détail d’un vase grec à figures rouges”, du théâtre déconstruit à l’Athénée

Ce spectacle n’est pas un spectacle. Ou peut-être que si ? En tout cas, ce n’est pas un spectacle. Inscrits avec humour dans une démarche de déconstruction de la représentation théâtrale, Flavien Bellec, Étienne Blanc, Clémence Boissé et Solal Forte...