Partie en Grèce, Valérie Mairesse est de retour !

Valérie Mairesse est Solange Rossignol, affublée de son tablier de Lavelanet, ce tablier des ménagères de cinquante ans, uniforme de la femme au foyer. Elle parle seule tant le délaissement par son mari est flagrant, lui qui ne vient que pour se mettre les pieds sous la table en râlant contre tout et contre elle surtout. Alors, elle parle à un autre compagnon qu’elle s’invente, là où elle passe son existence de femme seule : le mur de sa cuisine. Pour autant, tout n’est pas noir dans ce tableau dans la mesure où sa seule amie, une Nicole moins affligée qu’elle, la pousse à briser ce carcan conjugal et lui offre de s’envoler avec elle en Grèce. Partira-t-elle ? Restera-t-elle ?

Seule en scène, Valérie Mairesse nous fait vivre une multitude de personnages avec leurs travers ou leur candide sympathie. Au-delà de ce temps de vie mis habilement en scène par Marie-Pascale Osterrieth (qui a mis en scène les spectacles de Michèle Bernier et notamment la pièce de Laurent Ruquier « Je préfère qu’on reste amis »), la comédie de Willy Russel (adaptée par Catherine Marcangeli et MP Osterrieth) pose le problème de la facilité avec laquelle n’importe lequel d’entre nous pourrait mettre ses pieds dans les chaussons de la muflerie, par éducation parcellaire sans doute, dans des milieux où ne se poserait pas la question du respect que l’on doit à celle avec laquelle on a choisi de partager sa vie.

On comprendra que dans nos sociétés, en Europe tout au moins, les femmes peuvent échapper par n’importe quel moyen, aussi futile soit-il, à leur servitude, à l’emprise qu’ont sur elles certains hommes arriérés C’est dire qu’au-delà de cette comédie demeure la gravité d’un sujet sensible.
Willy Russel confirme qu’il est un des plus grands auteurs dramatiques anglais contemporains après ses succès mondiaux «Educating Rita», «Blood Brothers» et ce «Shirley Valentine» qui avec Valérie Mairesse trouve sa belle déclinaison.

Bien évidemment, on aimera retrouver Valérie Mairesse, celle qui illustra le cinéma français à travers les films de Varda, Blier, Lautner, Zidi, Girod, Oury et plus récemment Becker ou Ribes.

C’est également pour elle, pour ce qu’elle est, que son public vient la retrouver au théâtre La Bruyère, après le Roméo et Juliette mis en scène par Nicolas Briançon en 2014 où elle emportait une nomination aux Molières pour son travail de comédienne.

Patrick DuCome

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