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“À tort et à raison” : une enquête dirigée à la baguette

18 mars 2016
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À tort et à raison

Avec Michel Bouquet, Francis Lombrail, Juliette Carré, Didier Brice, Margaux Van Den Plas et Damien Zanoly

Jusqu’au 30 avril 2016

Tarifs : à partir de 10 €

Réservation en ligne

Théâtre Hébertot
78 bis, bd des Batignolles 
75017 Paris

M° Rome
(ligne 2)

theatrehebertot.com

Le titre de la pièce, À tort et à raison, traduction de Taking sides de Ronald Harwood, se trouve parfois au pluriel ; car la vérité, comme la musique, n’est jamais une, ni réductible à une seule couleur, le texte de Ronald Harwood explore ses nuances et sa complexité.

 

Ce stratagème revendiqué par Wilhelm Furtwängler – conserver sa baguette dans une main lors de son entrée en scène afin d’éviter d’adresser un franc et clair “Hi Hitler” au führer – révèle toute l’ambiguïté de la position de ce chef d’orchestre de la Philharmonie de Berlin, accusé de compromission avec le régime nazi.

PhotoLot Atort12 copieCette baguette, le commandant américain Steve Arnold s’en empare, en 1946, dans le cadre d’une enquête en vue d’un procès en dénazification. Et c’est bien à la baguette que le militaire dirige l’enquête. Convaincu de la culpabilité de l’artiste et bien décidé à faire entendre sa petite musique, il en donne le la, en définit le rythme, accorde ou non la parole à sa guise. Entrée et départ des témoins, retenue ou non de preuves à charge ou à décharge, il semble tout contrôler. Pourtant, les personnages peinent à accorder leurs violons ; des nuances et variations multiples, des notes dissonantes surgissent. Car la vérité comme la musique n’est jamais unicolore et se dérobe à toute tentative de simplification.

PhotoLot Atorts07Une toile complexe

Le texte de Ronald Harwood, scénariste du film Le Pianiste, est intéressant d’un point de vue dramaturgique. Chaque personnage défend sa et ses vérités et participe au tissage d’une toile complexe et fragile. Une toile que les spectateurs ont peine à démêler, d’autant plus que l’enquêteur de cette pièce, tel Œdipe, n’a pas les mains entièrement blanches.

Le casting est excellent et les comédiens Michel Bouquet (Wilhelm Furtwängler), Francis Lombrail (Steve Arnold) et Didier Brice (musicien de l’orchestre de Wilhelm Furtwängler) présentent l’épaisseur requise ; les personnages composés évoluent et affichent des personnalités mouvantes et multifacettes qui se prêtent aux divers éclairages successifs de la vérité, au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête.

Seul bémol, longue de presque deux heures, la pièce mériterait sans doute quelques coupes pour redonner vigueur au texte et aux comédiens qui le portent et qui ne sont aidés ni par un décor planté ni par une mise en scène assez statique au tempo lent. Si la première partie manque d’allant, plus le spectacle avance, plus il gagne en intensité, alors que les personnages révèlent peu à peu leurs failles et leur humanité. 

 

Jeanne Rolland

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=ju-ziT-0meY[/embedyt]

 

[Visuels © PhotoLot]

 

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