Pelléas et Mélisande : le ténébreux mystère de l’amour au TCE
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Pelléas et Mélisande Mise en scène de Eric Ruf Avec Patricia Petibon, Jean-Sébastien Bou, Kyle Ketelsen, Jean Teitgen, Sylvie Brunet-Grupposo, Jennifer Courcier et Arnaud Richard Du 9 mai 2017 au 17 mai 2017 Tarifs : de 5 à 145 euros Réservation en ligne ou par tél. au 01 49 52 50 50 Durée : 3h Théâtre des Champs Elysées |
Du 9 mai 2017 au 17 mai 2017
Dans une scénographie plus noire que les ténèbres marines, le patron de la Comédie Française, Eric Ruf, propose sa vision de l’opéra unique de Debussy sur le poème de Mæterlinck. Le mystère de ce drame passionnel et la puissance vibrante des chanteurs, dont Patricia Petibon, contribuent à rendre ce spectacle captivant. Un royaume au finistère du monde
On échoue au royaume d’Allemonde on ne sait comment, par distraction ou par fatalité. Il n’y a ni étoile, à peine un croissant de lune, et les murs du château sont insurmontables. Seuls flottent, nuages de vapeur marine, des filets de pêcheurs suspendus en forme de nids géants. Eric Ruf, metteur en scène et scénographe -c’est son quatrième décor dans ce même théâtre- nous plonge hardiment dans les ténèbres les plus hostiles : bordant une mare d’eau noire, vaseuse, une haute enceinte de béton sombre et incurvée tout juste trouée d’une longue fenêtre, celle d’où coulera, tel un flot d’or liquide, la longue chevelure de Mélisande. Un tel parti pris de radicalité peut surprendre le spectateur, happé par ce brouillard impressionniste qui sied à l’époque (1902) où Claude Monnet peint ses Nymphéas, Richard Wagner compose Siegfried et Schoenberg la Nuit transfigurée. La partition somptueuse de Debussy, avec ses vagues symphoniques, ses dentelles d’intimité déchirante, ses fulgurances mélodiques, emplit l’espace dépouillé de la scène, mais la rend aussi inquiétante. Le chef Louis Langrée s’en saisit et dirige l’Orchestre National de France avec une passion communicative, un ardent engagement. Lumineuse, solaire, la Mélisande de Patricia Petibon imprime à cet univers sombre un éclat de feu et d’or. Sa chevelure rousse, sa peau de porcelaine et le timbre particulièrement pur et présent de sa voix, un soprano projeté parfaitement, qu’elle maintient de manière mate et soutenue, innocente, magnifient son incarnation de la jeune épouse habillée par Christian Lacroix. Dans cet espace de non dits, Mélisande, la jeune et fraiche épouse s’oppose à Golaud, seigneur autoritaire et fragile, qu’incarne puissamment et dans une langue française parfaite l’Américain Kyle Ketelsen. Massif, rustre, visage taillé à la serpe et serti d’une barbe brune, la baryton-basse exprime violemment la jalousie dévorante, irrationnelle d’une époux qui voit sa femme lui échapper. Quelle humanité des sentiments, quelle modernité des situations ! Le Pelléas de Jean-Sébastien Bou, brillant baryton, est l’amoureux transi qui transgresse aussi les codes sociaux. Bottes de pêcheur breton et long pardessus de mer, il est l’enchanteur mystérieux, l’amant secret et spontané qui, contrairement à Golaud, en oublie sa virilité supérieure et baisse la garde. Dans le rôle d’Arkel, roi sage et pacificateur, Jean Teitgen est magnifique de profondeur et de sensibilité. Jennifer Courcier dans le rôle du petit Yniold, Sylvie Brunet-Grupposo dans celui de Geneviève font preuve d’un même élan dans cette production toute empreinte de lenteur, de gravité et de profondeur. Hélène Kuttner [Crédits Photos : © Vincent Pontet] |
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