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“Un Fil à la patte” furieusement comique au Théâtre Montparnasse

Hélène Kuttner 18 juin 2018
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©J.Stey

Christophe Lidon monte l’un des chefs-d’œuvre de Georges Feydeau avec Catherine Jacob entourée d’une brochette d’excellents acteurs dans une mise en scène actuelle et enlevée, durant tout l’été. Une réussite qui prouve que, bien servi, ce vaudeville reste inoxydable.

Une maîtresse bien encombrante

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Ça commence comme une comédie musicale avec un ballet de chaussures noires et de gants blancs sortant du dessous du rideau, et ça finit par un mariage improbable. Ce “fil à la patte”, dont Fernand Bois d’Enghien tente de se défaire avec une rage cocasse et souvent burlesque, c’est bien sa maîtresse, la chanteuse de cabaret Lucette Gautier, follement amoureuse de ce galant bien faible, incapable de lui avouer qu’il a prévu ce jour même d’épouser Viviane Duverger, une jeune bourgeoise bien dotée qui rêve de mauvais garçons. Christophe Lidon a choisi de se débarrasser des accessoires fin du XIXe siècle, des moulures bourgeoises, des chapeaux claques et des portes qui claquent pour situer l’action dans le Paris des années 50.

Comédiens épatants

© J. Stey

Dès lors, dans un décor qui s’invente au fur et à mesure grâce à des projections vidéo, selon un tempo infernal, réglé comme du papier à musique, le spectacle se déguste “allegro vivace”, pimenté par le talent de comédiens aguerris, interprétant souvent plusieurs personnages. La première grande idée est d’avoir proposé à Catherine Jacob le rôle de la Baronne Duverger. Dans des costumes insensés d’aristocrate qui s’encanaille, la comédienne compose un personnage pétillant et drôle, bien plus intéressant que le ridicule chaperon habituel. Viviane, la fille de la Baronne, est incarnée par Adèle Bernier qui joue aussi Marceline et Nini. Fine, enjouée, gracieuse, cette jeune comédienne est tout simplement formidable, donnant à ses personnages une énergie, un caractère remarquables.

Les dindons de la farce

© J. Stey

Du côté des hommes, la réussite est totale. Jean-Pierre Michaël (Bois d’Enghien), sourire ravageur et corps élastique, passe son temps à fuir toutes les situations et à mentir comme un arracheur de dents, Stéphane Cottin joue les miss anglaises à la perfection, Bernard Malaka est impayable en général mexicain mortellement jaloux, Patrick Chayriguès devient touchant en Fontanet rejeté par tous et Marc Fayet, méconnaissable, compose un inénarrable Bouzin, le cheveu gras et le bégaiement pitoyable. Tous sont épatants de créativité et d’engagement, alors que Christelle Reboul et Noémie Elbaz alternent dans le rôle de Lucette Gautier. Un réjouissant spectacle, qui sert Feydeau avec brio.

Hélène Kuttner

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